Au 19e siècle, dans pratiquement tous les pays qui délimitaient des circonscriptions, la mise en oeuvre d'un plan de redécoupage nécessitait l'approbation préalable d'une autorité législative. Les récentes réformes visant à écarter la politique du processus de délimitation limitent le pouvoir qu'ont les législatures d'approuver les plans de découpage des circonscriptions. Aujourd'hui, dans beaucoup de pays, la législature joue un rôle limité dans le processus de délimitation, si toutefois elle en joue un. Néanmoins, quelques pays exigent que les plans de découpage soient préalablement approuvés par une autorité exécutive plutôt que par une instance législative. Bien que la décision n'incombe plus aux législateurs — qui sont les principaux bénéficiaires du plan de découpage — la délimitation continue à prêter flanc aux pressions politiques.
Dans la majorité des pays qui confient la tâche de la délimitation des circonscriptions à des commissions de gestion des élections, la commission électorale fait office d'autorité finale puisque l'approbation du pouvoir législatif et exécutif n'est pas nécessaire à la mise en oeuvre de la carte électorale. Cela s'applique moins souvent au cas des commissions de délimitation des circonscriptions puisque la plupart du temps, les cartes électorales élaborées par ces commissions doivent être promulguées par le pouvoir législatif (ou approuvées par le pouvoir exécutif) avant qu'elles ne puissent être implantées. Cependant, en Nouvelle-Zélande par exemple, le plan final présenté par le comité de représentation ne peut faire l'objet d'aucun changement ni appel dès lors qu'il est publié. Depuis 1983, la commission électorale élargie de l'Australie est investie des mêmes pouvoirs. Les limites des circonscriptions élaborées par la commission de délimitation en Inde sont aussi sans appel.
Dans d'autres pays, la législature peut débattre et même différer la promulgation du plan soumis par la commission, mais ne peut en aucun cas modifier le plan. Au Canada, par exemple, la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales de 1964 a retiré au Parlement la responsabilité de la délimitation pour la confier à des commissions électorales indépendantes dans chaque province. Le Parlement peut examiner les plans émis par les commissions, mais ne peut soumettre leur mise en oeuvre au vote. Le Parlement a recouru à cette disposition afin de retarder la mise en oeuvre des cartes. Cela a cependant provoqué un changement à la loi : il y a dorénavant une limite de 60 jours sur le débat parlementaire et sur l'examen portant sur ces propositions de cartes électorales.
Au Royaume-Uni, les propositions finales des quatre commissions de délimitation ne sont adoptées qu'après avoir obtenu un vote affirmatif du Parlement. Cependant, le pouvoir du Parlement d'accepter ou de refuser une carte électorale n'est que formalité. Le Parlement a presque toujours donné son aval aux propositions de la commission; procéder autrement serait perçu comme une intrusion du politique dans le processus de choix d’une carte électorale finale. Les deux seules exceptions remontent à 1948 quand le Parlement a proposé l'addition de 17 sièges pour des zones urbaines sous-représentées et à 1969 quand le Parlement a retardé la mise en oeuvre du plan de délimitation au motif que des modifications imminentes aux limites des municipalités rendraient le plan caduc. Les conservateurs ont qualifié ce geste du gouvernement travailliste de politique partisane.
Certains pays possèdent des dispositions qui permettent au corps législatif d’accepter ou de refuser une proposition de carte électorale, mais qui interdisent formellement au Parlement de la modifier. La Malaisie, l'île Maurice et la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont des exemples de pays qui recourent à cette approche.
Les États-Unis constituent une exception en ce qui a trait aux législatures et à l'adoption des plans de délimitation. La plupart des États assignent la tâche de la délimitation des circonscriptions fédérales à la législature des États. Les rares États qui assignent cette tâche à un organisme ou à une commission requièrent néanmoins que la législature d'État vote en faveur de la proposition afin qu’elle soit promulguée.
Conclusion
Le fait de permettre à une législature d'accepter ou de rejeter un plan — ou encore d'en créer un — ouvre la porte à la partisanerie. De fait, un grand nombre de plans adoptés par les législatures favorisent un parti politique au détriment d'un autre. Malgré tout, les plans élaborés par des commissions neutres peuvent également amener des résultats d'élections partiaux qui avantagent un parti politique, même s’il s’agit d’une conséquence involontaire.