Au cours des dernières années le nombre de groupes civiques qui ont entrepris de surveiller les médias s'est accru - une pratique inconnue avant les années 1980. Leur objectif est de surveiller à quel point les médias - surtout ceux qui sont financés à même les deniers publics - respectent les lignes directrices auxquelles les organismes de surveillance ont donné leur accord, les normes d'équité, ou encore toute autre série de critères développés par les groupes civiques eux-mêmes. Cette pratique de surveiller les médias s'est surtout fait sentir dans les élections de transition en Europe de l'Est et en Afrique.
Les organisations non gouvernementales peuvent apporter une contribution pratique à des élections justes et réussie par une surveillance efficace des médias. Tout au moins les constatations que publient ceux qui ont assurer la surveillance des médias peut influencer la qualité de la couverture médiatique. Parfois, comme au Mozambique en 1994, le dialogue entre les surveillants et les journalistes est allé un peu plus loin. La salle des nouvelles de Radio Mozambique qui avait l'habitude de tenir une réunion hebdomadaire pour discuter des observations des surveillants, a décidé du bien-fondé de ces observations et élaborer des plans pour des améliorations. L'amélioration dans l'équilibre de la couverture à la radio - à l'égard des préjugés du parti au pouvoir - pouvait se mesurer tout au long de la campagne électorale. En d'autres cas, comme au Malawi en 1994, l'organisme électoral chargé de la surveillance (la commission électorale) pouvait prendre note des constatations des surveillants et invoquer ses pouvoirs pour tenter de rendre la couverture médiatique plus juste. En Afrique du Sud, en 1999, l'organisme chargé de la surveillance pouvait engager un groupe de surveillants non gouvernementaux pour agir comme ses yeux et ses oreilles.
Les origines intellectuelles de la surveillance des médias se trouvent dans le développement des études académiques sur les médias, comme le travail du Glasgow Media Group. Une analyse académique des médias, qui est d'abord adaptée aux médias sophistiqués des sociétés industrielles avancées, tend à se concentrer en large mesure sur ce qui est connu comme « une analyse de dissertation ». Il s'agit principalement de messages cachés transmis par le langage choisi - ou le langage visuel de la télévision et l'impact subtil ou subliminal qu'ils peuvent avoir sur la compréhension du téléspectateur ou sur l'interprétation du sujet. Une analyse de dissertation est certainement un élément de la surveillance des médias en temps d'élections. Généralement l'emphase sera sur deux autres normes qui sont plus faciles à comprendre et à mesurer. Elles sont généralement décrites comme des «analyses quantitatives» et des «analyses qualitatives». La première est la plus simple, la moins controversée et souvent celle qui a le plus d'impact. Il ne suffit pas de compter et mesurer la couverture médiatique des élections - le nombre et la longueur des articles consacrés à différents partis, la longueur de l'article en pouce-colonne, la durée et le nombre de programmes d'accès direct, etc. Le montant de couverture que chaque parti reçoit est généralement le premier critère examiné afin d'évaluer les allégations de préjugés.
« Une analyse qualitative », comme son nom le suggère, est une approche qui mesure la qualité de la couverture que les partis et les candidats reçoivent. Cela s'applique uniquement aux reportages des nouvelles, même si elle devrait s'appliquer également à l'éducation des électeurs. Une évaluation qualitative examine la langue utilisée et le message transmis - non pas les messages cachés de l'analyse de dissertation - et l'utilise pour « qualifier » la mesure quantitative. Il n'est peut-être pas très utile d'avancer que le Parti X a reçu un certain pourcentage des reportages de nouvelles, si une grande partie de cette couverture a des préjugés dans son contenu. Inévitablement mesurer les préjugés devient plus subjectif que de simplement compter les minutes, les secondes ou l'espace de colonne accordés à chaque candidat. Il existe cependant des façons de minimiser les préjugés potentiels de la part des surveillants. L'une d'elle est de compter et d'identifier les sources d'une histoire.
Certains projets de surveillance des médias connaissent leur début dans les initiatives des ONG internationales, comme l'Institut européen pour les médias en Europe centrale et en Europe de l'Est et L'ARTICLE 19, surtout en Afrique. Parfois ces initiatives internationales sont menées en partenariat avec des groupes locaux. Elle requiert toujours, évidemment, du personnel local puisque la compréhension des langues et des politiques locales sont des qualités essentielles pour un surveillant des médias.
Les projets de surveillance des médias qui impliquent des groupes locaux sont plus portés à adopter une approche plus activiste, en tentant d'améliorer la qualité de la couverture médiatique au fur et à mesure que l'élection progresse. Cela veut généralement dire que le projet fait rapport de ses constatations au public sur une base régulière avant les élections. D'autres projets ne publient peut-être pas leur constatations avant que l'élection soit terminée, leur objectif étant plutôt de contribuer à une évaluation globale de l'équité de l'élection.
Il est difficile d'évaluer l'efficacité de la surveillance des médias puisque l'objectif peut varier. Certains des facteurs qui déterminent l'efficacité de la surveillance peuvent être en dehors de son contrôle. Au Malawi en 1994, par exemple, le projet de surveillance des médias a contribué à une amélioration qui se mesure de l'équilibre du réseau de l'État au cours de la campagne. En 1999 - après cinq ans d'un gouvernement démocratique - un projet similaire a eu peu d'impact. La différence est qu'en 1994 il existait une commission électorale indépendante forte qui était prête à donner suite aux constatations du projet, alors que cinq ans plus tard elle n'existait plus. Cela ne signifie pas, toutefois, que la surveillance des médias a été une perte de temps. Le rapport final du projet contenait des preuves valables de la manipulation des médias par le gouvernement, ce qui a été invoqué par l'opposition lors d'une contestation légale des résultats de l'élection (voir " mey13").
Pour plus de renseignements sur la méthodologie de surveillance, (voir ARTICLE 19: Media Monitoring Manual.)