Le trafic illégal de drogues est devenu la principale activité des syndicats internationaux du crime organisé. Le trafic des narcotiques requiert le versement de pots-de-vins et de contributions politiques à des politiciens qui doivent fermer les yeux sur un comportement illégal à grande échelle.
À la fin des années 1980, Interpol rapporta qu'environ un tiers de ses cas étaient à certains égards apparentés à de la corruption d'autorités publiques en rapport avec les drogues.
Le trafic de drogues a peu de frontières internationales. Cependant, il touche en particulier certains pays latino-américains où les drogues sont produites. Le problème est illustré par une étude récente de la Colombie, foyer des cartels de drogues de Medellin et de Cali. Eduardo Posada-Carb rapporte :
« Le 21 juin 1994, juste quelques heures après que finissaient les célébrations électorales, le public colombien apprit l'existence de certains enregistrements, surnommés « narco-cassettes », dont le contenu suggérait que de l'argent provenant du trafic de drogues avait financé la campagne électorale présidentielle. Des raids de police quelque huit jours plus tard produisaient des preuves documentaires reliant le cartel de drogues de Cali à un nombre significatif de politiciens...
Le scandale conduisit à une action pénale contre des figures proéminentes à une échelle sans précédent en Colombie. Fernando Botero, le directeur de la campagne électorale présidentielle d'Ernesto Samper et, jusqu'en août 1995, son ministre de la Défense, purge actuellement une peine de prison. Le trésorier et l'administrateur de la campagne aussi sont derrière les barreaux. Environ 20 membres du Congrès sont actuellement objet d'enquête, certains sont en état d'arrestation. Le procureur général a été démis de ses fonctions et est maintenant en prison. »
Les élections colombiennes sont financées aussi par des contributions d'entreprises commerciales telles que le Grupo Santo Domingo. Ce fait est justifié par le sénateur Jaime Arias, dirigeant du partido conservador par cet argument : « S'il n'y avait pas les contributions des grosses compagnies, il y aurait plus d'argent des mafiosi. »
Cette crainte du financement de campagne par les cartels de drogue est à peine surprenante. La hausse dramatique des taux d'homicides depuis la fin des années 1970 suggère un lien étroit entre le trafic de drogues et la violence. L'assassinat en 1989 de Luis Carlos Galban, le mieux placé dans la course à la présidence, stupéfia le pays. La mesure dans laquelle l'argent du trafic de drogues s'est introduit dans la propagande électorale ne saurait être déterminée avec quelque degré de précision. Une commission établie pour examiner la question après la campagne électorale de 1982 reconnaissait que : « certaines personnes sans la moindre formation politique ont gagné accès à des sièges parlementaires à la faveur de marchés dans lesquels l'argent de la drogue était un facteur ».
« Lors de l'élection présidentielle de 1994 les sommes provenant des cartels de drogue dont on prétend qu'elles ont pénétré la campagne étaient sans précédent : les estimations varient de 3 millions de dollars par les autorités fiscales à 6 millions par certains journalistes. En outre, on ignore combien d'argent de la drogue s'est introduit dans les campagnes des membres du Congrès et autres élus. »48