La sélection des candidats est le processus par lequel les partis politiques décident quelles personnes seront inscrites sur les bulletins de vote en tant que leurs candidats officiels. La façon dont ils effectuent ce choix est déterminée principalement par leurs propres règles et procédures internes. La mise en candidature est le processus juridique par lequel les autorités électorales vérifient l’admissibilité des candidats recommandés par les partis, approuvent leur candidature et font imprimer leurs noms sur les bulletins de vote.
À chaque élection, des milliers de personnes pourraient se présenter comme candidats, et il serait impossible aux électeurs de faire un choix éclairé parmi elles. Les partis politiques jouent par conséquent un rôle de garde-barrière utile et nécessaire en ramenant la liste des candidats à une brochette assez réduite.
Les partis politiques peuvent choisir leurs candidats de nombreuses manières différentes. Dans un grand nombre de cas, le cadre juridique existant établit qu’ils doivent le faire « démocratiquement », mais cette idée reste très vague et il existe peu ou pas de dispositions juridiques applicables. Dans de rares cas, la loi définit le processus de sélection des candidats, lequel peut avoir un impact direct sur l'ampleur du processus démocratique, en particulier si le processus de sélection des candidats de certains partis n'est pas transparent.[1]
Deux idées sont fondamentales en ce qui concerne la sélection des candidats par les partis. La première est le degré de centralisation, c’est-à-dire le niveau du parti – local, régional ou national – qui contrôle la sélection. La seconde est la participation, c’est-à-dire qui, des membres ordinaires ou de la haute direction, contrôle le processus au niveau où la décision est prise.
Centralisation
Dans un système extrêmement centralisé, l’agence nationale d’un parti déciderait de la sélection des candidats sans aucune participation de ses sections locales. On trouverait à l’autre extrême un système selon lequel les sections représentant l’échelon le plus local du parti choisiraient les candidats sans l’approbation ni la participation du niveau national. Comme dans nombre d’autres domaines, la pratique se situe habituellement quelque part entre les deux extrêmes.
Dans la plupart des partis politiques, les candidats sont choisis à l’échelon local, même si le niveau national exerce divers degrés d’influence. Celle-ci peut être proactive, c’est-à-dire consister à encourager, recommander ou imposer un candidat particulier à une section locale, ou négative en ce sens que le niveau national du parti peut se réserver le droit d’opposer son veto à l’égard de certains candidats. Dans les deux cas, le parti doit réaliser un équilibre difficile entre les stratégies du niveau national et les sensibilités locales.
Participation
Un cas de participation extrêmement faible serait celui où seul le chef du parti choisirait les candidats. Il y aurait à l’autre extrême le cas où les membres ordinaires du parti prendraient cette décision sans aucune participation ni intervention de ses dirigeants.
La situation des États-Unis illustre ce dernier cas : les membres (ou, dans certains États, tous les électeurs inscrits) peuvent élire le ou les candidats du parti au suffrage direct lors d’élections primaires. L’élection a lieu entre tous les candidats qui se présentent, et le processus se déroule sous la surveillance du gouvernement – en grande partie hors du contrôle de l’organisation du parti. Le gouvernement veille en outre à ce que la personne qui a remporté l’élection primaire soit celle dont le nom sera inscrit sur le bulletin de vote à titre de représentant du parti.
D’autres partis de différents pays ont opté pour divers degrés de participation de leurs membres au processus de sélection, depuis les élections primaires organisées par le parti jusqu’aux élections indirectes, où les sections du parti désignent des délégués à un congrès national.
Qu’est-ce qui détermine le processus de sélection?
Des facteurs comme le système électoral, l’idéologie des partis, la culture politique et l’organisation du gouvernement peuvent influer sur la centralisation et la participation au processus de sélection des candidats. Il n’existe toutefois aucune preuve qu’un ou l’autre de ces facteurs soit décisif.
Il serait naturel que les instances nationales des partis aient plus d’influence dans les systèmes où les circonscriptions sont représentées par plus d’un député, tandis que les sections locales disposeraient de plus de pouvoir dans les circonscriptions uninominales.
Selon la même logique, les systèmes fédéraux tendraient à favoriser la sélection décentralisée des candidats, les partis ayant une idéologie politique inclusive favoriseraient les méthodes de sélection participatives, et les partis des pays où la culture politique est hiérarchisée encourageraient les processus non participatifs.
Toutefois, tous ces critères (et d’autres) sont mêlés dans tous les partis politiques, et il est par conséquent difficile de tirer des conclusions. Même dans les cas où la loi prescrit un processus de sélection particulier, il n’est pas toujours possible de discerner si c’est la loi qui a déterminé le processus, ou si la loi reflète simplement la pratique.
[1] Voir: Field, Bonnie N.
and Siavelis, Peter M. Endogenizing
legislative candidate selection procedures in nascent democracies: evidence
from Spain and Chile (Democratization, vol 8, No. 3, May 2011) et Ashiabgor,
Sefakor (et al). Political
Parties and Democracy in Theoretical and Practical Perspectives: Selecting Candidates for Legislative
Office. (National Democratic
Institute for International Affairs, 2008).
http://www.ndi.org/files/2406_polpart_report_engpdf_100708.pdf