On considère communément comme allant de soi que la divulgation des contributions politiques est toujours souhaitable (voir Démocratie au sein des partis). Bien qu'une telle divulgation soit probablement avantageuse dans la plupart des cas, il ne faudrait pas tenir pour acquis qu'elle soit toujours dans l'intérêt public.
Arguments pour la divulgation
Les électeurs ont sans doute le droit de savoir le plus possible au sujet des différents partis politiques et des candidats pour lesquels ils sont invités à voter. L'information à propos de ceux qui prêtent leur appui financier à chaque parti est un élément qui pourrait raisonnablement influencer les choix électoraux, car elle fournit une indication précieuse quant aux programmes probables, aux activités et au style politique du dit parti.
La divulgation des contributions politiques facilite la détection (et donc la prévention) d'une éventuelle corruption en politique. Si un magnat des affaires fait une contribution politique substantielle au parti gagnant et dans la suite remporte un contrat gouvernemental favorable, il sera, bien entendu, plus aisé de poser des questions au sujet d'un lien possible entre la contribution et le contrat si les faits au sujet de la contribution sont dans le domaine public.
Arguments contre la divulgation
L'argument habituel est que les règles de divulgation constituent une violation injustifiée de la vie privée. Après tout, il est aujourd'hui accepté que le vieux système, où les votes étaient exprimés en public, empêchait un choix électoral libre, les électeurs étant mis sous pression de voter conformément aux instructions et aux intérêts de leur propriétaire et de leur patron. La liberté postulait un scrutin secret. Dans ce même ordre d'idées, on peut faire valoir que la libre participation à la politique est susceptible d'être contrariée si les donateurs sont forcés de se dévoiler comme tels. Toutes les fois que l'on oblige les donateurs à des partis politiques à révéler leurs contributions, ceux-ci sont de ce fait forcés de dévoiler leurs allégeances politiques. Le principe du scrutin secret est donc trahi.
Il y a trois circonstances particulières dans lesquelles les donateurs potentiels peuvent avoir une raison légitime d'éviter de révéler leurs contributions politiques aux autorités ou au public.
- Les personnalités publiques telles que juges, fonctionnaires, membres des forces armées, personnalités de gouvernement local et directeurs d'école sont supposées maintenir une position de neutralité politique, en dépit de leur droit de voter et de leur droit de contribuer à des partis politiques. Les exigences de la divulgation vont probablement les empêcher de faire une contribution.
- Les hommes d'affaires peuvent avoir le sentiment qu'ils seront défavorisés lors de l'adjudication de contrats de gouvernement local s'il est connu qu'ils ont appuyé un parti politique ou un candidat impopulaire.
- Enfin le cas le plus important : les règles de divulgation vont empêcher les contributions à des partis et à des candidats d'opposition dans des pays où il y a un parti dominant au pouvoir, où la violence politique est répandue et où l'opposition est à peine tolérée. Dans ces circonstances (par trop fréquentes), les citoyens n'oseront guère appuyer ouvertement des candidats d'opposition. La divulgation favorisera donc fortement le régime au pouvoir.
Commentaire
Une vue de compromis acceptée dans un nombre de pays est que le droit à la vie privée doit l'emporter si les contributions politiques sont relativement petites, mais des contributions considérables devraient être divulguées. Le seuil au-delà duquel la contribution devrait être révélée varie (voir Seuils de divulgation).