La Grande-Bretagne et le Canada sont deux exemples de pays où les candidats révèlent leurs dépenses de campagne. En Grande-Bretagne le relevé doit montrer que les dépenses ont été confinées dans les limites permises. Au Canada, le relevé des dépenses a, outre cet objectif, celui de déterminer le montant d'argent à rembourser au candidat.
Grande-Bretagne
L'agent du candidat doit élaborer le relevé des dépenses conformément à un format prescrit. Le candidat doit le signer sous serment et le soumettre dans les 35 jours de la déclaration du résultat de l'élection. Si un candidat élu manque de soumettre le relevé à temps, il ne peut dans l'intervalle prendre place ou voter à la Chambre des communes. S'il le fait tandis que son relevé est en retard, il est passible d'amendes quotidiennes. Si un candidat dépasse le plafond, il peut chercher à bénéficier d'un acquittement des tribunaux, si une erreur accidentelle de calcul a été commise de bonne foi ou s'il y a eu une infraction mineure ou par mégarde. Mais si le candidat est condamné pour acte illégal ou manoeuvre frauduleuse (autrement dit, un délit sérieux qui peut résulter de dépenses excessives), il risque de perdre son siège à la Chambre des communes.
Les lourdes sanctions soulignent le fait que les relevés de dépenses électorales doivent être pris au sérieux. Toutefois, en accord avec l'approche britannique à l'égard de la réglementation des campagnes électorales, les règles quant à ce qui constitue ou ne constitue pas une dépense électorale déclarable ne sont pas claires, à moins d'avoir déjà fait l'objet d'un procès dans le passé. Par exemple, le moment où la campagne électorale commence n'est pas déterminée (comme dans certains autres pays, p. ex. au Canada et en Australie) par quelque événement bien défini, comme la dissolution du Parlement ou l'émission du décret d'élection. Aux fins du calcul des dépenses, la campagne commence aussitôt que les candidats commencent à se lancer. Il leur est, cependant, loisible de promouvoir les politiques de leur parti bien qu'ils se fassent ainsi connaître aux électeurs locaux par la même occasion. Cette distinction subtile s'est dégagée d'une décision dans un cas qui remonte à 1910 (le cas East Dorset). Le verdict dans ce cas signifie qu'un candidat peut parler lors des réunions politiques aux conditions suivantes :
- qu'il le fasse sous l'étendard de son association locale de parti;
- qu'il se désigne comme un candidat éventuel plutôt que comme un candidat officiel;
- qu'il ne distribue pas sa photographie comme partie d'une quelconque littérature politique.
Quant aux dépenses encourues le jour de l'élection et les jours précédents, les incertitudes juridiques s'étendent à la question de savoir si un agent est obligé de noter comme
dépenses le coût commercial notionnel des pièces dans les maisons de bénévoles utilisées comme salles de réunion. Ceci aussi a fait l'objet de plusieurs cas judiciaires.
Ce genre de subtilités résulte de l'approche antagoniste qui est à la base de l'administration électorale en Grande-Bretagne (voir Modes de réglementation). Le soin de contester des infractions possibles à la loi devant les tribunaux est laissé à un des candidats perdants ou à son organisation de parti. Les autorités régulatrices ne prendront pas l'initiative. De même elles s'abstiendront normalement d'offrir des opinions consultatives quant à ce qui est compatible avec la loi et ce qui ne l'est pas.
Canada
Le système des relevés de dépenses des candidats n'est pas entièrement différent au Canada, et ses origines britanniques sont évidentes. Toutefois, il y a certains différences significatives entre les règles canadiennes et britanniques. Celles-ci résultent du fait que le Canada, comme l'Australie, s'appuie dans une large mesure sur le système bureaucratique d'administration électorale. Il y a des bureaux bien pourvus de personnel et hautement développés, à la fois au niveau fédéral et provincial, qui se consacrent spécifiquement à cette tâche. S'ils ont des doutes, les candidats peuvent d'habitude (bien qu'ils ne font pas toujours) faire appel aux opinions consultatives du directeur général des élections de l'agence fédérale Élections Canada, ou de ses homologues provinciaux.
- Contrairement à la Grande-Bretagne, les règlements canadiens exposent avec précision la période de temps à laquelle le relevé de dépenses doit se rapporter : les dépenses des candidats commencent au moment où le décret d'élection est émis.
- Outre l'information au sujet des dépenses, les relevés doivent inclure les détails de toutes les contributions supérieures à 100 $.
- Il y a des directives du directeur général des élections quant aux articles qui comptent et ceux qui ne comptent pas comme dépenses électorales. Cependant, ces directives n'ont pas évité tous les problèmes concernant la définition de dépenses électorales, comme indiqué dans le fichier Campagnes électorales.