Les opinions diffèrent quant aux avantages de la démocratie interne de parti.
Arguments en faveur de la démocratie interne de parti
La logique qui s'applique au système de démocratie devrait s'appliquer aussi, ainsi est-il allégué, aux affaires internes des organisations de parti politique elles-mêmes. L'objectif de la démocratie est que le peuple ait le droit de choisir. Grâce aux élections, il sélectionne et contrôle ses maîtres politiques. Tout comme les citoyens d'une nation ont le droit d'exprimer leur opinion par leur suffrage lors des élections, de même les membres d'un parti politique devraient avoir le droit de sélectionner et de rejeter leurs chefs, leurs élus et leurs candidats à des fonctions publiques.
L'Allemagne est un pays où la valeur de la démocratie interne de parti est considérée comme allant de soi. La Loi fondamentale de 1949 stipule au sujet des partis politiques que « leur organisation interne devra se conformer aux principes démocratiques » (article 21, para. 1).
La démocratie interne de parti était une revendication majeure des réformateurs du Parti progressiste aux États-Unis vers le tournant du vingtième siècle. Ils se plaignaient que les patrons corrompus des « machines politiques » dans pas mal de villes et d'États dominaient l'organisation des partis politiques. Les patrons demeuraient au pouvoir parce qu'ils avaient conquis une charge élective auparavant ou parce qu'ils contrôlaient un groupe d'élus; ceux-ci accordaient alors des emplois, des contrats publics et d'autres avantages matériels à leurs préférés. Grâce à ces moyens corrompus, une clique dominante gardait mainmise sur le pouvoir au sein de l'organisation du parti - généralement une organisation de parti dans une ville. Les partisans du parti avaient de bonnes chances d'obtenir de menues faveurs s'ils demeuraient soumis à leur chef de section et de ville, mais ils n'avaient jamais aucune chance d'avoir voix au chapitre dans les affaires du parti.
Comme suite au chaos au congrès de désignation présidentielle des démocrates à Chicago en 1968, le parti décida une fois de plus d'introduire des réformes qui augmenteraient les pouvoirs des militants de la base et diminueraient ceux des « patrons » tels le maire Richard J. Daley de Chicago.
Les réformateurs ont introduit différentes mesures pour consolider la démocratie interne du parti.
1. Les partis politiques furent tenus de gérer leurs affaires internes en accord avec les procédures exposées dans les lois adoptées par les gouvernements des États et mises à l'épreuve devant les tribunaux.
2. Il y a une élection primaire. Son but est de refuser aux dirigeants de parti et aux élus le pouvoir de sélectionner des candidats agréés du parti à des charges électives (maire, gouverneur d'État, membre du Congrès, etc.). Dans leurs détails, les réglementations varient d'État en État à l'intérieur des États-Unis. Elles donnent aux membres de chaque parti (définis habituellement comme des électeurs s'étant enregistrés comme partisans de parti) la possibilité de voter à l'élection interne de parti pour choisir le candidat agréé (voir aussi Réglementation en système SUM).
3. Lorsqu'il s'agit de la nomination du candidat de chaque parti pour une élection présidentielle, le processus est plus complexe, mais également conçu, depuis 1968, pour donner aux militants de la base du parti voix au chapitre. Les délégués au congrès national désignent le candidat. Une forte proportion de ces délégués sont sélectionnés dans leur propre État, soit à la faveur d'une élection primaire, soit à la suite d'une série de réunions locales de parti. Ces réunions de parti doivent être organisées de manière à s'assurer que les électeurs inscrits comme militants du parti soient avisés en temps voulu et à même de participer.
Arguments contre la démocratie interne de parti
Il y a deux arguments principaux, un de nature théorique, l'autre pratique.
D'abord, on peut soutenir raisonnablement que l'esprit de la démocratie implique essentiellement le choix entre un nombre de partis politiques et une variété de candidats. Dès lors que l'électeur dispose de ce choix, la structure interne de chaque parti est sans importance. Si un électeur n'aime pas la façon dont un parti s'organise, il a le loisir de voter pour un autre parti. La menace d'impopularité électorale constitue la meilleure garantie contre tout comportement dictatorial et corrompu de la part des dirigeants du parti.
Une comparaison avec l'économie illustrera ce point. Pourvu que le consommateur ait le choix entre plusieurs magasins différents ou entre les services de diverses compagnies, il est sans importance comment chaque magasin ou chaque compagnie s'organise. Plutôt que d'exiger que les directeurs de compagnie soient responsables vis-à-vis de leurs clients, ceux-ci ont le pouvoir - au cas où ils seraient mécontents - d'acheminer leur clientèle ailleurs. L'esprit mercantile et les autres abus ne sauraient prospérer que si le choix du consommateur est réduit.
Ensuite, il y a des considérations pratiques qui rendent la démocratie interne de parti difficile à réaliser et ouverte à des abus. Alors qu'une proportion relativement élevée d'électeurs admissibles peut prendre part aux élections générales, une petite minorité seulement d'enthousiastes - qui ne sont pas représentatifs - participeront à des élections internes telles que les primaires. L'expérience montre que ceux qui prennent part aux élections primaires ne sont pas représentatifs des adeptes du parti en général. Ils sont plus idéologiques et plus extrêmes.
Sur ce point, comme sur d'autres, nous ne cherchons pas à prendre position en faveur d'une thèse ou d'une autre dans un débat complexe qui se poursuit.