À l'instar du système des cautions financières, le système des signatures est destiné à assurer que tous ceux qui se présentent comme candidats à des fonctions publiques le feront dans un esprit sérieux. Les candidats qui souhaitent être inclus sur le bulletin de vote doivent, sous le système des signatures, recueillir un nombre minimum donné de signatures à l'appui de leur candidature. Les effets pratiques de ceci dépendront du nombre de signatures à réunir, du temps disponible aux futurs candidats pour les récolter et du soin que mettent les autorités électorales à assurer que les signatures soient authentiques et valides.
Dans certains pays, la condition qui veut qu'une candidature soit appuyée de signatures, s'applique seulement aux candidats indépendants, ou aux candidats qui représentent un parti politique n'ayant pas d'appuis confirmés à une élection précédente. Cela repose sur le raisonnement que les candidats représentant des partis qui se sont montrés des concurrents sérieux dans une récente élection seront probablement eux-mêmes sérieux, et devraient être autorisés à mener campagne sans entrave en vue de remporter un mandat électif. En revanche, des barrières sont nécessaires pour vérifier l'intention sérieuse de citoyens indépendants ou de représentants de partis nouveaux qui n'ont pas été mis à l'épreuve, qui cherchent l'inclusion sur le bulletin de vote. La réputation du parti du futur candidat peut être vérifiée selon une variété de critères. En Autriche, par exemple, les signatures de trois membres du parlement sortant peuvent remplacer plusieurs centaines de signatures d'électeurs ordinaires.
L'avantage apparent de l'exigence de signatures, en comparaison d'une caution financière, est qu'elle paraît plus démocratique, dans la mesure où elle rend la qualification du candidat dépendante de l'appui public, plutôt que d'argent. Il y a, cependant, plusieurs inconvénients.
Désavantages du système de signatures
Ceux qui donnent leur signature le font à l'appui d'un candidat, c.-à-d. de l'inclusion de son nom sur le bulletin de vote. Les signatures ne signifient pas nécessairement que ceux qui attachent leur nom s'engagent à voter pour le candidat en question. Il peut donc y avoir une tendance chez les électeurs à accepter de signer, simplement pour terminer la conversation avec un démarcheur qui apparaît sur le pas de leur porte, afin qu'ils puissent retourner à leurs occupations (cuisine, jardinage, télévision). Autrement dit, la collecte de signatures peut être un test de bonne organisation plutôt que d'appui public. En outre, une bonne organisation s'achète avec de l'argent : un candidat peut payer des supporters pour récolter des signatures.
En dépit du fait que les signatures à l'appui d'une investiture ne signifient pas automatiquement une intention de voter pour ce candidat, un système de signatures se prête à la critique d'être contraire à l'esprit du vote secret.
Si le nombre de signatures requises est considérable, le système devient complexe, tant pour les futurs candidats que pour les administrateurs électoraux qui doivent vérifier les signatures.
Dans les cas où des élections sont déclenchées à brève échéance et le calendrier électoral est serré, le système des signatures peut présenter une barrière déraisonnable pour les candidats qui doivent les rassembler. Ceci s'applique en particulier si le nombre requis de signatures est grand. Les représentants de partis politiques qui sont exemptés de cette exigence peuvent alors avoir un avantage déloyal.
Exemples du système de signatures
Autriche : Les signatures de trois membres du parlement national, ou de 200 à 500 électeurs, selon la région.
Belgique : Les signatures de trois membres du parlement national, ou de 200 à 500 électeurs, selon la région (p. ex. Bruxelles : 500, Anvers : 400).
Grande-Bretagne : Dix signatures.
Canada : Une pétition de 100 électeurs dans la circonscription. L'approbation écrite du dirigeant est requise pour l'inclusion du nom du parti sur le bulletin de vote.
Danemark : Partis : représentation dans le Folketing sortant, ou signatures de l'équivalent de 1/175 du vote valide total à la dernière élection.
Finlande : 100 électeurs.
Allemagne : Pour les candidats indépendants : 200 électeurs inscrits. Pour les partis avec moins de cinq membres sortants au Bundestag, pour les listes d'État : une signature par mille électeurs dans l'élection précédente jusqu'à un maximum de 2 000.
Inde : Un électeur qualifié.
Italie : Chambre des députés : 500 à 1 000 électeurs. Sénat : 350 à 700 électeurs.
Pologne : Dans chaque circonscription, la liste de parti des candidats aux sièges législatifs devrait avoir l'appui sous forme de signatures personnelles d'au moins 5 000 électeurs résidant dans la circonscription. Cette exigence peut être abandonnée si un comité de parti a déjà obtenu 50 000 signatures pour d'autres circonscriptions ou a obtenu 5 000 signatures dans chacune de cinq circonscriptions. Il y a des dispositions spéciales pour les comités électoraux représentant des minorités nationales.
Russie : Pour la Douma, les candidats agréés des groupes de partis ou des blocs électoraux désignant une liste fédérale de candidats doivent obtenir 200 000 signatures dont pas plus de 7 % peuvent provenir d'une même entité fédérée de la Fédération russe.
Les candidats indépendants doivent obtenir un nombre de signatures équivalant à au moins 1 % du nombre total d'électeurs dans la circonscription. Au cas où l'élection des députés est tenue plus tôt que prévue, ce nombre sera réduit de moitié.14
États-Unis : Les États-Unis ont des règlements qui sont exceptionnellement lourds pour les partis autres que républicains et démocrates lorsqu'il s'agit d'inscription au bulletin de vote. Katz décrit la situation comme suit :
Les deux partis établis jouissent d'un traitement préférentiel, tandis que tout autre parti et les candidatures indépendantes sont activement découragées... Bien que le Dakota du Nord soit le seul État à garantir explicitement l'inscription aux partis démocrate et républicain et à les désigner nommément, tous les États à l'exception du Mississippi et de la Caroline du Sud garantissent l'inscription au bulletin à tout parti ayant une part spécifique d'électeurs inscrits ou du vote lors d'une élection précédente... Dans 27 États l'exigence est au moins 5 % du total des voix émises, et dans 11 de ceux-ci l'exigence est d'au moins 10 %.
Cela signifie que les partis petits et nouveaux sont obligés d'obtenir leur mention au bulletin de vote par une pétition de signatures.
En comparaison d'autres pays ... les partis et les candidats américains sont tenus d'obtenir beaucoup plus de signatures ... En outre, les candidatures américaines peuvent être soumises à une série déconcertante d'exigences techniques ... Et lorsque, comme en Floride, une contribution de vérification de 10 cents par signature est ajoutée à l'exigence de candidatures signées par 3 % des électeurs inscrits, il est facile de comprendre pourquoi les bulletins de vote dans les élections comportent rarement plus des deux candidats dont les positions sont assurées par la solidité du vote précédent de leur partis. (pp. 260-61.)