Le fonctionnement des médias est l'un des aspects de l'administration des élections financièrement déterminés par les contextes politique et social. On retrouve ce phénomène dans deux dimensions qui se chevauchent, à savoir :
- Le niveau de développement social et économique du pays et les conséquences qu'il a sur la structure de l'auditoire des médias et sur son sens d'appartenance - et la source des renseignements qu'obtient le public.
- Le niveau d'expérience qu'ont les médias à faire des reportages sur les élections démocratiques - et le niveau de liberté dont ont joui les médias par le passé.
Parler de la mondialisation de l'information est devenu monnaie courante. Plusieurs déplorent « l'américanisation » des campagnes électorales - l'utilisation d'images superficielles télévisées dont le contenu est peu substantiel. Ces deux points de vue différents font la même supposition : un certain type de média et un certain type de langage de campagne prévalent à travers le monde. Et pourtant, on est loin de la réalité. Un grand nombre d'électeurs n'ont pas accès à la télévision à cause de leur pauvreté. Bien d'autres ne peuvent lire les journaux à cause de la pauvreté et de l'analphabétisme. (Par contre, dans les pays touchés par le désert du Sahara, en Afrique, plus de gens lisent les journaux qu'il y en a qui regardent la télévision. Alors, même si la demande d'information est sans doute plus mondialisée que par le passé - plus que lorsque Marshall McLuhan a inventé l'expression « village global » dans les années 1960 - les particularités nationales sont toujours très importantes. En aucun moment, elles ne sont aussi importantes que pendant les élections, qui sont des événements nationaux absolument essentiels1.
Dans les pays qui ont une récente histoire d'autoritarisme, les médias financés à même les deniers publics sont aussi sous le contrôle sévère du gouvernement. Ailleurs, dans la plupart des pays de l'Europe de l'Est, par exemple, il existe une histoire de diffusion indépendante du gouvernement, ce qui augmente le pluralisme des médias. Mais dans les pays où la culture de pluralisme politique est faible, les journalistes de l'État ne seront habituellement pas audacieux ou indépendants. L'organisme de réglementation devra alors être plus vigilant pour s'assurer qu'ils rendent service à la population comme il se doit.
Une circonstance semblable où l'on pourrait avoir recours à l'autorité de réglementation pour intervenir sur une base plus régulière a lieu lorsqu'existe une histoire de « discours haineux » et d'incitation à la violence par les médias partisans qui représentent différents groupes politiques ou ethniques.
En de telles circonstances, le rôle de l'organisme de réglementation est de garantir une pluralité de voix au sein des médias et non pas de faire taire qui que ce soit.
Certaines questions plus pratiques sont plus difficiles à examiner dans une nouvelle démocratie que dans une démocratie bien établie. Par exemple, combien de temps de diffusion gratuit faut-il accorder à chacun des partis lorsqu'il n'y a pas d'antécédents d'élections démocratiques pour mesurer l'appui du public? Même ces difficultés ou différences ne doivent pas être exagérées. Plusieurs démocraties bien établies - les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, par exemple - ne tiennent à peu près pas , ou pas du tout, compte des résultats des dernières élections pour répartir le temps d'antenne. Elles le font sur la base d'égalité entre les partis. Les administrateurs des nouvelles démocraties qui planifient un système de réglementation ont donc plusieurs exemples desquels ils peuvent tirer des modèles.