La règle la plus couramment prescrite dans la délimitation concerne l'équilibre démographique des circonscriptions. La représentation selon la population est l'une des assises de la démocratie et dans les pays qui ont recours aux circonscriptions uninominales, cette règle se traduit par le principe de l'égalité des circonscriptions en termes de population. Pour que tous les électeurs aient un vote de poids égal, il faut que les circonscriptions aient une densité de population comparable. Ainsi, un électeur qui élirait un candidat dans une circonscription qui compte deux fois plus d'électeurs qu'une autre circonscription, aurait deux fois moins de poids ou d'influence que l'électeur de la circonscription moins peuplée.
Cette exigence d'équilibre démographique varie selon les pays. Les États-Unis sont les plus inflexibles, allant jusqu'à réclamer l'équivalence absolue d'« une personne, un vote », telle qu'imposée par les tribunaux américains depuis le début des années 1960. La Nouvelle-Zélande réclame aussi l'adhésion à cette norme mais tolère tout de même un écart pouvant aller jusqu'à 5 % du quotient électoral.
En Australie, les circonscriptions électorales fédérales doivent se tenir en deçà du quotient électoral de 10 % par État, d'après les projections démographiques établies pour les prochains trois ans et demi. L'Australie vise l'équilibre démographique à mi-parcours entre deux délimitations afin d'éviter que des écarts trop importants ne surviennent à la fin d'une période de délimitation de sept ans. Voir des circonscriptions rurales beaucoup plus petites, en termes de population, que les circonscriptions urbaines, était chose courante en Australie, il y a 30 ans. Pour plus de détails concernant les méthodes australiennes de délimitation, voir La redistribution fédérale en Australie.
Au Canada, les commissions indépendantes chargées de la délimitation des circonscriptions électorales fédérales tolèrent des écarts pouvant aller jusqu'à 25 %, en plus ou en moins, du quotient de la province. Depuis 1986 toutefois, les commissions ont été autorisées à excéder la limite de 25 % lors de circonstances exceptionnelles. On eut ainsi recours à cette disposition en 1987 pour créer cinq des 295 circonscriptions que comptait la Chambre des communes du Canada à ce moment-là, et à nouveau en 1996 pour créer deux des 301 circonscriptions dont une au Québec avec un écart de 40,2 % sous la moyenne provinciale, et l'autre à Terre-Neuve avec un écart de 62,5 % sous la moyenne provinciale. Pour plus de détails sur le redécoupage au Canada, voir La représentation au Parlement canadien.
En Allemagne, tout comme au Canada, les circonscriptions ne doivent pas dévier du quotient électoral par plus de 25 %. Toutefois, ce n'est que lorsqu'une circonscription s'écarte de plus de 33 % que la loi exige une nouvelle délimitation. Souvent, la législature allemande, qui doit approuver tout plan de délimitation, n'adoptera pas le projet de la commission avant qu'une circonscription ne s'écarte de 33 % du quotient.
Au Royaume-Uni, on tolère des écarts encore plus grands. La norme originale établie en 1944 était de 25 %, mais elle fut abrogée deux ans plus tard. La règle désormais en vigueur stipule que les circonscriptions doivent être « aussi égales que possible » , mais cette règle doit être contrebalancée, dans la mesure du possible, par le respect des limites administratives locales. Néanmoins, des circonscriptions de même densité peuvent être rejetées pour des « motifs géographiques spéciaux ». Les dispositions concernant les communautés naturelles ont incité les commissions anglaises de délimitation à désigner l'île de Wight et ses 95 000 électeurs comme étant une seule circonscription, alors que l'adhérence aux limites locales londoniennes ont fait en sorte que la circonscription de Surbiton n'ait que 48 000 électeurs. Pareillement, reconnaissant les difficultés de transport des insulaires, les commissaires en Écosse ont permis aux Hébrides (24 000 habitants) et à Orkney et Shetland (31 000 habitants) d'avoir leur propre représentant.
Le degré d'adhérence à l'équilibre démographique coïncide avec l'importance accordée à l'égalité politique de l'électeur. Ainsi aux États-Unis, où on est fermement engagé dans le respect des droits individuels et de l'égalité, les règles de déviation en termes de population sont, de tous les pays ayant recours aux circonscriptions uninominales, les plus strictes. D'autres pays, tout en reconnaissant l'importance de l'équilibre démographique entre les circonscriptions, ont plutôt choisi de contrebalancer ce facteur avec d'autres critères de délimitation jugés tout aussi valables. Au Royaume-Uni, le respect des limites administratives locales a préséance sur l'égalité des circonscriptions. Dans plusieurs pays d'Afrique, c'est la considération des tribus qui est jugée plus importante que l'égalité de population. Chaque pays doit déterminer quels seront les écarts de population tolérés entre les circonscriptions sans nuire à d'autres objectifs de délimitation.