Le Centre d'observation des médias avait commencé ses activités avant même les élections de 1998, publiant des sommaires des reportages qui offraient un aperçu de la situation politique et les scrutant pour y déceler des déclarations diffamatoires et des propos haineux. À l'approche des élections, ils ont également commencé à compiler des données de nature quantitatives indiquant le temps accordé aux partis politiques et à ses politiciens et le nombre de mentions pour chacun.
Au cours de l'élection même, ils commencèrent de plus à produire des rapports sur la qualité des reportages pour déterminer s'ils respectaient les exigences de la Commission électorale provisoire (CEP) voulant que les médias fassent des reportages justes et accordent un accès égal à tous les intérêts politiques. L'observation se faisait selon une procédure uniforme tous les jours de la semaine pour s'assurer qu'aucun reportage ne soit omis. Durant les trois semaines qui ont précédé la période d'interdiction de publicité qui commençait la veille de l'élection, le centre a observé sept chaînes de radio et de télévision de 17h00 à minuit les sept jours de la semaine.
L'observation portait sur les points suivants :
- le temps accordé à chaque intérêt politique lors de chaque bulletin de nouvelles ;
- le temps accordé à chaque intérêt politique lors des autres émissions ;
- la quantité de temps de la publicité politique en dehors des bulletins de nouvelles ;
- la quantité de temps des mentions des personnalités politiques seulement; et
- la quantité de temps consacré à des mentions négatives de partis politiques et des personnalités politiques.
Les trois premiers points visaient à déterminer si l'exigence d'accès égal était respectée en mesurant le temps consacré aux intérêts politiques et à leurs représentants. Les deux autres points visaient à déterminer lesquels parmi les candidats recevaient le plus de mentions. Ces derniers points n'avaient pas pour but de rédiger des rapports statistiques comme les précédents, mais visaient plutôt à donner un aperçu de l'attention portée à des politiciens spécifiques ou du degré des critiques dont ils faisaient l'objet. Une des responsabilités du Centre d'observation des médias étant également de noter les déclarations diffamatoires et les propos haineux, les statistiques concernant les propos de nature négative étaient accompagnées de la teneur de ces propos dans le but d'évaluer le caractère et le degré des propos négatifs exprimés.
Le processus d'observation était exécuté en suivant des lignes directrices détaillées pour en assurer l'uniformité. Bien qu'évaluer le temps consacré à un intérêt politique lors d'un bulletin de nouvelles puisse paraître assez simple sans exiger de décision discrétionnaire, les exemples de lignes directrices suivantes démontrent que cette tâche peut présenter certaines difficultés :
- lors de bulletins de nouvelles qui mentionnent plus d'un parti politique, on attribue à tous les partis mentionnés le temps complet de l'événement en question (ce qui élimine la difficulté d'évaluer la répartition du temps lors de bulletins qui mentionnent plus d'un parti) ;
- le temps consacré à des mentions de dirigeants de partis ou des enregistrements les concernant doit être attribué au parti ;
- les émissions concernant les politiciens élus qui accomplissent leurs fonctions à l'intérieur du pays ne sont pas considérées comme faisant partie de la campagne électorale ;
- les mentions concernant les activités de partis affiliés d'autres pays et qui surviennent dans leurs pays ne sont pas considérées ; et
- les mentions à l'effet qu'un parti politique donné n'a pas participé à un événement ou à une activité ne sont pas considérées comme du temps consacré à ce parti.
Ces élections on présenté des problèmes particuliers pour les observateurs des médias, surtout pour déterminer ce qui constituait un «intérêt politique». Les élections avaient lieu simultanément pour plusieurs niveaux de gouvernement, soit pour la présidence, pour le Parlement de la Fédération de la Bosnie-Herzégovine, pour la présidence de la Republika Srpska et pour les niveaux cantonal et municipal. Pour compliquer la situation, plusieurs partis avaient formé des coalitions de compositions différentes selon le niveau de juridiction.
Durant la campagne, les préposés du Centre d'observation des médias ont enregistré toutes les émissions des principaux médias pour ensuite analyser celles à caractère politique. Ils devaient alors déterminer le contenu qui concernait la campagne tout en excluant les reportages qui concernaient les élus durant l'exercice de leurs fonctions. Après avoir sélectionné le matériel à analyser, le préposé cochait les cases appropriées sur des formulaires pour y indiquer la durée et le nombre des mentions positives, négatives ou neutres pour chaque candidat ou chaque parti de même que la catégorie d'émission analysée, par exemple une annonce publicitaire de parti ou un débat. Les données des formulaires étaient ensuite transposées sur des chiffriers pour produire des graphiques montrant les résultats sur une base journalière et hebdomadaire.
Chaque préposé pouvait observer deux ou trois postes par soirée et cocher ses formulaires durant les émissions. Des équipes de statisticiens colligeaient ensuite les formulaires cochés pour produire les graphiques.
Les graphiques hebdomadaires avaient pour but d'éliminer la distorsion qu'aurait pu causer l'attention portée à un parti ou à une personnalité politique donnée à cause des activités d'intérêt particulier qui pouvaient survenir au cours d'une même journée. Les graphiques étaient distribués durant le déroulement de la campagne électorale afin de permettre à chaque organe médiatique (ce qui est survenu au moins à une occasion) de rectifier les injustices qu'il pouvait avoir causées.
La Media Experts Commission (MEC) a émis l'opinion que cette procédure n'offrait pas une analyse en profondeur et suffisamment détaillée, ce qui n'était pas possible de réussir étant donné le nombre de préposés disponibles. Ce processus analytique a tout de même connu certains résultats, ayant prouvé que tous les médias observés, sauf un, avaient fait preuve de favoritisme envers un parti politique ou un autre, ce qui a permis à la MEC d'émettre des critiques envers ces médias pour avoir enfreint les règlements de la CEP.
Pour plus d'explications concernant la méthodologie d'observation des médias en Bosnie, voir Bosnia: media monitoring methodology.