Les pays instituent souvent un ensemble formel de règles ou de critères à l'intention des autorités responsables de la délimitation des circonscriptions électorales. Bien que cela soit principalement vrai des pays qui ont recours à des commissions neutres, de nombreux pays qui ont confié la délimitation à la législature ou à une agence gouvernementale ont aussi promulgué de tels critères. Ces règles sont généralement consignées dans la loi électorale, mais parfois on les trouve enchâssées dans la constitution du pays. On trouve des exemples de règles de délimitation qui ont été promulguées par divers pays à « Election Laws or Constitutional Provisions Listing Redistricting Criteria for Selected Countries » (en anglais).
Les règles spécifient normalement que le découpage doit assurer une égalité relative des circonscriptions en matière de population, tout en prenant en considération une foule d'autres facteurs tels que les limites administratives ou les frontières naturelles, ou encore d'autres traits géographiques comme la faible densité de population ou l'isolement d'un territoire. Le respect des communautés d'intérêts est également souvent évoqué. Dans certains pays, notamment les pays en développement démocratique, les autorités qui font le découpage doivent également prendre en considération les moyens de transport ou de communication.
La plupart des pays qui font appel à des critères formels de délimitation exigent que les circonscriptions soient aussi égales que possible en ce qui a trait à la population. Plusieurs spécifient les limites de tolérance ou les écarts acceptables, à partir de la population ou du quotient électoral. Le quotient électoral équivaut à la population d'un territoire devant être délimité, divisé par le nombre de sièges attribués à ce territoire.
Malgré que la représentation des électeurs ait eu préséance sur celle des communautés au 19e siècle — comme en témoigne le nombre de pays exigeant l'équilibre démographique des circonscriptions —, le respect des zones administratives, des communautés ayant des caractéristiques naturelles ou des communautés d'intérêts concentrées géographiquement continue à jouer un rôle majeur dans la délimitation. À vrai dire, l'une des fonctions fondamentales des circonscriptions uninominales consiste à représenter des communautés définies géographiquement.
Critères liés à l'issue des élections
L'équilibre démographique, les considérations géographiques et les communautés d'intérêts sont tous des critères étroitement liés à la création des circonscriptions. D'autres critères sont davantage associés au résultat du processus de délimitation — par exemple, une juste représentation des partis politiques, des minorités raciales, ethniques, religieuses ou linguistiques. Mais les pays adoptent rarement ces critères en raison de la difficulté de donner une représentation proportionnelle aux partis politiques et aux minorités inhérente aux circonscriptions uninominales.
Conclusion
Les critères de délimitation peuvent être en conflit les uns avec les autres. Par exemple, si la plupart des pays désignent l'équilibre démographique comme critère de délimitation, dans la réalité, peu y parviennent. La raison en est que d'autres critères sont jugés plus importants. Ainsi, le respect des limites administratives et celui des communautés naturelles demandent souvent des circonscriptions dont la densité démographique s'éloigne du quotient électoral. Les pays qui dictent des critères de délimitation doivent établir la priorité des critères ou accepter certaines incohérences dans les circonscriptions. La plupart choisissent de préciser quels sont les critères les plus importants ou d'imposer des limites de variation (c'est-à-dire le degré de tolérance des écarts de population d'une circonscription à l'autre), tout en donnant de la latitude quant à l'application de ces critères.