Comme les circonscriptions uninominales doivent le plus souvent être relativement égales en population, elles ne reflètent que rarement les communautés d'intérêts telles que circonscrites à l'intérieur des limites administratives. La représentation politique n'en est pas pour autant étrangère à la notion de « communauté ». La raison évoquée pour retenir le facteur des communautés dans la délimitation réside dans le fait que les circonscriptions sont plus qu'un simple regroupement arbitraire d'individus. Les circonscriptions doivent, autant que possible, représenter des unités cohérentes avec des intérêts communs liés à la représentation. Ceci facilitera le travail du représentant élu qui consiste à faire valoir ces intérêts.
Définition de « communauté d'intérêts »
La « communauté d'intérêt » est rarement définie par une loi, mais on entend généralement par là un groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts et les mêmes valeurs. Ces valeurs peuvent être le résultat d'une histoire ou d'une culture commune, d'une ascendance ethnique commune, ou de toute autre expérience partagée par des électeurs à la base de laquelle on retrouve des intérêts communs.
Le périmètre d'une communauté d'intérêts peut correspondre à des limites administratives, mais ce n'est pas toujours le cas. Par exemple, une rivière peut représenter une frontière entre deux divisions administratives, mais l'ensemble de la vallée peut réunir une communauté d'intérêts unique. Dans ce cas, une circonscription électorale délimitée selon la frontière naturelle diviserait une communauté d'intérêts.
En général, on peut diviser les critères définissant les communautés d'intérêts en trois catégories :
- ceux liés à des frontières géographiques ou administratives;
- ceux liés à des intérêts ou à des caractéristiques communes;
- ceux liés à des modèles d'interaction.
Les critères liés à des limites géographiques ou administratives sont examinés au fichier Critères géographiques.
Parmi les critères portant sur des intérêts ou des caractéristiques communes, mentionnons :
- des antécédents raciaux ou ethniques communs;
- une histoire ou une culture commune;
- une religion ou une langue commune;
- un statut socioéconomique commun.
Parmi les critères portant sur les modèles d'interaction, on retrouve :
- les moyens de transports;
- les liens économiques;
- les réseaux de communication.
Les pays qui retiennent les communautés d'intérêts comme critères de délimitation ont adopté une multitude d'approches. Quelques pays voient en la communauté d'intérêts la base sur laquelle on doit asseoir tous les autres critères de délimitation. D'autres pays encore estiment que la communauté d'intérêts n'est qu'un concept résiduel, servant d'abord à combler des lacunes lorsque d'autres critères - par exemple celui des limites géographiques ou administratives - s'avèrent inappropriés.
Malgré l'ambiguïté inhérente à l'expression « communauté d'intérêts », les responsables de la délimitation prennent ce facteur en compte dans plusieurs pays. Les responsables de la délimitation au fait des conditions locales peuvent parfois identifier les communautés d'intérêts, mais le plus souvent ces intérêts sont identifiés à l'occasion d'audiences publiques.
Conclusion
Les critères de délimitation sont inévitablement contradictoires. On peut tenter de résoudre l'antagonisme entre ces critères en déterminant celui qui est le plus important. Les audiences publiques sont une composante essentielle de ce processus. Par exemple, un plan de délimitation défini à partir d'une communauté ethnique peut l'emporter sur des limites administratives, si le public s'entend pour dire que ce critère est plus important que l'adhésion à des limites administratives.