Lors d'élections, les organismes de contrôle des médias font habituellement une distinction entre les médias qui sont partiellement ou totalement financés par le Trésor public et les médias privés. Même parmi les médias privés, ils font souvent une autre distinction entre les organes de presse et les radiodiffuseurs, vu que ces derniers ont reçu leur licence d'un organisme public.
Aux fins de cette étude, notre catégorie de médias publics touchera toute une gamme d'organes médiatiques, allant de ceux dont le contenu éditorial est assujetti au contrôle strict du gouvernement et jusqu'à ceux qui sont financés à partir des revenus fiscaux et des droits de licences et jouissant d'une garantie statutaire d'indépendance totale du contrôle du gouvernement élu. La plupart de ces organes médiatiques se situent quelque part entre ces deux extrêmes, mais ils ont tous comme trait commun le fait que les médias et la loi électorale les traitent tous de la même façon, bien que différemment des médias privés qui eux ont des obligations différentes.
En raison de leurs sources de revenu, les médias publics constituent une ressource positive pour l'électorat en raison du fait qu'il est largement accepté que leurs éditoriaux fassent preuve d'impartialité politique. C'est d'ailleurs ce qu'a fait valoir le Rapporteur spécial de la liberté d'expression de l'ONU dans son rapport de 1999 en faisant allusion à l'obligation des médias publics de laisser s'exprimer les diverses opinions plutôt que de se faire la voix de la propagande d'un parti politique en particulier. Il leur incombe de plus d'éduquer l'électorat et de donner le droit de parole aux différents partis politique. (voir UN Rapporteur on Freedom of Expression: Report 1999)
C'est là un énoncé fondamental. L'utilisation des ressources publiques aux fins d'une campagne politique entraîne les mêmes implications légales et professionnelles, qu'il s'agisse d'argent, d'un véhicule, d'un édifice ou d'une chaîne de radio. De là découlent les dispositions législatives claires qui ont pour but de mettre les médias publics à l'abri d'ingérence de la part du gouvernement.
Les obligations des médias privés sont beaucoup moins sévères. Un environnement médiatique libre repose sur le principe que les radiodiffuseurs et les journalistes ne sont pas restreints dans ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas dire ou écrire, ce qui leur permet d'accomplir leur travail sans entrave en laissant toute la gamme d'idéologies politiques s'exprimer de manière libre et exacte. Les médias privés ont tout de même certaines obligations. Les normes professionnelles exigent que leurs reportages soient exacts et objectifs et qu'ils fassent preuve d'une distinction nette entre les faits et leurs commentaires.
Les radiodiffuseurs se voient habituellement accorder leur licence par un organisme public et cette licence est accompagnée de certains engagements stipulant s'ils ont le droit d'appuyer un parti politique, les bulletins de nouvelle qu'ils peuvent publier, s'il en est, de même que d'autres conditions, à savoir s'ils ont l'obligation de publier des messages d'intérêt public, par exemple éducatif.
De plus, toute législation ou réglementation de nature générale touchant les médias s'appliquera autant aux médias publics que privés et dans une même mesure, par exemple les dispositions imposant une période d'interdiction avant l'élection et la publication des résultats de sondages d'opinions. Bien qu'elles puissent s'appliquer de manière différente en période électorale, les dispositions générales, comme la législation en matière de diffamation s'appliqueront également et dans une même mesure aux médias publics autant qu'aux médias privés.