La campagne électorale est le processus par lequel une organisation électorale (qu’il s’agisse d’un parti, d’un candidat ou d’un groupe d’intérêt spécial) cherche à obtenir les suffrages de l’électorat pour remporter une élection (voir Farrell [1996], Kavanagh [2000], p. 29 et Nelson [1999]). Une approche globale du cycle de la campagne électorale a été récemment adoptée par des nombreux fournisseurs d'aide internationale, de partis politiques nationaux et d'autres acteurs électoraux. Cette approche comprend la période de préparation pré-électorale, la période des opérations électorales (le jour du scrutin) et la période postélectorale.[1]
La période de la campagne est la période qui précède immédiatement une élection. Beaucoup de pays choisissent de définir une période pendant laquelle des règles spéciales s’appliquent aux partis, aux candidats et aux médias. En réalité, les activités de campagne débutent généralement bien avant la période officielle de la campagne indiquée dans le calendrier électoral. Dans d’autres pays, il n’y a pas de lois ou de règlements qui définissent clairement la période électorale.
Dans certains pays, il y a aussi un règlement prévoyant une période d’« embargo », une période d’un certain nombre de jours précédant le jour de l’élection pendant lesquels il est interdit de faire campagne. Ce règlement peut s’appliquer seulement aux médias visuels, comme la télévision ou le cinéma.
Plusieurs aspects d’une élection peuvent influer sur son équité et son intégrité, notamment le moment de la campagne, la capacité de faire campagne librement, la neutralité des fonctionnaires électoraux, la sécurité des participants et le libre accès aux médias.
Facteurs qui influent sur les campagnes électorales
Les campagnes électorales peuvent être très différentes d’un pays à l’autre et d’une élection à l’autre. Beaucoup de facteurs influent sur la nature de la campagne, dont le genre de poste que l’élection vise à pourvoir, le cadre législatif de la campagne électorale (comme les lois électorales), les habitudes culturelles et le rayonnement des médias, le système électoral et le système de partis, etc. Les stratégies de campagne sont influencées d’une part par le contexte politique et d’autre part par les partis politiques qui font campagne (Kavanagh [2000]).
Les campagnes électorales varient énormément selon le genre de système politique. Un système présidentiel a tendance à favoriser les campagnes axées sur les candidats, tandis que les systèmes parlementaires favorisent les partis politiques (voir Farrel [1996]). De façon générale, le fédéralisme a tendance à favoriser les campagnes décentralisées tandis qu’un système politique centralisé favorise les campagnes électorales nationales.
La conception du système électoral peut influer sur la manière dont un parti fait campagne et le comportement des élites politiques. Le genre de système électoral peut par exemple déterminer le climat politique général, et encourager soit une vive concurrence entre les partis, soit l’établissement d’alliances entre les partis. La conception du système électoral peut aussi inciter les partis à élargir leurs assises et à desservir des courants d’opinion très variés. On dit que la représentation proportionnelle par scrutin de liste, où les électeurs choisissent entre des partis et des programmes, favorise la centralisation de la campagne. Elle encourage les partis à faire campagne en dehors des secteurs où ils ont de solides appuis parce qu’ils visent à augmenter le total des votes qu’ils obtiennent, quelle que soit leur provenance.
Dans les systèmes majoritaires, par contre, les électeurs ont tendance à faire un choix entre les candidats plutôt que les partis et les programmes politiques. Dans un système de circonscriptions uninominales, la campagne porte généralement sur le candidat, et sa campagne électorale et les enjeux soulevés visent une circonscription précise.
Le genre de système de partis peut aussi influer sur les stratégies de campagne des partis. Dans les systèmes à deux partis, qui résultent souvent de systèmes majoritaires, la campagne peut être très compétitive, et les partis cherchent à obtenir les votes marginaux pour obtenir une majorité (voir Farrell [1996]). Dans les systèmes multipartites en revanche (qui résultent souvent des systèmes à représentation proportionnelle), les partis ne cherchent pas nécessairement à obtenir les votes marginaux, parce que ceux-ci ne sont généralement pas essentiels pour l’obtention de sièges au Parlement. Cependant, les grands partis peuvent aussi se livrer une vive concurrence dans les systèmes de RP, surtout si les partis forment des blocs opposés et des alliances préélectorales.
La disponibilité de financement électoral détermine la nature de la campagne, en particulier sa professionnalisation.