Les médias contribuent au contrôle du processus électoral en tenant l’opinion publique informée des opérations électorales et de la campagne politique. Ils jouent également un rôle d’investigation important en aidant à détecter et à rendre publics les cas de fraude et de corruption dans ce domaine.
Conditions requises pour un contrôle efficace des médias
Plusieurs conditions sont généralement réputées indispensables pour que les médias puissent servir de mécanisme efficace de contrôle de l’intégrité. Ils doivent avoir accès au processus électoral et à ses participants. Ils doivent disposer d’un environnement sûr leur permettant d’enquêter et de communiquer les informations sans subir d’intimidation ou craindre des représailles. Ils doivent également pouvoir publier leurs rapports sans être censurés. Plus précisément, les médias requièrent :
- La liberté d’expression et la liberté de la presse : les médias doivent pouvoir librement couvrir et rapporter les événements liés aux élections sans subir de restriction ou de censure. Les lois sur la diffamation ne doivent pas être utilisées pour menacer les journalistes et les forcer à limiter leur couverture médiatique.
- Une protection contre l’intimidation et la violence : les médias doivent pouvoir enquêter et communiquer sur les événements sans subir d’intimidation ou être victimes d’actes de violence.
- La liberté de circulation : les journalistes doivent pouvoir se déplacer librement afin de suivre les campagnes nationales des candidats et de vérifier le déroulement de l’administration électorale dans tout le pays, y compris dans les régions éloignées.
- Un accès : les journalistes doivent pouvoir accéder aux responsables électoraux, aux sites des élections, aux candidats et aux électeurs. Ils doivent avoir accès aux informations du gouvernement afin de pouvoir enquêter et vérifier l’exactitude de leurs travaux.
- Une égalité de traitement : les médias doivent être traités sur un pied d’égalité, qu’ils appartiennent à un propriétaire privé ou qu’ils soient contrôlés par l’État, et sans qu’il soit fait référence aux tendances politiques qu’ils pourraient éventuellement refléter. Cette égalité de traitement doit se retrouver dans l’accès aux personnes, aux sites électoraux, aux informations et aux ressources d’édition, mais aussi dans les autorisations délivrées par l’État, notamment concernant les licences et la radiodiffusion.
Protection et surveillance des médias
Les médias ont acquis un degré de protection similaire à celui des superviseurs nationaux. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a ainsi nommé un Représentant pour la liberté des médias qui observe l’état de la liberté des médias dans les 55 pays membres de l’OSCE et qui encourage le respect des principes et des engagements de l’Organisation en matière de liberté d’expression et de liberté des médias. Certaines ONG se consacrent également à la protection des journalistes.
Les observateurs nationaux et internationaux contrôlent également la liberté de la presse et l’exactitude des comptes rendus électoraux. Pour le premier et le deuxième tours de l’élection présidentielle ukrainienne de 2004, par exemple, les superviseurs ont découvert que les responsables gouvernementaux avaient limité la possibilité pour les médias de rapporter certains événements ou problèmes. Cela a altéré la couverture médiatique en faveur du candidat à la présidence du parti au pouvoir. Ce n’est qu’au dernier tour de l’élection, après contestation de la validité des résultats du scrutin précédent devant la Cour suprême, que, selon les observateurs, la censure a été levée et que la couverture médiatique a retrouvé un semblant d’égalité [1].
Répercussions sur l’intégrité électorale
Une bonne couverture médiatique du processus électoral est utile à bien des égards.
- Elle améliore la transparence, qui exerce un pouvoir dissuasif sur les fraudes et les abus au cours du processus électoral. La transparence contribue également à améliorer le processus lui-même, puisque les incohérences, les problèmes et autres défauts sont mis en évidence et rendus publics, obligeant les administrateurs électoraux et les décideurs politiques à y remédier. En Inde, par exemple, les médias sont encouragés à couvrir les élections afin de renforcer cette transparence. La Commission électorale indienne fournit aux médias les structures nécessaires pour couvrir le processus électoral et distribue des laissez-passer qui permettent aux journalistes d’entrer dans les bureaux de vote et les centres de dépouillement.
- Elle renforce les connaissances et améliore l’information du public concernant les élections, les candidats et les questions d’actualité. La couverture des élections dans la presse et ses commentaires concernant les plateformes des candidats fournissent aux électeurs les informations dont ils ont besoin pour faire leur choix en connaissance de cause le jour du scrutin. La couverture de la presse renseigne également les électeurs sur les questions liées aux élections : date du scrutin, emplacement et horaires d’ouverture des bureaux de vote, lieux où il est possible de s’inscrire sur les listes électorales, etc.
- Enfin, elle dévoile au grand jour les comportements frauduleux ou discutables. Les médias assurent la surveillance de l’intégrité, en dévoilant les cas de fraude et de corruption. Ils contribuent ainsi à ce que les responsables rendent compte de leurs actes. Ils dissuadent également les tentatives de se comporter de manière illégale ou contraire à l’éthique.
[1] OSCE/BIDDH, Ukraine, Presidential Election: 31 October, 21 November and 26 December 2004. OSCE/ODIHR Election Observation Mission Final Report, Varsovie, mai 2005.