Dans plusieurs pays, les lois électorales stipulent que la réalité géographique doit être considérée au moment de délimiter une circonscription électorale. Les critères géographiques peuvent être divisés en deux catégories : les critères liés aux limites géographiques et les critères liés à la taille ou à la forme géographique. Les responsables peuvent être appelés à considérer ces facteurs.
Critères liés aux limites géographiques
L'adoption de limites géographiques claires est l'un des critères qui sont souvent mentionnés dans les dispositions de délimitation des circonscriptions. Ces limites peuvent être de nature administrative, par exemple, celles des comtés et des municipalités, ou relever de caractéristiques naturelles importantes, par exemple, une chaîne de montagnes, des cours d'eau ou des îles.
Le critère géographique qui est probablement le plus important pour la plupart des pays est le respect des limites administratives. Des dizaines de pays y ont recours, par exemple, l'Albanie, le Bangladesh, la Barbade, la Bulgarie, le Cameroun, le Canada, la Croatie, la République tchèque, les Fidji, la France, l'Allemagne, l'Inde, l'Indonésie, l'Italie, le Japon, le Kenya, la Lituanie, la Malaisie, le Mexique, le Pakistan, le Panama, la Tanzanie, l'Ouganda, le Royaume-Uni et le Yémen. La Constitution du Botswana stipule qu’il faut respecter non seulement les limites des districts, mais également celles des territoires tribaux.
Un autre élément de nature géographique qui est fréquemment cité est la densité de population. Plusieurs pays des Caraïbes ainsi que le Kenya, l'île Maurice, le Népal et la Papouasie-Nouvelle-Guinée en tiennent effectivement compte lors du redécoupage. En Malaisie, la commission électorale est tenue de garantir la surreprésentation des circonscriptions rurales faiblement peuplées au sein du corps législatif.
Les critères géographiques de délimitation comme les limites administratives de même que le respect des communautés d'intérêts sont plus dominants dans certains pays que dans d'autres. Par exemple, au Royaume-Uni, le respect des limites administratives et des communautés naturelles est de première importance et guide la délimitation des circonscriptions. On tolérera par conséquent des écarts importants de population d'une circonscription à l'autre.
Critères liés à la taille ou à la forme géographique
Deux autres facteurs, soit la contiguïté et la densité, sont directement liés à la taille ou à la forme géographique d'une circonscription. Les défenseurs de ces critères prônent que les circonscriptions ne devraient pas avoir une forme insolite et que tous les éléments définissant une circonscription devraient être interreliés. Par exemple, au Mexique, la commission électorale est tenue de créer des circonscriptions électorales dont les contours sont de forme régulière. D'autres pays ont des exigences semblables quant à la forme des circonscriptions, par exemple, l'Albanie, l'Arménie, le Bangladesh, la Barbade, la Biélorussie, la République dominicaine, l'Inde, l'Italie, le Pakistan et les États-Unis.
Aux États-Unis, la régularité de la forme des circonscriptions n'était plus requise par la législation fédérale depuis 1929, mais lorsque certains États ont créé des circonscriptions de forme irrégulière durant l'exercice de redécoupage mené au cours des années 1990, la Cour suprême a ordonné une nouvelle délimitation de plusieurs de ces circonscriptions. Bien que la forme de ces circonscriptions n'ait pas été au coeur des débats de la Cour, le fait que les circonscriptions ne soient pas de forme régulière a été considéré comme la preuve qu'il s'agit d'un motif inadmissible lors de l'établissement des limites d'une circonscription. Pour de plus amples renseignements sur les jugements des tribunaux, voir Rôle des tribunaux en matière de délimitation.