L'étape qui suit la création d'une banque de données est celle de la formation des circonscriptions électorales. C'est l'étape à laquelle est tracé le plan de découpage des circonscriptions en attribuant chacune des unités géographiques à une circonscription pour la première fois ou en les déplaçant d'une circonscription à une autre quand une carte électorale existe déjà. Le plan de découpage est complet lorsque toutes les unités géographiques d'un territoire donné ont été attribuées à une circonscription électorale et que toutes les circonscriptions respectent les critères de découpage prédéterminés. Les unités géographiques peuvent être aussi grandes que des comtés ou des villes ou aussi petites que des secteurs de recensement ou des sections de vote.
S'il ne s'agit que de modifier les circonscriptions déjà existantes, la tâche peut être relativement facile. Ce sera d'autant plus le cas si la décision a été prise de ne modifier les circonscriptions que dans la mesure nécessaire pour respecter les normes d'égalité de poids démographique. Dans nombre de pays, la considération des limites actuelles des circonscriptions est un critère à respecter au moment de réviser la carte électorale. La tâche devient plus complexe lorsqu'il n'existe pas de plan de découpage à modifier ou quand le nombre des circonscriptions doit changer de manière substantielle.
La modification des circonscriptions d'un plan existant
Si le travail à faire se limite à modifier des circonscriptions qui existent déjà, on pourra par exemple y appliquer la stratégie suivante :
- déterminer la population actuelle de chacune des circonscriptions;
- calculer le plus petit changement à leur apporter pour respecter les normes d'égalité de poids démographique;
- cibler les seules circonscriptions dont il faut augmenter ou réduire la population.
Bien sûr, les choses ne se limitent jamais au simple rééquilibrage des circonscriptions mal équilibrées démographiquement. Le remaniement aura des répercussions en cascade sur les circonscriptions adjacentes et il faudra leur apporter à elles aussi certaines modifications. Mais il sera possible de réduire ces modifications au minimum.
Cette approche progressive est souvent celle adoptée lorsqu'il faut prendre en compte les limites des circonscriptions existantes au moment du remaniement de la carte électorale. Elle pourra également être l'approche indiquée si le corps législatif pour lequel les circonscriptions sont découpées doit approuver le plan de découpage avant qu'il ne puisse être appliqué. L'obtention de cette approbation sera bien sûr fonction de la mesure dans laquelle les circonscriptions existantes seront bouleversées. Aux États-Unis par exemple, la stratégie la plus sage est souvent de ne déplacer que les unités géographiques nécessaires pour atteindre l'égalité du poids démographique; c'est celle qui garantit l'appui du plan de découpage par les deux partis de la législature.
Création d'un nouveau plan ou modification majeure d'un plan existant
La création de circonscriptions là où il n'y en a jamais eu ou la modification substantielle des limites de circonscriptions existantes est une tâche plus complexe. Dans le cas d'un premier découpage de circonscriptions, le travail peut être simplifié en divisant tout le territoire en question en sous-régions manipulables et en traçant les circonscriptions en deux ou trois étapes. Si le pays est divisé en États ou provinces par exemple, la tâche sera plus facilement réalisable si l'on commence par leur attribuer un nombre de circonscriptions que l'on délimitera ensuite. Une seconde attribution de circonscriptions sera peut-être souhaitable si les États ou les provinces sont grands. Dans toute attribution subséquente, on veillera toutefois à donner aux subdivisions une certaine unité géographique.
Le choix des composantes de base
Une des premières décisions à prendre lorsque l'on crée des circonscriptions concerne la nature et, peut-être, le niveau de l'unité géographique qui constituera la composante de base. C'est là une décision à prendre aussi bien lorsqu'on modifie une carte électorale que lorsqu'on en crée une. Que l'on ait utilisé la géographie du recensement ou la géographie électorale pour bâtir la banque de données de découpage, on aura probablement choisi des unités géographiques assez petites pour disposer d'une certaine marge de manoeuvre dans la délimitation des circonscriptions.
Il n'est pas nécessaire que la plus petite unité géographique contenue dans la banque de données soit la seule composante de base employée pour créer ou modifier une carte électorale. Par exemple, l'attribution aux circonscriptions pourra se faire par comtés entiers ou villes entières dans certaines régions et le recours aux secteurs de recensement ou aux sections de vote peut n'être nécessaire qu'à certains endroits, en général dans les grandes villes. En fait, il est plus facile de tracer grossièrement les limites des circonscriptions en se servant d'unités géographiques plus grandes et d'en utiliser ensuite de plus petites pour les affiner de telle sorte que les normes d'égalité de poids démographique ou les autres critères de découpage seront respectés.
Point de départ de la délimitation
Une autre décision à prendre sera celle d'où commencer le tracé des circonscriptions. Les personnes chargées de ce travail commencent souvent par les coins du territoire en question et progressent vers le centre. On veut ainsi éviter toute distorsion susceptible de survenir dans le dernier coin ou sur le dernier côté si l'on balaie le territoire latéralement.
Il pourra y avoir des raisons de procéder dans un ordre différent. Si, par exemple, l'on veut créer une circonscription pour une collectivité formée d'une minorité concentrée géographiquement ou d'un autre groupe d'intérêts, on commencera par tracer les limites de cette circonscription et on tracera celles des autres par rapport à elle.
Traçage interactif des limites des circonscriptions
Une fois que le choix est arrêté quant aux unités géographiques qui formeront les composantes de base des circonscriptions et quant à l'ordre dans lequel les circonscriptions seront établies, le travail de découpage peut commencer. Ce
travail est interactif en ce sens que l'on attribue une unité géographique à une circonscription et que l'on détermine ensuite comment elle en modifiera la taille et la composition.
Bien que simple, le calcul de la population totale des circonscriptions après chaque attribution d'une unité géographique risque d'être fastidieux. Et il faut le refaire un grand nombre de fois puisque les unités géographiques sont constamment déplacées d'un endroit à l'autre. Un ordinateur permettra d'automatiser le calcul que l'on pourrait aussi faire manuellement avec une calculatrice de poche au besoin.