Les démocraties devraient, sans contredit, encourager les citoyens à se présenter comme candidats à l'élection pour des fonctions publiques. De leur côté, les électeurs ont droit à une assurance que ceux qui se présentent aux élections le font dans un esprit sérieux et responsable. En outre, il n'est pas souhaitable que les électeurs soient confrontés à un si grand nombre de candidats qu'il devient presque impossible de faire un choix averti parmi eux.
Ce sont les raisons pour lesquelles il est nécessaire d'introduire des mesures pour dissuader certains individus qui pourraient chercher à abuser du système des élections compétitives. Plusieurs exemples réels illustrent le problème des candidats insignifiants ou irresponsables.
Exemples de candidats irresponsables
Certains peuvent vouloir avancer leur nom en guise de plaisanterie. En Grande-Bretagne, des candidatures ont été régulièrement présentées par « The Monster Raving Loony Party ». Un des plus constants parmi les candidats marginaux a été un ancien musicien pop du nom de « Screaming Lord Sutch ». Comme tous les candidats dans une élection parlementaire britannique ont le droit de paraître devant les caméras de télévision lorsque les résultats de l'élection sont annoncés, et comme le nom de tout candidat doit (en vertu de la loi) être mentionné chaque fois qu'il y a un reportage à la télévision ou à la radio au sujet de la campagne électorale dans la circonscription, les candidats plaisantins acquièrent de la célébrité. En Pologne fut créé un parti des buveurs de bière qui, en fait, récolta un nombre considérable de voix. Le « Mad Hatter's Tea » de Nouvelle-Zélande ne pouvait être surclassé en matière d'humour avec l'investiture en 1972 de M. Mouse.
Des groupes ayant des opinions politiques extrêmes peuvent présenter des candidats qui n'ont nul espoir de gagner, mais qui assurent à leur parti le droit à une émission gratuite offerte en Grande-Bretagne à tout parti politique ayant au moins cinquante candidats. Comme la caution de candidature est de 500 livres sterling par candidat, le coût de cinquante cautions (25 000 livres) donne à un parti le droit d'émettre ses vues sur les ondes - une occasion merveilleuse pour des groupes qui, par exemple, souhaitent exposer un morceau de propagande raciste à peu de frais.
Le fait qu'en Grande-Bretagne la loi autorise les individus à changer leur nom permet une autre forme de candidatures de plaisantins. Quelqu'un peut changer son nom de manière à ce que ce soit exactement le même (ou presque) que celui d'un politicien célèbre. Le candidat plaisantin peut alors se présenter aux élections dans la même circonscription que le politicien bien connu. L'électeur aura du mal à distinguer le véritable Edward Heath (l'ancien premier ministre conservateur en Grande-Bretagne) du faux Edward Heath (voire de plusieurs imposteurs). Ceci s'est produit en Grande- Bretagne, aux États-Unis et probablement ailleurs.
Il était possible, il y a quelques années en Grande-Bretagne, aux soldats qui souhaitaient quitter les forces armées, de faire appel abusivement à une échappatoire dans les règlements militaires. Comme il n'est pas désirable de permettre à des membres des forces armées en service de se présenter aux élections pour la Chambre des communes, et comme il est, par ailleurs, désirable de permettre aux soldats de jouir pleinement de leurs droits civils, des règlements spéciaux autorisaient un soldat qui souhaitait se présenter aux élections parlementaires de quitter l'armée, même si son contrat demeurait valide pour un bon nombre d'années. Brusquement, des douzaines de soldats firent usage de cette règle comme d'une manière aisée de rompre leur contrat.
Tous ces exemples illustrent le besoin de limiter les candidats marginaux. Ceci peut se faire de différentes façons. Citons parmi celles-ci l'exigence que les candidats (à l'exception de ceux qui représentent des partis politiques établis) doivent obtenir la signature d'un nombre considérable d'électeurs à l'appui de leur candidature. L'avantage d'un système de signatures est qu'il peut écarter les candidats marginaux sans pénaliser les candidats qui sont simplement pauvres et peuvent, dès lors, avoir du mal à rassembler les fonds d'une caution financière.
Le désavantage d'un système de signatures est qu'il est difficile à administrer et se prête aux abus. Les membres des commissions électorales ne seront peut-être pas en mesure de vérifier l'exactitude des signatures dans les délais de temps disponible pour les mises en candidature.
L'autre possibilité est un système de cautions financières.