Une façon de pallier les désavantages du SDT, c'est de fusionner en une seule élection les deux tours de scrutin. Il existe diverses façons de le faire; la plus directe est sans doute le système préférentiel utilisé aux élections présidentielles du Sri Lanka (voir l'étude de cas sur le Sri Lanka à la page 107XX). Les électeurs cinghalais votent non seulement pour un premier candidat de leur choix, mais (s'ils le désirent) pour un second et un troisième, en apposant les chiffres 1, 2 et 3 à côté des noms des candidats qu'ils préfèrent. Comme on l'a décrit plus haut, on procède ainsi pour le vote alternatif ou préférentiel et le vote unique transférable. Si un candidat obtient une majorité absolue à partir des votes indiquant un premier choix, il est immédiatement déclaré élu. Cependant, si aucun candidat n'obtient de majorité absolue, tous les candidats sauf les deux premiers sont éliminés et leurs deuxième et troisième choix sont attribués à l'un ou l'autre des candidats retenus, d'après l'ordre préférentiel indiqué. Quiconque obtient le plus grand nombre de voix à la fin de cette démarche est déclaré élu. Ce système accomplit en une seule élection ce que le SDT accomplit en deux étapes; il représente aussi des épargnes de coûts considérables et une efficacité administrative accrue.
Les désavantages du système cinghalais ont trait aux exigences d'alphabétisation propres à tous les systèmes de scrutin préférentiel et au fait que les électeurs sont pratiquement contraints à deviner quels seront les deux premiers candidats afin d'utiliser leur vote au maximum.
Le vote alternatif utilisé pour l'élection du président irlandais (voir Irlande : un système typique de vote unique transférable) ne présente pas ce désavantage. La façon de marquer le bulletin de vote est pratiquement identique à celle du Sri Lanka, à l'exception que les électeurs irlandais peuvent indiquer autant de préférences qu'ils le désirent plutôt que d'être limités à trois. Cependant, la manière de dépouiller le scrutin est fort différente. Au lieu d'éliminer simultanément tous les candidats sauf deux, le vote alternatif prévoit que le candidat placé au dernier rang est éliminé et que ses voix sont transférées par ordre de préférence. On répète l'opération jusqu'à ce qu'un seul candidat ait clairement obtenu la majorité ou jusqu'à ce que toutes les préférences exprimées aient été comptées. Contrairement au Sri Lanka, le VA irlandais permet, en principe, à un candidat placé au dernier rang, qui obtiendrait par la suite un nombre de votes suffisant, de dépasser des candidats mieux placés et éventuellement de gagner le siège. En 1990, c'est grâce à un tel transfert de choix que Mary Robinson a été élue à la présidence de l'Irlande.
En dépit de légères différences, ces deux systèmes ont un objectif commun : celui d'assurer que tout candidat élu ait l'appui de la majorité de l'électorat. L'utilisation des votes préférentiels pour exprimer un second choix signifie que le deuxième tour de scrutin n'est plus requis. Cette mesure réduit considérablement les dépenses et comporte de réels bénéfices sur les plans de l'administration, de la logistique et de la sécurité.