Les présidents sont élus directement dans une minorité seulement des démocraties établies. Comme dans ces élections les électeurs partout dans la nation choisissent une seule personne, des barrières spéciales sont nécessaires pour assurer que le bulletin de vote ne comporte que des prétendants sérieux et n'embrouille pas les électeurs avec une profusion de noms.
Le présent fichier résume les processus par lesquels les partis politiques choisissent leurs candidats présidentiels et les barrières légales imposées à ceux qui souhaitent que leur nom soit inclus sur le bulletin de vote.
Sélection de candidats présidentiels par les partis politiques
L'étude d'Austin Ranney sur la sélection des candidats comporte ce résumé de conclusions basé sur un examen de la sélection de candidats présidentiels dans cinq pays : la Colombie, la Finlande, la France, les États-Unis et le Venezuela :
« La sélection des candidats présidentiels est généralement beaucoup plus fluide, changeante et ad hoc que ne l'est la sélection des candidats parlementaires. Les organisations de parti sont moins vitales et les organisations centrées sur les candidats sont beaucoup plus importantes. La sélection de candidats controversés par la victoire d'une faction sur une autre risque plutôt d'aboutir à des fractionnements ouverts de parti et à des candidatures dissidentes. Plusieurs de ces différences découlent sans doute surtout de la visibilité particulière de la fonction présidentielle (qui dans tous les pays présidentiels est de loin plus éminente que celle de n'importe quel législateur) ainsi que de l'attention assidue que prêtent les médias de masse aux compétitions pour les investitures présidentielles. 8 »
Il convient de considérer à la fois comment les partis individuels s'y prennent pour se mettre d'accord sur un candidat présidentiel et comment les partis politiques négocient entre eux dans les systèmes multipartites. Comme il n'y a que deux partis significatifs aux États-Unis, les négociations entre partis ne sont d'habitude pas nécessaires : le candidat désigné par les républicains affronte l'appelé des démocrates. Mais la situation est différente dans un système multipartite comme en France. Là il y a une forte incitation pour un groupe de partis de s'entendre sur un candidat unique : un candidat représentant un bloc de partis a de bonnes chances de battre un assortiment divisé de rivaux arborant les couleurs de partis individuels.
Quant au choix du candidat agréé au sein des partis, les méthodes comportent soit un congès d'investiture à laquelle les notables des organisations locales du parti sont représentés, ou un système d'élections primaires, ou un amalgame des deux. Dans les pays africains, ce sont normalement les partis politiques qui désignent leurs candidats présidentiels respectifs, généralement à l'occasion de congrès de partis.
Les États-Unis sont un exemple de l'utilisation combinée de congrès de désignation et de primaires. Le candidat est choisi à un congrès national de désignation. Toutefois, les délégués sont sélectionnés par une variété de méthodes. Certains sont des mandataires d'organisations nationales de parti, mais beaucoup d'autres ont été choisis lors d'élections primaires spéciales tenues dans la plupart des États pour choisir les délégués qui sont tenus de voter pour un concurrent particulier. La sélection de délégués par le biais de primaires apparaît comme une méthode plus démocratique que la sélection de mandataires d'organisations nationales de parti, et évite les disputes juridiques au sujet de la validité des sélections de délégués arrêtées dans des réunions ordinaires de parti.
Cependant, la méthode de sélection des délégués par des primaires a été critiquée en vertu du fait que seule une petite proportion de partisans exceptionnellement acharnés votent dans les primaires. La sélection par le biais des primaires est critiquée aussi parce qu'elle dépouille les mandataires du parti - ceux qui ont le plus d'expérience et aussi l'enjeu le plus grand dans un futur succès électoral - de leur autorité sur le processus de sélection. Autrement dit, les élections primaires favorisent une méthode de sélection centrée sur le candidat plutôt que sur le parti et, de ce fait, affaiblissent la structure du parti.
La Finlande et la France illustrent le processus de négociation entre partis potentiellement alliés dans les systèmes multipartites. En Finlande, les partis individuels élisent des délégués à un congrès de désignation où les différents partis se rencontrent. Là, des ententes ont lieu entre les partis, et les politiciens qui espèrent gagner doivent chercher l'appui de délégués de partis autres que le leur.
En France, les élections présidentielles sont soumises à un système à deux tours. Ceci permet aux candidats rivaux appartenant à la droite ou à la gauche du spectre politique de se présenter au premier tour. Le premier tour fonctionne donc comme une sorte d'élection primaire nationale dont un champion unique émergera tant de la gauche que de la droite. Les champions participeront ensuite au second tour.
Exigences pour l'investiture de candidats présidentiels
Aux États-Unis, les compétitions présidentielles doivent aussi respecter les règles limitant l'accès à l'investiture de candidats de partis autres que les républicains et les démocrates. En pratique, ceci rend l'accès particulièrement difficile pour les élections présidentielles, dès lors que le candidat indépendant devra s'arranger pour satisfaire aux exigences de chaque État (voir Signatures).
Dans d'autres pays, l'accès à l'investiture comporte des barrières plus élevées pour les candidats présidentiels que pour les candidats à l'assemblée législative. En Russie,
une association électorale, un bloc électoral ou un groupe d'électeurs qui d'initiative a proposé un candidat pour les fonctions de président ... doit rassembler pas moins d'un million de signatures d'électeurs à son appui, étant entendu que pas plus de 7 % du nombre total des signatures requises ne peuvent provenir d'un même sujet (c'est le vocable sous lequel on désigne les entités fédérées qui ont des statuts variés, républiques, districts, etc.) de la Fédération russe.
Au cas où l'élection du Président de la Fédération russe est tenue prématurément, le nombre de signatures d'électeurs à rassembler sera réduit de moitié.
La Commission centrale électorale de la Fédération russe examinera les documents dans un délai de dix jours à partir de la date de leur réception et décidera si la procédure d'investiture répond aux exigences de la loi fédérale. Elle statuera sur l'inscription des candidats ou établira, dans les 50 jours, une décision motivée de refus d'enregistrer.9
Pour plus de renseignements, voir aussi Traitement des mises en candidature.