Besoin de solution
basée sur la technologie
Facteurs liés à
l’infrastructure
Disposition à
assimiler la technologie
Besoin de solution basée sur la technologie
La technologie n’est pas nécessairement la solution à chaque problème d’administration
électorale. Alors que la technologie permet souvent une plus grande rapidité et
une plus grande efficacité dans les processus administratifs, financiers et
électoraux, elle peut aussi être coûteuse et ne pas répondre à toutes les
attentes.
Les processus manuels, non techniques peuvent toujours avoir une place
dans l’administration électorale. Selon l’environnement et les infrastructures
disponibles, les processus manuels peuvent être moins coûteux, plus
transparents et moins susceptibles d’échouer que des processus technologiques. En
particulier, lorsque l’accès à la technologie n’est pas disponible à grande
échelle ou est incertain, il peut créer des inégalités entre les utilisateurs (surtout
les électeurs). Dans d’autres cas, une solution technologique peut ne pas être viable
à long terme, ou des obstacles législatifs peuvent empêcher son adoption.
Les OGE peuvent vouloir évaluer la pertinence d’une technologie proposée
avant de l’adopter. Ils voudront ainsi analyser les coûts et avantages,
vérifier la disponibilité des compétences nécessaires à la mise en œuvre et à l’utilisation
de la technologie, et évaluer la probabilité que les utilisateurs potentiels
accepteront la nouveauté.
Il est essentiel que les OGE considèrent l’infrastructure physique et l’environnement
sociopolitique du pays avant de choisir une nouvelle technologie, puisque ces
facteurs peuvent limiter la pertinence de certaines technologies. Un pays ayant
une alimentation électrique intermittente, par exemple, peut ne pas être le
meilleur lieu où mettre en œuvre un réseau informatique étendu qui exige une
source d’alimentation fiable. Un niveau élevé d’humidité ou de poussière ou de
sable peut aussi limiter les choix de technologies. En outre, un processus
électoral peut être perturbé s’il y a une méfiance profonde envers la technologie
de la part des intervenants électoraux.
Facteurs liés à l’infrastructure
Les éléments suivants liés à l’infrastructure doivent être examinés pour
s’assurer qu’une solution technologique choisie sera efficace dans les
conditions locales.
Les télécommunications
Plusieurs types d’infrastructure de télécommunications peuvent être pertinents
à une technologie envisagée :
·
la télégraphie et la
téléphonie utilisant des lignes fixes ou la voie des ondes pour transmettre la
voix, les télécopies, les images et les données;
·
les réseaux de radio, y
compris les radios publiques et les radios de communication de personne à personne;
·
les réseaux informatiques, y
compris les réseaux locaux (LAN), les réseaux étendus (WAN), les intranets et
les extranets qui relient divers groupes d’ordinateurs afin de partager des
données et de communiquer;
·
Internet, le réseau de
communication électronique qui relie les réseaux informatiques et les
équipements informatiques d’organisations du monde entier, qui permet le
partage d’information, l’accès au courrier électronique et la transmission de
messages, d’images et de données;
·
les réseaux de télévision;
·
les satellites.
Environnement physique
Les ordinateurs et les autres technologies sont sensibles à l’environnement
physique, y compris les niveaux d’humidité et la température.
Production d’électricité
La technologie fonctionnant à l’électricité (comme la plupart des
technologies électorales) exige une infrastructure d’énergie fiable. Même dans
les pays développés dotés de réseaux d’énergie bien établis, l’énergie peut
être interrompue sans avertissement. Dans les pays moins développés, l’alimentation
électrique peut être irrégulière, intermittente ou inexistante. Lorsqu’une
alimentation électrique continue est essentielle, une alimentation d’énergie de
secours devrait faire partie intégrante du système de technologie.
Moyens d’entretien
La disponibilité des moyens nécessaires à l’entretien d’une technologie envisagée
est un autre élément d’infrastructure essentiel.
Si une technologie choisie tombe en panne et les services d’entretien sont
inexistants ou insuffisants, la technologie risque de devenir inutile. Des équipements
d’entretien peuvent devoir être importés pour appuyer la technologie. Si c’est
le cas, la rentabilité de cette option doit être scrutée.
Compétences techniques
La disponibilité de personnel techniquement habile à faire fonctionner et
à gérer une nouvelle technologie est aussi un facteur important.
Si la main-d’œuvre locale est inexpérimentée et insuffisamment formée
pour soutenir une technologie choisie, les OGE devront importer le personnel
aux compétences voulues ou former leur personnel. Même si des travailleurs qualifiés
sont disponibles localement, il peut toujours être nécessaire de compter sur
des fournisseurs externes de service.
La formation du personnel interne peut être coûteuse, exiger du temps et être
difficile à réaliser à court terme, mais être plus durable à long terme. Une
fois acquises les compétences nécessaires par le personnel, le coût d’entretien
de la technologie à l’interne peut être inférieur à celui des fournisseurs de
services externes.
Un OGE peut avoir à s’assurer qu’il a la capacité d’entretenir une
expertise interne et que la rotation du personnel ne réduira pas la base de
compétences dont il a besoin.
L’importation d’une main-d’œuvre qualifiée peut assurer le succès à court
terme, mais être moins rentable et moins viable à long terme. Un OGE devra en prévoir
les coûts dans son budget. Des fournisseurs externes nécessaires seulement de
façon intermittente peuvent être moins chers et plus fiables que le personnel
interne, et peuvent avoir une plus grande compétence dans leur domaine que le
personnel interne. Cependant, les fournisseurs externes qui sont nécessaires
régulièrement, voire à plein temps, peuvent coûter sensiblement plus que le
personnel interne qui exécuterait les mêmes fonctions.
Si les fournisseurs externes travaillent dans un marché concurrentiel, un
OGE peut être capable de réduire les dépenses en reconsidérant régulièrement
ses contrats et ses fournisseurs. Par contre, si les fournisseurs ont un
monopole sur leur produit ou si un OGE est lié à un contrat sans échéance, les
dépenses peuvent être plus élevées que nécessaire.
Disposition à assimiler la
technologie
Les OGE adoptant une nouvelle technologie électorale doivent être
sensibles à la disposition des intervenants à assimiler la technologie. Dans
certaines circonstances, les gens attendront davantage d’une technologie qu’elle
ne peut apporter. Dans d’autres cas, ils peuvent être méfiants ou soupçonneux envers
une technologie, ou mal équipés pour l’adopter.
Les attentes irréalistes à l’égard d’une technologie peuvent avoir comme
conséquence qu’une nouvelle technologie ne puisse pas accomplir les fonctions
auxquelles elle est destinée. Cela peut arriver si la technologie choisie ne convient
pas aux tâches prévues, ou si elle ne peut pas être entretenue après l’installation
en raison des mécanismes d’appui inadéquats.
Une méfiance ou des soupçons envers une technologie peuvent mener à des retards
dans sa mise en œuvre ou à l’échec d’un projet. Quand les intervenants sont mal
équipés pour adopter la nouvelle technologie en raison par exemple de l’absence
de personnel qualifié ou d’une infrastructure fiable, la technologie peut
facilement échouer.
Pour maximiser les chances de succès, il existe des stratégies qui
réduisent les attentes irréalistes, les soupçons et la méfiance.
Surmonter la résistance au changement
L’opposition bureaucratique à l’innovation ou au changement peut se
produire quand il y a des droits acquis associés au système actuel. Une crainte
commune est que l’adoption de la technologie mènera à la perte d’emplois. Cela
peut arriver, et l’OGE devrait aborder le sujet avec le personnel susceptible
d’être touché.
L’adoption d’une technologie change souvent la nature d’un lieu de
travail sans nécessairement réduire la main-d’œuvre. Le nombre d’employés
affectés à des tâches manuelles peut diminuer, alors que celui des employés appelés
à gérer la technologie peut augmenter. Dans certains cas, on gardera les mêmes employés
et aucun emploi ne sera perdu. Dans d’autres cas, il pourra être nécessaire
d’engager de nouveaux employés possédant des compétences différentes.
Quand on s’attend à ce que l’adoption d’une technologie mène à des changements
importants dans les pratiques de travail, les OGE devraient modifier leur
stratégie de gestion. L’aspect le plus important est de consulter régulièrement
tous les intervenants touchés, en commençant tôt dans le processus. Les
intervenants qui sont entièrement informés des raisons du changement et des
avantages attendus vont probablement être plus réceptifs, particulièrement si
on leur donne l’occasion de contribuer de façon significative aux étapes de la mise
en œuvre et de la planification.
Il peut aussi y avoir une opposition politique à l’innovation ou au
changement. Les élections par leur nature sont politiquement sensibles et il
est possible qu’une nouvelle technologie soit perçue comme ayant un impact
politique et affectant les tendances de vote. Il est important de consulter les
intervenants au début du processus et d’obtenir leur adhésion au changement, si
possible. Puisque les changements majeurs comme l’introduction du vote
électronique exigent d’habitude des mesures législatives, l’obtention d’un
soutien politique est essentielle.
La réticence à adopter une technologie peut aussi provenir d’une méfiance
envers la nouvelle technologie. Ceci peut être dû à un manque de compréhension
ou de connaissance de la technologie. Une fois encore, la meilleure solution
est de consulter les intervenants et d’expliquer le bien-fondé de la
technologie. Dans les cas où la nouvelle technologie aura des implications importantes
sur le processus électoral, comme un système de vote électronique, la confiance
devra souvent être gagnée en effectuant des évaluations minutieuses et
transparentes du système proposé qui, idéalement, seront vérifiées par des
tiers indépendants.
Quand la technologie envisagée touche le public, il est important de l’associer
comme intervenant et de gagner sa confiance dans le nouveau système. Ceci peut
nécessiter une campagne de communication à grande échelle pour informer la
population électorale des changements proposés. Avant le lancement d’une telle
campagne, il peut être utile de tester les propositions auprès de groupes témoins
ou de mener des sondages auprès de la population.
Des changements majeurs, comme l’introduction de nouvelles méthodes ou de
nouvel équipement de vote, peuvent devoir être soumis à des enquêtes publiques,
comme une commission d’enquête ou une enquête par un comité parlementaire. Des
enquêtes publiques sont une bonne occasion de jauger la réaction publique,
selon les opinions exprimées et l’intérêt qu’y portent les médias. La
coopération efficace des OGE avec les enquêtes publiques favorise aussi la
confiance et la compréhension de technologies proposées.
La maturité de l’environnement politique aura aussi un impact sur l’acceptation
d’une nouvelle technologie. Une société en phase transitoire peut avoir des
espérances très élevées ou, au contraire, une grande méfiance. Il est bon d’être
conscient de ces possibilités et d’y être préparé.
Dans les environnements politiques matures plus stables, il peut y avoir
une résistance à l’innovation du fait que les systèmes actuels fonctionnent bien.
Dans ce cas, le changement doit être présenté de façon à convaincre les
intervenants que l’adoption de la nouvelle technologie peut apporter des
avantages réels.
Gérer les attentes élevées
Alors que certaines personnes peuvent être méfiantes ou soupçonneuses envers
la technologie, d’autres peuvent trop en attendre. Cela peut être
particulièrement vrai pour les gens qui n’ont pas eu beaucoup d’expériences
avec la technologie et ont l’espoir irréaliste que la technologie peut résoudre
un problème précis. Les espoirs déçus peuvent mener à un manque de confiance envers
le processus électoral dans son ensemble.
Les fonctionnaires d’OGE peuvent abaisser les espérances irréalistes en
étant transparents, en consultant efficacement et en informant les intervenants
des possibilités et des risques associés à l’adoption de nouvelles solutions de
la technologie.
Surmonter les problèmes structurels
D’habitude, le succès d’une nouvelle technologie exige qu’il y ait des
ressources humaines et physiques suffisantes pour la gérer convenablement. Le
personnel ou les consultants qui peuvent mettre en œuvre et faire fonctionner efficacement
la technologie doivent être disponibles. Si ce n’est pas le cas, une main-d’œuvre
adéquate devra être formée.
Si on prévoit que des fournisseurs externes sont utilisés, leur coût doit
être pris en compte en adoptant la nouvelle technologie. Des fournisseurs
externes peuvent être nécessaires non seulement pour installer la technologie,
mais aussi pour la faire fonctionner, l’entretenir et la mettre à niveau.
Évaluer la sécurité du milieu
La sécurité du milieu peut aussi avoir un impact sur le succès d’une
nouvelle technologie, particulièrement dans les pays qui sont en transition
vers la démocratie. S’il y a un risque que le processus électoral soit perturbé
par l’agitation civile ou le sabotage, une technologie robuste et flexible
devra être choisie, de sorte qu’elle puisse fonctionner même si une partie du
système devient inopérante. Ceci peut exiger des stratégies telles que le
maintien de sauvegardes multiples des données en différents lieux, ou des
moyens garantissant que les réseaux fonctionnent même si un ou plusieurs liens
ne sont pas disponibles. Un système de dépannage manuel peut être la meilleure
façon d’assurer la protection d’un système en cas de défaillance irrécupérable.
Les milieux visés par une mission de maintien de la paix peuvent être
considérés comme des environnements difficiles et compliqués où mettre en œuvre
une nouvelle technologie, en raison du manque d’infrastructure et du besoin d’accomplir
un grand exercice logistique en peu de temps. Une combinaison des stratégies
décrites ci-dessus peut être nécessaire pour donner un résultat satisfaisant.