Mise à part la proportionnalité, il existe d'autres façons d'analyser les systèmes électoraux. Le degré de choix qu'offre à l'électeur le bulletin de vote utilisé dans chaque système en est une; cela permet d'illustrer d'une tout autre façon les différences entre les divers types de systèmes électoraux.
Le bulletin de vote est soit catégorique ou préférentiel, ce qui permet à l'électeur de voter soit pour des candidats, soit pour des partis ou de faire un choix entre différents candidats ou partis. Les bulletins de vote catégoriques obligent l'électeur à voter soit pour un candidat ou un parti à l'exclusion de tout autre, alors que les bulletins de vote préférentiels offrent à l'électeur un plus grand éventail de choix.
Comme le montre la figure trois, certains systèmes électoraux permettent un choix préférentiel dans le cas d'un vote pour un candidat. Par exemple, les systèmes préférentiels tels que le vote alternatif (voir Vote préférentiel) et le vote unique transférable (voir Scrutin unique transférable) permettent à l'électeur de classer les candidats en ordre de préférence en attribuant un numéro à chaque candidat. Dans le même ordre d'idées, le scrutin majoritaire plurinominal (voir Scrutin majoritaire plurinominal), le scrutin majoritaire à deux tours (voir Scrutin majoritaire plurinominal) et quelques systèmes de représentation proportionnelle à scrutin de liste (voir Scrutin à deux tours) permettent à l'électeur de répartir son vote entre divers candidats ou partis, soit par l'entremise d'un deuxième tour de scrutin (SDT), par une répartition de votes multiples (scrutin majoritaire plurinominal) ou par un choix de candidat en dehors de la liste de partis (Systèmes RP à « liste flexible »).
Finalement, dans certains systèmes électoraux, on offre le choix de deux bulletins, soit préférentiel ou catégorique. Depuis 1984, le bulletin de VUT pour le sénat australien comprend une case « réservée au parti » qui, une fois cochée, signifie que le bulletin est traité comme si l'électeur avait classé les candidats dans l'ordre numérique adopté par son parti préféré.
Figure Trois : Bulletins de Vote Utilisés selon le Système Électoral |
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Candidat |
Parti |
Les Deux |
Catégorique |
SMU (Canada)
VUNT (Jordanie)
RPSL non bloquée (Finlande)
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SMPLP (Singapour)
RPSL bloquée (Namibie)
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SMSC (Japon)
RPSL non bloquée (Danemark)
SMAC (Allemagne)
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Préférentiel |
VA (Australie)
SDT (France)
SMP (Maldives)
VUT (Irlande)
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SDT (Mali)
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SDT (Ukraine)
RPSL - Panachage (Suisse)
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L'un ou l'autre |
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VUT (Sénat d'Australie)
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N.B. : les exemples entre parenthèses sont illustrés dans des études de cas qui montrent la logique de ces regroupements de systèmes.
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Quoique les bulletins de vote préférentiels offrent clairement un plus grand choix aux électeurs, les bulletins de vote catégoriques sont plus répandus; en effet, on s'en sert dans plus des trois quarts des systèmes électoraux analysés dans le présent manuel. Dans les SMU, les VUNT et les systèmes RP à sscrutin de liste non bloquée, on doit choisir l'un ou l'autre candidat, alors que le choix catégorique de partis est associé aux systèmes RP à scrutin de liste bloquée et au scrutin majoritaire plurinominal de liste de partis (paragraphes 53 à 55). Logiquement, les systèmes électoraux qui donnent à l'électeur plus d'une voix, tels que le SMAC (voir RP à scrutin de liste (RPSL)) ou le système mixte sans compensation (voir Système mixte avec compensation (SMAC)), impliquent la possibilité de répartir les voix entre deux partis. Dans ces cas particuliers, cependant, le choix indiqué sur chaque bulletin de vote est clairement catégorique, alors que le résultat global de ces deux bulletins.