Les nouveaux médias sont Internet, le téléphone mobile, les médias sociaux, tels que les blogs et les microblogs (Twitter et Sina Weibo par exemple), les sites Internet de réseaux sociaux comme Facebook, les sites de partage de vidéos tels que YouTube, et d’autres encore. Autrement dit, « nouveaux médias » est un terme général qui décrit un éventail de médias utilisés à des fins très différentes. Ces nouveaux médias se distinguent des médias traditionnels (radio, télévision, journaux et magazines) notamment par les aspects suivants :
Toutefois, la frontière entre médias traditionnels et médias sociaux est souvent floue : la plupart des journalistes « traditionnels » utilisent Internet comme principale source d’informations pour leurs sujets et de nombreux médias traditionnels créent des éditions en ligne ou deviennent entièrement multimédias. Les médias traditionnels se servent également d’articles issus du « journalisme citoyen » – par exemple l’iReport de la chaîne de télévision CNN, qui invite les téléspectateurs à lui faire parvenir des sujets. Ils s’appuient parfois sur des images et des vidéos de téléphones portables personnels pour couvrir des sujets peu accessibles tels que la violence militaire à l’encontre de défenseurs de la démocratie. Les importantes organisations de médias comme la BBC exigent que la plupart de leurs correspondants aient des compétences en matière de médias traditionnels, mais également de médias en ligne et interactifs. Presque tous les grands organismes de presse ont maintenant des versions en ligne, dont beaucoup sont interactives.
Il existe de nombreux points de vue quant à l’impact global des nouveaux médias, mais il est communément admis que ces médias ont favorisé la mondialisation, qu’ils ont permis aux communautés d’intérêts (politiques et autres) de mieux s’organiser et communiquer malgré l’éloignement géographique, qu’ils ont changé la face du journalisme traditionnel et brouillé les frontières entre communications publiées et communications personnelles. Les nouveaux médias ont en outre permis à des personnes, groupes et petites entreprises de remettre en cause les monopoles des médias traditionnels – préoccupation grandissante des défenseurs de la démocratie à travers le monde – en se servant de l’infrastructure sans frontières et relativement peu coûteuse d’Internet pour exprimer des points de vue différents.
Ces nouveaux médias offrent de nouvelles opportunités aux acteurs des élections. Mais comme toute autre technologie, ils ont des limites et présentent certaines difficultés. Cette section examine l’impact et la pertinence des nouveaux médias sur chacun des rôles clés que jouent les médias de masse dans une élection[i].
Les nouveaux médias en tant que surveillant
Les nouveaux médias ont commencé à jouer un rôle essentiel en améliorant la transparence des processus démocratiques, y compris les élections. Dans le monde entier, de nombreux groupes d’observation des élections utilisent désormais le service de messagerie SMS (Short Message Service), c’est-à-dire les textos, pour recueillir et diffuser rapidement des informations concernant les irrégularités électorales ou mener des processus de dépouillement rapide, ainsi qu’à d’autres fins. Au Monténégro en 2005, un processus de comptage rapide par SMS a contribué à désamorcer les tensions concernant l’intégrité du dépouillement de l’élection référendaire, permettant ainsi de convaincre les électeurs du bien-fondé des résultats officiels du référendum[ii].
Les citoyens se servent des nouveaux médias pour surveiller la fraude électorale. Lors des élections de 2012 au Mexique, les réseaux sociaux ont été utilisés pour dévoiler l’achat de votes, y compris à l’aide d’une vidéo postée sur différents réseaux sociaux montrant un entrepôt rempli de denrées alimentaires, prétendument destinées à soudoyer les électeurs. En outre, « au moins trois groupes…ont mis en place des sites Internet sophistiqués sur lesquels les citoyens [pouvaient] télécharger des contestations et des vidéos ou autres documents illustrant les irrégularités. Il [existait] également des sites de médias sociaux pour faire part de fraude présumée en temps réel. »[iii] Autre exemple, au cours des élections présidentielles russes en 2012, des militants ont créé une nouvelle plateforme de médias sociaux, baptisée « Citizen Controls », conçue spécifiquement pour que tous les groupes sociaux puissent surveiller ensemble les élections[iv].
Les médias sociaux contribuent également à améliorer le comportement des candidats et l’interaction candidats/électeurs. En Malaisie en 2012, Transparency International (TI) a demandé à l’ensemble des candidats aux élections de signer un « engagement électoral » volontaire. Comme l’a déclaré TI, « cet engagement a pour objectif de reconnaître qu’il incombe à chaque candidat de lutter contre la corruption, de pratiquer une bonne gouvernance et respecter la primauté du droit. L’engagement souligne également le rôle essentiel que jouent les citoyens dans la surveillance de leurs politiciens en fournissant une plateforme où le public peut suivre et commenter les performances des candidats. »[v] Chose inhabituelle, cet engagement exigeait que les candidats ouvrent des comptes Facebook et Twitter et qu’ils dialoguent avec les électeurs sur ces comptes.
Le rôle de surveillant des médias traditionnels est considérablement renforcé par le fait qu’ils utilisent les nouveaux médias en tant que source d’informations et support de couverture des élections. En surveillant le discours des médias sociaux, en observant les publications du journalisme citoyen et en créant leurs propres nouveaux médias via les blogs et microblogs officiels sur des sites Internet officiels de médias, les enquêtes des médias traditionnels sont devenues plus rapides, plus diversifiées et plus interactives.
De même, les médias sociaux ont été largement utilisés pour surveiller les discours de haine, ainsi que toute effervescence sociale qui pourrait engendrer ou indiquer une violence électorale. Ils ont par ailleurs permis de surveiller et de cartographier des conflits persistants liés aux élections. Des outils ont été créés spécialement à cet effet. Par exemple, le logiciel de recherche dans le Nuage d’Ushahidi recueille des données à partir de SMS, de messages sur Twitter et de courriels, puis les combine sur une carte par le biais de Google Maps afin d’afficher la répartition géographique et l’ampleur de la violence[vi] . De même, Sokwanale a dressé une cartographie numérique des cas rapportés de violence et d’intimidation électorales au Zimbabwe[vii].
Les médias en tant qu’éducateurs du public
La nature décentralisée, multimédia et interactive des nouveaux médias a fait ressortir leur potentiel en tant qu’outil d’éducation du public. Par exemple, les organismes de gestion électorale, les organisations internationales de promotion de la démocratie, les groupes de la société civile et autres intervenants ont très largement utilisé YouTube et d’autres sites de ce type pour partager des vidéos sur l’éducation civique et électorale[viii].
Les organismes de gestion électorale ont des profils Facebook pour attirer de nouveaux électeurs et fournir des informations aux électeurs actuels, ainsi que pour recevoir leurs commentaires. Elections New Zealand, par exemple, dispose d’une page Facebook active avec plus de 10 000 J’aime[ix] et celle de l’organisme de gestion électorale jamaïcain est aussi très largement consultée[x] . La Commission électorale britannique poste des messages sur Twitter presque tous les jours pour annoncer des dates clés, lignes directrices essentielles, points saillants de rapports, etc. [xi] . Il existe aussi quelques sites Internet indépendants qui promeuvent l’inscription des électeurs, comme Rock the Vote aux États-Unis[xii].
Les nouveaux médias en tant que plateforme de campagne
L’utilisation créative des nouveaux médias pour les campagnes politiques ne cesse de croître, les candidats et partis utilisant désormais une gamme complète d’outils pour courtiser les électeurs. De nombreux partis politiques et candidats ont bien entendu leurs propres sites Internet, plus ou moins sophistiqués. David Cameron, le premier ministre britannique, a utilisé le « Webcameron », un journal vidéo sur Internet, pour attirer les électeurs lors des élections britanniques de 2010 et de celles qui ont suivi[xiii]. Pour ces mêmes élections, tous les partis du Royaume-Uni ont eu recours à des publicités « virales », éléments clés de leur campagne, qui se sont propagées sur les médias sociaux en ligne[xiv]. Fait notoire, Barack Obama s’est servi des médias sociaux pour lever des fonds et faire passer des messages lors de sa campagne victorieuse pour les élections présidentielles américaines de 2008, que certains qualifient de premières « élections Facebook ». Selon un article de presse, 60 % des personnes s’apprêtant à voter aux élections présidentielles américaines de 2012 estimaient que les candidats devaient avoir une présence en ligne [xv]. En outre, les campagnes électorales coûtent moins cher sur les nouveaux médias que sur les médias traditionnels. Cela signifie que dans certains contextes, les plus petits partis peuvent bénéficier d’une exposition médiatique de leur campagne plus importante qu’à l’accoutumée. Toutefois, rien ne démontre aujourd’hui que cet avantage se traduit par une meilleure performance électorale. En France, lors des élections présidentielles de 2007, Ségolène Royal, qui se présentait contre Nicolas Sarkozy, a dépensé plus d’argent que tout autre candidat pour une campagne diversifiée et interactive sur les nouveaux médias, favorisant ainsi un militantisme public important qui semblait lui donner plus de visibilité que si elle s’était concentrée sur les médias traditionnels.[xvi] [xvii].
Les techniques de campagne en ligne diffèrent non seulement par le support, mais également par le message, le ton et le calendrier. Les électeurs ne semblent pas tant attirés par l’aspect quantitatif des nouveaux médias utilisés par les candidats, mais plutôt par leur qualité et leur interactivité. Cela suggère que les nouveaux médias ont généré des attentes plus grandes des électeurs quant à l’interaction directe (en ligne) des candidats politiques. Lors des élections de 2010 au Royaume-Uni, des mères de classe moyenne ont demandé à dialoguer en ligne avec les hommes et femmes politiques[xviii]. Durant les élections de 2008 en Macédoine, le recours des principaux partis aux nouveaux médias a également été sans précédent. Les commentateurs déplorent cependant que « la notion sociale soit « absente » de cette utilisation des médias sociaux. Les billets de blogs sont principalement des transcriptions des discours prononcés lors des rassemblements, et le contenu provient essentiellement des messages publicitaires télévisés et d’autres utilisations telles que des articles destinés aux médias traditionnels, analystes, journalistes et autres acteurs similaires, mais ne sont pas des blogs en soi. Les billets sont longs, chaque billet cible différents publics et les expériences personnelles ou contributions des politiciens font défaut. »[xix]
Le public exerce une pression croissante pour que les médias en ligne soient succincts (en particulier en ce qui concerne les microblogs) et amusants (notamment les vidéos virales)[xx]. Or, contre toute attente, réaliser des campagnes sur les médias sociaux peut prendre beaucoup de temps dans la mesure où les candidats doivent asseoir leur profil sur ces réseaux, un processus qui prend des semaines, voire des mois. Les nouveaux médias impliquent souvent un modèle de « campagne longue » dans lequel les hommes et femmes politiques conservent une présence sur les médias sociaux en mode « pseudo-campagne » entre les élections. Selon certains analystes, les campagnes menées dans les nouveaux médias pourraient ainsi privilégier les candidats en poste, en fonction de l’environnement réglementaire et de la mesure dans laquelle les candidats actuels et potentiels sont proactifs en ligne.[xxi]. En effet, les nouveaux médias offrent la possibilité de « campagnes perpétuelles »[xxii].
L’activité des nouveaux médias peut être un indicateur précis des résultats électoraux… ou non. Le candidat perdant au second tour des élections présidentielles en Égypte a été mentionné presque trois fois plus sur Twitter que le vainqueur. Par conséquent, dans ce cas, le nombre de mentions sur Twitter ne s’est de toute évidence pas traduit par une victoire électorale.[xxiii]. En revanche, lors des élections britanniques de 2010, le suivi des médias sociaux, notamment l’analyse de Tweetminster, a permis de prédire de manière assez précise les gagnants et perdants des débats électoraux. Les responsables de campagne électorale s’appuient désormais largement sur la surveillance des médias sociaux (appelée analyse des sentiments) pour comprendre les modes d’opinion des électeurs. Un commentateur des élections présidentielles américaines de 2012 a déclaré que « les médias sociaux ne décident peut-être pas de la campagne de 2012… mais ces outils offrent des informations précieuses sur les tendances nationales... Twitter [est] un groupe de discussion informel – des centaines de milliers de tweets, apportant des réponses « brutes » à chaque débat ou discours, comme on l’a vu sur la télévision câblée. »[xxiv] La campagne menée par Goodluck Jonathan au Nigeria (2011) a bénéficié d’une utilisation réussie des médias sociaux.
Les médias sociaux peuvent également présenter des risques pour les candidats. Dans certains cas, des candidats ont publié des commentaires sur des forums de médias sociaux qui ont eu l’effet inverse de celui escompté. Parce qu’il pensait peut-être que les lecteurs de Twitter étaient pour la plupart sympathiques, parce qu’il postait sans doute spontanément ses Tweets ou parce qu’il surestimait la tolérance des médias sociaux aux plaisanteries de mauvais goût, Stuart MacLennan, jeune candidat écossais, a été exclu du Parti travailliste après avoir publié des commentaires sur Twitter « indiquant que les personnes âgées « sentent le sapin », qualifiant une femme de « coffre » et plaisantant sur l’esclavage. »[xxv]
Les médias en tant que forum de débat ouvert et porte-parole du public
Dans de nombreux pays, les nouveaux médias sont devenus l’une des plateformes les plus dynamiques où les personnes peuvent exprimer leurs opinions, partager des informations, interagir avec des leaders et débattre de questions électorales de premier plan. Les nouveaux médias ont l’avantage d’être « démocratiques », permettant à quiconque de publier ses opinions sur des blogs et microblogs, de partager des liens, d’envoyer et de transférer des courriels, de créer des sites Internet, etc. Autre avantage, ils fonctionnent en temps réel, permettant ainsi aux gens de suivre les développements rapides et perpétuels. Enfin, il est beaucoup plus difficile de censurer ou de faire taire les nouveaux médias, car les gouvernements ne peuvent pas facilement suspendre les « licences » des blogueurs, perquisitionner les bureaux des utilisateurs de Twitter ou poursuivre quelqu’un pour avoir publié des liens sur Facebook.
L’utilisation des nouveaux médias lors des soulèvements populaires du printemps arabe illustre la contribution de ces nouveaux outils au changement politique. Comme l’écrivaient certains analystes à la mi-2011 :
À la vue de ce qui s’est déroulé jusqu’à présent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous pouvons dire qu’Internet a fait bien plus que de simplement changer la façon dont les acteurs politiques communiquent entre eux. Depuis le début de l’année 2011, les protestations sociales dans le monde arabe se sont répercutées d’un pays à l’autre, en grande partie parce que les médias numériques ont permis aux communautés de s’unir autour de griefs partagés et de développer des stratégies transposables de mobilisation contre les dictateurs. Dans chaque pays, les personnes ont utilisé les médias numériques pour bâtir une réponse politique à des contextes locaux de joug injuste. Ils n’ont pas été inspirés par Facebook, mais par les véritables tragédies documentées sur Facebook. Les médias sociaux sont devenus le support sur lequel la société civile peut développer ses idées, et les nouvelles technologies de l’information apportent aux militants ce qu’ils n’avaient pas auparavant : des réseaux d’information difficilement contrôlables par l’État et des outils de coordination déjà intégrés à des réseaux de confiance, constitués de la famille et des amis.[xxvi]
Après la vague d’élections qui a suivi les révolutions du printemps arabe, les nouveaux médias sont demeurés un élément important. Tout en reconnaissant qu’Internet n’était encore qu’un luxe pour personnes fortunées et qu’on ne devait donc pas lui accorder trop d’importance, un commentateur égyptien a noté qu’à l’approche des élections présidentielles, les opinions et débats électoraux dominaient dans les médias sociaux. Il a observé que les « [u]tilisateurs de Facebook postaient des images avec des messages politiques défendant leurs propres candidats ou critiquant leurs opposants, en ajoutant leur propre commentaire. » Dans le même temps, des militants populaires ont écrit des blogs d’opinion, les médias d’information traditionnels ont assuré une couverture continue en ligne et en temps réel, les discours des candidats aux élections présidentielles ont été publiés sur YouTube, et Twitter foisonnait de mini-débats sur ce sujet.[xxvii]
Les nouveaux médias ont permis de s’exprimer à des segments de la société dont les voix n’auraient peut-être pas été entendues sans cela. Par exemple, au Royaume-Uni, un sondeur a surnommé les élections de 2010 « les élections Mumsnet », dans lesquelles « le site qui aborde le problème de la maternité… modifie le débat politique. Les tristement célèbres discussions en ligne de Mumsnet obligent les politiciens à traiter les parents en égaux, sur des questions choisies par les internautes de Mumsnet : ce site, avec d’autres médias sociaux a donné… à des femmes ordinaires la confiance nécessaire pour confronter les politiciens de nouvelles façons… Internet façonne l’enjeu du vote des femmes. »[xxviii] C’est un exemple intéressant des effets d’amplification entre médias traditionnels et nouveaux médias : les échanges sur un site Internet avec un public relativement restreint ont été repris par des médias d’information traditionnels, ce qui a conduit à l’augmentation de ces échanges en ligne.
Des débats non censurés sur les nouveaux médias commencent à avoir des incidences sur les résultats électoraux. En Malaisie, le journal en ligne Malaysiakini, exemple de nouveaux médias proposant une autre source d’expression, a eu un impact important sur les élections. « En mars 2008, le [parti au pouvoir] a connu ses pires résultats électoraux en un demi-siècle, perdant sa majorité parlementaire des deux tiers pour la première fois depuis l’indépendance. L’importance croissante du journalisme en ligne a contribué à cette situation, en réduisant l’énorme avantage dont bénéficiait le BN en termes d’accès aux médias et parce qu’il a « choqué le pays » en documentant des abus manifestes des forces de police à l’encontre de manifestants, en particulier ceux d’origine indienne. »[xxix]
Les nouveaux médias ont également permis aux médias traditionnels d’éviter la censure. Selon un article paru dans le Journal of Democracy, par exemple, « [q]uand Hugo Chávez, le président du Venezuela, a obligé la chaîne Radio Caracas Television à fermer en mai 2007, elle a poursuivi la diffusion de ses émissions sur YouTube. »[xxx]
De plus, ces nouveaux médias sont parfaitement adaptés à une opposition informelle et ironique. Par exemple, pendant la campagne électorale générale de 2010 au Royaume-Uni, l’un des sites indépendants les plus populaires présentait des satires des affiches électorales du principal parti. À partir d’une photographie du chef du parti jugée trop retouchée, les visiteurs du site mydavidcameron.com pouvaient créer et publier leurs propres versions numériques de véritables affiches, et y ajouter des slogans amusants.
Réglementation des nouveaux médias
Les pratiques en matière de réglementation et les styles de journalisme qui se sont développés au fil des ans pour les médias traditionnels s’appliquent-ils également aux « nouveaux » médias ? Lorsqu’il s’agit de réglementer le comportement des nouveaux médias, bon nombre des hypothèses qui sous-tendent la réglementation des médias classiques ne s’appliquent tout simplement pas. Par exemple, l’espace pour publier des documents sur Internet est au sens propre infini, alors que la réglementation de la radiodiffusion s’appuie sur l’idée que le spectre est une ressource limitée, qui doit donc être partagée. La convergence des médias traditionnels et nouveaux signifie par ailleurs que les gouvernements doivent relever un défi : où et comment établir la limite de la réglementation ? Celle-ci doit-elle considérer les blogs d’opinion comme une campagne électorale tierce ? Des périodes d’interdiction peuvent-elles être appliquées au-delà des frontières du pays ou au sein même du pays ? Et ainsi de suite.
Il existe assurément un consensus international croissant sur les droits à la liberté d’expression et d’information dans les nouveaux médias. En 2011, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies recommandait :[xxxi]
« les États ... devraient prendre toutes les mesures voulues pour favoriser l’indépendance de ces nouveaux moyens et garantir l’accès des particuliers » (paragr. 15) … .et indiquait spécifiquement que le « fonctionnement des sites Web, des blogs et de tout autre système de diffusion de l’information par le biais de l’Internet (sic), y compris les systèmes d’appui connexes à ces moyens de communication, comme les fournisseurs d’accès à Internet ou les moteurs de recherche » (paragr. 43), doivent être compatibles avec les dispositions du paragraphe 3 de l’article 19 du Pacte. »[xxxii]
Le paragraphe 3 présente les circonstances très limitées dans lesquelles la liberté d’expression peut être restreinte, à savoir pour protéger les droits d’autrui et pour des raisons de sécurité nationale.
Comme d’autres avancées en matière de technologie multimédia par le passé, certains gouvernements considèrent les nouveaux médias comme une menace. Navi Pillay, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré en 2012 :
Internet a transformé les mouvements des droits de l’homme. Les États ne peuvent plus exercer leur monopole sur l’information. Il en est résulté un effet de contrecoup et les tentatives pour brider injustement l’accès au contenu en ligne ou à Internet en tant que tel dans plusieurs pays se sont intensifiées… Il existe aussi une réelle préoccupation sur le fait que des méthodes destinées à identifier et traquer les criminels peuvent être utilisées pour réprimer les défenseurs des droits de l’homme et faire taire les dissidents.[xxxiii]
Finalement, Internet et les autres nouvelles technologies fonctionnent grâce à des supports (tels que des lignes téléphoniques) qui sont la propriété de gouvernements ou de grandes entreprises, et qui nécessitent souvent un certain type de licence pour être utilisés. En Turquie par exemple, selon un rapport de l’Open Society Foundations,
La menace la plus significative pour la diversité et la qualité des médias continue de résider dans les restrictions juridiques répressives imposées aux journalistes. Elles n’ont fait que croître avec l’essor des médias numériques. Conformément à l’article 301 du Code pénal turc, il est illégal d’insulter la Turquie et l’identité nationale, et cet article été utilisée pour occulter la censure d’Internet.[xxxiv]
Jusqu’à présent, le défi posé par les nouveaux médias a été le suivant : les « anciens » médias peuvent être réglementés de manière à ne pas constituer un acte de censure et à renforcer la liberté d’expression plutôt que de la restreindre. Une telle réglementation des nouveaux médias s’est avérée impossible. Les nouveaux médias peuvent être réglementés, mais l’ampleur de la diversification et de la diffusion du contenu d’Internet, par exemple, ont fait que la loi a été oppressive et s’est transformée en censure : interception de courriels, fermeture de sites Internet, pressions ou action en justice à l’encontre de fournisseurs de service Internet.
Internet remet en cause ce que l’on considère traditionnellement comme la conduite pertinente des médias pendant les élections. Il est par exemple difficile de faire respecter la loi concernant la couverture des campagnes pendant les périodes d’interdiction avant les résultats officiels du scrutin, du fait de sites Internet non réglementés. Lors des élections de 2012 en France, une interdiction de divulgation des résultats a par ailleurs été ignorée par des médias en ligne de Suisse et de Belgique, qui les ont publiés 90 minutes plus tôt, rendant l’application de l’article de la loi française presque impossible[xxxv]. De par son caractère international, il est difficile de réglementer Internet. Les tentatives des régulateurs nationaux visant à fermer des sites Internet sont veines, car des sites miroirs (copies exactes) sont ouverts hors des frontières du pays. De la même façon, l’autoréglementation par les utilisateurs des nouveaux médias est plus difficile, voire impossible. Et parfois, les nouveaux médias ont ignoré des conventions largement acceptées par les « médias traditionnels » (par exemple en ne divulguant pas les sondages de sortie des urnes avant la fin du vote).
Aujourd’hui, il est couramment admis qu’il est difficile de prendre des mesures spécifiques pour réglementer les nouveaux médias concernant les élections. La loi définit ce qui acceptable et ce qui ne l’est pas à l’égard des campagnes électorales et autres activités liées aux médias. Par conséquent, tous les médias, traditionnels et nouveaux, ainsi que les acteurs politiques doivent respecter la loi. La Nouvelle-Zélande a tenté de mettre en place une réglementation spécifique des blogs tiers pendant la période précédant la campagne électorale :
À la veille de l’élection générale de 2008, la Commission électorale de Nouvelle-Zélande a demandé à un citoyen militant de fermer son site Internet « dontvotelabour.org.nz », car il était contraire à l’EFA (Electoral Finance Act, ou loi sur le financement des campagnes électorales, de 2007). Son auteur, un militant pro-vie, a refusé d’afficher son nom et son adresse sur le site Internet et l’a finalement redéfini en tant que « blog », profitant ainsi des ambiguïtés de cette loi. Parallèlement, des publicités protestant contre les coupures budgétaires d’une école polytechnique ont été retirées, car leur producteur – un maire local – a été obligé de s’enregistrer comme tiers ; les acteurs de la campagne craignaient que les journaux contestant les lois du gouvernement sur d’autres questions soient obligés de s’enregistrer en tant que tierces parties à l’approche des élections[xxxvi].
La Nouvelle-Zélande a tenté de rester maître des activités en ligne de tiers, entraînant la protestation des médias de masse et des défenseurs de la liberté de parole. Finalement, la loi a été modifiée. « Comme l’a montré l’expérience de la Nouvelle-Zélande, essayer de couvrir toutes les possibilités peut paraître une mesure draconienne et antidémocratique qui est donc vouée non seulement à l’échec, mais aussi au ridicule. »[xxxvii] Bien qu’il soit impossible de réglementer toutes les possibilités, les candidats inscrits, partis politiques et tierces parties peuvent, dans la mesure du possible, être tenus de respecter des règles en matière de campagnes en ligne.
Portée et limites des nouveaux médias dans les élections
Les nouveaux médias, comme toutes les technologies, ont des inconvénients et des limites lorsqu’il s’agit d’élections. Comme pour les médias traditionnels, l’accès aux nouveaux médias est inégal à travers le monde. Même si l’utilisation d’Internet progresse dans la plupart des pays, le pourcentage de personnes qui y ont accès est bien inférieur dans les pays en développement que dans les pays développés, comme le montre le graphique ci-dessous. L’Union internationale des télécommunications (UIT) des Nations Unies quantifie le stade de la croissance d’Internet dans le monde en développement comme suit : « Dans les pays en développement, le nombre d’utilisateurs d’Internet a doublé entre 2007 et 2011, mais seul un quart des habitants du monde en développement disposait d’un accès à Internet à la fin de l’année 2011. »[xxxviii] Le tableau l’UIT ci-dessous résume de façon utile la croissance de l’utilisation d’Internet dans les différents types de pays [xxxix].
Parallèlement, le téléphone mobile est la technologie qui a connu la croissance la plus rapide dans le monde. Environ 86 % de la population mondiale a désormais accès à un téléphone mobile standard (2G), qui peut être utilisé pour les appels et les SMS, un potentiel de communications exploité dans tous les secteurs de la vie économique et politique dans la plupart des pays. La troisième et la quatrième génération de téléphones mobiles (téléphones sans fil à haut débit ou 3G et 4G) sont en fait une association des technologies de la téléphonie et d’Internet, dont l’usage à l’échelle mondiale progresse également très rapidement. Toutefois, les disparités concernant cette technologie sont énormes : seulement 8 % de la population des pays en développement possédaient un téléphone 3G ou 4G en 2011[xl].
Les médias traditionnels demeurent par conséquent la principale source d’information sur les élections dans le monde[xli]. Il existe bien sûr des combinaisons de moyens de communication qui ont un grand potentiel dans les pays en développement, par exemple l’association fréquemment utilisée de la radio et des SMS, qui ne requiert aucun accès à Internet. Un éventail d’associations de ce type a été utilisé pour améliorer les interactions liées aux élections, diffuser l’éducation civique et électorale, et à d’autres fins[xlii].
Outre l’accès limité, la culture, la réglementation et la démographie, d’autres facteurs influent sur l’utilisation des nouveaux médias[xliii]. À la veille des élections présidentielles de 2012 aux États-Unis, pays affichant un très fort taux de pénétration d’Internet, la plupart des recherches ont montré que la télévision demeurait le média le plus important. « On a beaucoup parlé des médias sociaux, mais relativement peu d’électeurs et citoyens moyens l’ont utilisé », indique le Pew Research Center. « [S]euls 2 % des personnes ont recherché des informations électorales sur Twitter, 3 % sur YouTube et 6 % sur Facebook. »[xliv]. En revanche, d’autres recherches ont révélé que les médias sociaux jouent encore un rôle important dans la détermination des résultats des élections, avec près de 40 % des électeurs s’appuyant sur les informations de ces médias pour les aider à prendre leur décision de vote[xlv].
Au Royaume-Uni, où les trois grands partis réalisent désormais des campagnes en ligne sophistiquées, les limites des nouveaux médias ont été manifestes lors des élections de 2010. Selon un article paru dans The Economist, les « [é]pisodes du WebCameron [journal sur Internet du candidat conservateur David Cameron] [étaient] parmi les plus regardés de la catégorie Actualités et politique de YouTube ; son apparition dans une université du sud de Londres [la semaine du 18 mars 2010] a attiré 15 000 visiteurs lors des deux premiers jours de diffusion. Mais les bulletins d’information télévisés en [ont attiré] des millions, tout comme le feront, nous l’espérons, les trois débats télévisés entre les chefs de parti durant la période de campagne. »[xlvi]
En conclusion, bien qu’ils soulèvent des questions et dilemmes inédits, les nouveaux médias présentent généralement un potentiel important pour les acteurs des élections, y compris les organismes de gestion électorale. Ce potentiel augmente avec la progression de l’accès mondial aux nouveaux médias ainsi que les nouvelles façons de les utiliser.
[i] Il est important de noter que les organismes de gestion électorale utilisent désormais les médias numériques de différentes manières qui ne sont pas abordées dans ce thème, car cette utilisation ne se rapporte pas spécifiquement aux médias de masse. Par exemple, certains organismes de gestion électorale utilisent maintenant Internet et les SMS pour l’inscription sur les listes électorales et le vote.
[ii] Ian Schuler, « NDI: SMS as a tool in election observation », Innovations, vol. 3, no 2 (printemps 2008), http://www.ndi.org/files/2329_sms_engpdf_06242008.pdf
[iii] « Worries about vote-buying despite Mexican reform », The Guardian, dimanche 1er juillet 2012, http://www.guardian.co.uk/world/feedarticle/10314939
[iv] Taiciya Bekbulatova « Russian Election: With Watchdog Website, Students Channel The Power Of The People », Worldcrunch, 24 février 2012.Http://Www.Worldcrunch.Com/New-Website-Hopes-Be-Russian-Elections-Monitoring-Facebook/4754
[v] Melissa Ong « Keeping elections clean: TI-Malaysia launches Election Integrity Pledge », Transparency International, 19 juin 2012,http://blog.transparency.org/2012/06/19/keeping-elections-clean-ti-malaysia-launches-election-integrity-pledge/
[vi] Ushahidi, consulté le 24 août 2012, http://ushahidi.com/
[vii] « Mapping Terror in Zimbabwe: Political Violence & Elections 2008 », Sokwanele, 18 juin 2008, http://www.sokwanele.com/map/electionviolence
[viii] Voir les exemples YouTube suivants : (Philippines) « Voters Education Animation Project », BouncingBall, Inc., téléchargé le 24 février 2010, http://www.youtube.com/watch?v=8kHkYUFm5nA et (États-Unis) « How to Vote » Howcast, téléchargé le 28 septembre 2008, http://www.youtube.com/watch?v=AQbr2Y4YUAc
[ix] « I Vote NZ » page Facebook de la Commission électorale de Nouvelle-Zélande, consultée le 24 août 2012, https://www.facebook.com/IvoteNZ
[x] « Electoral Commission of Jamaica », page Facebook de la Commission électorale de Jamaïque consultée le 24 août 2012, https://www.facebook.com/electionsja
[xi] « Electoral Commission @ElectoralCommUK », page Twitter de la Commission électorale du Royaume-Uni, consultée le 24 août 2012, http://twitter.com/ElectoralCommUK/
[xii] Rock the Vote, consulté le 24 août 2012, http://www.rockthevote.com/
[xiii] Webcameron, consulté le 24 août 2012, http://www.conservatives.com/video/webcameron.aspx
[xiv] Gaby Hinsliff « Web 2.0: the new election superweapon », The Observer, 10 avril 2012, http://www.guardian.co.uk/politics/2010/apr/11/new-media-election-campaign
[xv] « Election 2012: How Social Media Will Convert Followers into Voters », PCMag, 30 janvier 2012, http://www.pcmag.com/slideshow/story/293078/election-2012-how-social-media-will-convert-followers-into-v
[xvi] Dr Andy Williamson, Dr Laura Miller, et Freddy Fallon, Behind the Digital Campaign, (Londres : Hansard Society, 2010), p. 36
[xvii] Les auteurs notent qu’il y a eu en réalité certaines spéculations selon lesquelles la campagne multimédia de Mme Royal a donné aux électeurs l’impression que son « style de leadership dispersé a finalement échoué parce qu’il l’a fait paraître faible et indécise. » (Ibid, p. 36)
[xviii] « The Mumsnet Election », Mumsnet, consulté le 21 août 2012 http://www.mumsnet.com/media/mumsnet-election
[xix] « Macedonia: Use of new media in election campaign », Global Voices, publié le 23 mai 2008, http://globalvoicesonline.org/2008/05/23/macedonia-use-of-new-media-in-election-campaign/
[xx] Gaby Hinsliff, « Web 2.0: the new election superweapon », The Observer, 10 avril 2012, http://www.guardian.co.uk/politics/2010/apr/11/new-media-election-campaign
[xxi] Dr Andy Williamson, Dr Laura Miller et Freddy Fallon, Behind the Digital Campaign, (Londres : Hansard Society, 2010), p. 31
[xxii] Ibid, p. 44
[xxiii] « Social media monitoring for the presidential elections in Egypt 2012 », (un rapport d’Interact Egypt), Slideshare, téléchargé en juin 2012, http://www.slideshare.net/interactegypt/egyptian-presidential-elections-over-social-media
[xxiv] David Folkenflik « For election news, voters still turn to old media », NPR, 8 février 2012, http://www.npr.org/2012/02/08/146565911/tvs-king-web-fails-to-dominate-election-coverage
[xxv] Haroon Siddique et Severin Carrell, « Election 2010: Labour sacks candidate Stuart MacLennan in Twitter row », The Guardian, 9 avril 2010,http://www.guardian.co.uk/politics/2010/apr/09/stuart-maclennan-sacked-twitter-general-election,
[xxvi] Philip N. Howard et Muzammil M. Hussain « The Role of Digital Media », Journal of Democracy, vol. 22, no. 3 (3 juillet 2011), p. 9
[xxvii] Lara Fawzy,« A revolution and a presidential election: Egypt’s social media mania », Memeburn, 7 mars 2012, http://memeburn.com/2012/07/a-revolution-and-a-presidential-election-egypts-social-media-mania/
[xxviii] Gaby Hinsliff « Web 2.0: the new election superweapon », The Observer, 10 avril 2012, http://www.guardian.co.uk/politics/2010/apr/11/new-media-election-campaign
[xxix] Larry Diamond « Liberation Technology », Journal of Democracy, vol. 21, no 3 (juillet 2010), p. 73
[xxx] Ibid, p. 76
[xxxi] Ces recommandations ont été formulées dans les « Observations générales sur l’ARTICLE 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques » des Nations Unies. Ces Observations générales sont l’interprétation du Comité des droits de l’homme de la signification de l’ARTICLE 19 et de l’orientation nécessaire aux partis pour appliquer le pacte.
[xxxii] « ARTICLE 19 welcomes general comment on freedom of expression », déclaration) ARTICLE 19, 5 août 2011,http://www.article19.org/resources.php/resource/2631/en/un:-article-19-welcomes-general-comment-on-freedom-of-expression
[xxxiii] « The World is Moving Online: Promoting Freedom of Expression »
Bureau des Nations Unies pour le Haut-Commissaire pour les droits de l’homme, 9 mars 2012, http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/Theworldismovingonlinepromotingfreedomofexpression.aspx
[xxxiv] Aslı Tunc etVehbi Görgülu, Turkey Mapping Digital Media Report, (Londres : Open Society Foundations, 18 mars 2012) http://www.soros.org/sites/default/files/OSF-Media-Report-Turkey-04-23-2012-final-WEB.pdf
[xxxv] Scott Sayare « French Media Question Election Reporting Rule », New York Times 20 avril 2012, http://www.nytimes.com/2012/04/21/world/europe/french-media-question-election-reporting-rules.html
[xxxvi] Dr Andy Williamson, Dr Laura Miller et Freddy Fallon, Behind the Digital Campaign, (Londres : Hansard Society, 2010), p. 31
[xxxvii] Ibid
[xxxviii] « Key statistical highlights: ITU data release June 2012 », Union internationale des télécommunications , consulté le 21 août 2012, http://www.itu.int/ITU-D/ict/statistics/material/pdf/2011%20Statistical%20highlights_June_2012.pdf
[xxxix] « Internet user statistics », Union internationale des télécommunications, consulté le 21 août 2012, http://www.itu.int/ITU-D/ict/statistics/
[xl] « Key statistical highlights: ITU data release June 2012 », Union internationale des télécommunications, consulté le 21 août 2012, http://www.itu.int/ITU-D/ict/statistics/material/pdf/2011%20Statistical%20highlights_June_2012.pdf
[xli] « Cible 8 : Donner à toute la population mondiale accès aux services de télévision et de radiodiffusion », tiré de Suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre de cibles du SMSI, Examen à mi-parcours, (Suisse : Union internationale des télécommunications, 2010), http://www.itu.int/ITU-D/ict/publications/wtdr_10/material/WTDR2010_Target8_e.pdf
[xlii] Katrin Verclas, A mobile voice: the use of mobile phones in citizen media, (MobileActive and Pact, November 2008),http://mobileactive.org/files/A%20Mobile%20Voice-The%20Role%20of%20Mobile%20Phones%20in%20Citizen%20Media.pdf
[xliii]Dr Andy Williamson, Dr Laura Miller et Freddy Fallon, Behind the Digital Campaign, (Londres : Hansard Society, 2010)
[xliv] « For Election News, Voters Still Turn To Old Media », National Public Radio, 8 février 2012, http://www.npr.org/2012/02/08/146565911/tvs-king-web-fails-to-dominate-election-coverage
[xlv] Chandra Steele, « Election 2012: How Social Media Will Convert Followers into Voters » PCMag, 30 janvier 2012,http://www.pcmag.com/slideshow/story/293078/election-2012-how-social-media-will-convert-followers-into-v
[xlvi] « Thus far and no farther: The potential—and limits—of the internet in political campaigning », The Economist, 18 mars 2010,http://www.economist.com/node/15719160