La corruption liée au financement politique n'est guère différente d'autres formes de corruption lorsque l'on se réfère aux variations marquées qu'elle suscite dans l'opinion publique. De longues périodes d'indifférence alternent avec des crises soudaines et aiguës, lorsque la revendication est lancée à l'adresse du gouvernement de « flanquer les salauds à la porte » et que les appels à la réforme se font entendre.
Il est, de fait, difficile d'isoler les réformes qui ont commencé comme des initiatives d'anti-corruption : presque toute la législation relative au financement des élections et des partis politiques a été introduite comme une réaction à des scandales. Sans nul doute, la corruption et les soupçons de corruption en rapport avec le financement politique ont été la source principale du mécontentement au sujet du fonctionnement de la démocratie au cours des années récentes dans le plupart des nations industrialisées du groupe des Sept (l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et le Japon). Peut-être le Canada est-il l'exception dans cette liste.
Une réaction compréhensible et commune au scandale a été d'établir quelque forme d'enquête, suivie d'une nouvelle législation.
En Italie, la crise de corruption du début des années 1990 a mené à un referendum sur le financement public des partis politiques et à des demandes de changer ce que le public percevait comme un système profondément défectueux. On peut supposer que ce que les Italiens voulaient surtout était un changement - n'importe quel changement. Si le financement public des partis politiques avait été faible, la pression réformatrice eût fort bien pu prendre la forme d'une demande d'introduire de telles subventions publiques.
Aux États-Unis, les demandes de réforme sont venues dans la décennie de l'affaire du Watergate. Les nouvelles subventions publiques pour les campagnes présidentielles et les contrôles sur les contributions manquèrent de résoudre les problèmes des coûts croissants et de l'ignominie manifeste. Les méthodes de levée de fonds utilisées lors de la campagne électorale présidentielle de 1996 par le président Clinton et par le vice-président Gore ont mené à de nouvelles enquêtes judiciaires et à des demandes de nouvelles lois. La principale différence entre les années 1970 et les années 1990 est que, comme suite à leur désillusion au sujet des réformes des années 1970,ceux qui sont insatisfaits des règles sont devenus plus prudents et ne considèrent plus une nouvelle législation comme une panacée pour combattre la corruption.
En Grande-Bretagne, les inquiétudes publiques au sujet de possibles largesses en faveur des donateurs qui ont fait de grands versements non publics d'abord aux conservateurs et ensuite au Parti travailliste ont mené en 1997 à une enquête sur le financement des partis politiques. Elle fut menée par le Home Affairs Committee de la Chambre des communes. En 1997, un comité extra-parlementaire prestigieux sur les normes dans la vie publique, dit comité Neill, a lancé une enquête sur le même sujet. Ceci devrait mener à des recommandations pour une nouvelle législation.
En France, l'effet réciproque du scandale et de la nouvelle législation a été exposé dans les travaux d'Yves-Marie Doublet.
À titre de généralisation, on peut dire que les scandales ont mené à des enquêtes publiques. Ces enquêtes ont mené à des réformes, en particulier à des demandes d'une plus grande divulgation des contributions politiques et du financement public des élections et des partis. Toutefois, une généralisation plus poussée est que les réformes se sont parfois avérées une déception et n'ont pas réussi à empêcher par la suite des scandales causés par la recherche de fonds par les politiciens.
Il y a un nombre de raisons possibles pour cela. Une des plus importantes est que les infractions à la loi ont trop souvent fait l'objet d'enquêtes médiocres ou n'ont même pas été examinées du tout. En outre, la détermination des autorités à intenter des poursuites contre les malfaiteurs a beaucoup laissé à désirer dans certains pays. L'initiative la plus efficace contre la corruption en rapport avec le financement politique est, dès lors, une des plus difficiles, à savoir l'application systématique et courageuse des lois.
Le problème de l'application résulte de la combinaison de deux facteurs.
Comme on l'a vu dans plusieurs fichiers déjà, les politiciens et les donateurs importants sont souvent à même de trouver des échappatoires à la loi en utilisant des procédés qui ne sont pas manifestes. Il est rare de surprendre des hommes de main d'un parti sur le fait tandis qu'ils reçoivent des liasses de billets de banque prohibés. Il est difficile d'établir que les décisions favorables prises par un gouvernement sont une largesse en récompense d'une contribution. Dans les années 1970, l'administration républicaine à Washington prétendait que la décision relative aux subventions du lait n'était pas liée à des promesses de contributions. Dans les années 1980, les tribunaux ouest-allemands ont statué que les procureurs dans l'affaire Flick étaient incapables de prouver que la réduction d'impôts massive et discrétionnaire en faveur de l'entreprise Flick avait un rapport avec ses énormes contributions politiques. En Grande-Bretagne, le gouvernement Blair a prétendu que sa décision d'exempter les courses automobiles de Formule 1 d'une interdiction proposée de parrainage par l'industrie du tabac avait été prise indépendamment d'une contribution d'un million de livres reçue d'un acteur de premier plan du milieu de la Formule 1.
Les pressions politiques contre l'entreprise de poursuites tendent à être vraiment très fortes. Après tout, le financement politique met en cause quelques-unes des figures les plus puissantes dans toute société et peu de procureurs risqueront d'en faire une cible à moins qu'il n'existe une forte pression publique pour le faire.