L'élection présidentielle de 2000 en Roumanie a offert un avant-goût du rôle que pourrait jouer l'Internet lors d'une élection, même lorsqu'il n'est pas utilisé par la majorité de la population. Des 23 millions d'habitants, les estimations veulent que seulement 600 000 Roumains sont des internautes dont la moitié en font un usage régulier. Ce nombre a tout de même été jugé stratégiquement significatif à cause du degré élevé d'abstentionnisme et du fait que la majorité des internautes sont de jeunes professionnels susceptibles de voter.
La plupart des informations sur la campagne électorale offertes en ligne provenaient non pas des sites Web des journaux du pays qui n'étaient que peu nombreux, mais plutôt des fournisseurs de service Internet, des portails et des sites spécialisés offerts par des entrepreneurs roumains. Un de ces sites était http://www.politics.ro maintenu par Roumanie en ligne et qui offrait des informations sur les sept principaux partis politiques et sur leurs candidats, y compris un curriculum vitae de chaque candidat à la présidence et son agenda politique. Il présentait également des nouvelles politiques à jour, les résultats des sondages d'opinion et des sondages en ligne. Le jour de l'élection, ce site a présenté des données sur la participation des électeurs et sur les sondages à la sortie des bureaux de vote (voir Sondage à la sortie des bureaux de vote).
Les sites Web des partis politiques constituaient une autre source d'information en ligne. C'est là que la campagne a pris un tournant peu orthodoxe. Des pirates informatiques de partis opposés se sont mis à saboter les sites de leurs adversaires. À un certain moment, les internautes qui ont tenté de consulter un site d'un certain candidat ont été renvoyé à un site pornographique et, plus tard, à la liste des «individus les plus recherchés» du FBI, la force policière nationale américaine, pour finalement se retrouver sur un site offrant un résumé hostile de la vie politique du candidat. De telles pratiques ne sont pas inconnues lors d'une campagne électorale faite par des moyens conventionnels, mais une campagne qui a recours aux méthodes modernes ouvre évidemment la porte à des pratiques semblables plus nombreuses. 123