Les syndicats ont été les principales organisations établies pour représenter les droits des travailleurs et pour participer en leur nom aux conflits avec leurs employeurs. Comme les grosses firmes ont financé les partis des classes moyennes, il n'est guère surprenant que les syndicats aient longtemps soutenu les partis de la classe ouvrière. Toutefois, la nature des liens organisationnels entre les syndicats et les partis sociaux-démocrates et communistes a fort varié tant entre pays qu'à l'intérieur d'un même pays au cours des ans.
Des exemples de liens organisationnels forts entre les syndicats et les partis travaillistes ou de centre-gauche se sont vus en Grande-Bretagne, en Scandinavie et (d'une manière plus complexe) aux États-Unis.
En Grande-Bretagne, l'organisme qui plus tard devait surgir comme le Parti travailliste était à l'origine établi en 1900 par une combinaison de petites sociétés socialistes et quelques syndicats. Comme, à l'époque, les députés n'étaient pas payés, comme les coûts de mener une campagne électorale pour la Chambre des communes étaient élevés et comme le Parti libéral n'était généralement pas disposé à sélectionner des candidats de la classe ouvrière parce qu'ils ne pouvaient pas contribuer de manière substantielle aux dits frais de campagne, une nouvelle méthode de financement paraissait essentielle. Des redevances politiques de la part des membres de syndicats étaient le moyen le plus efficace de recueillir assez d'argent en petits montants pour permettre aux candidats issus d'un milieu pauvre de prendre part à des élections parlementaires.
À partir de ces débuts, les redevances politiques spéciales versées par les syndicats devaient fournir la majeure partie des fonds du Parti travailliste au cours de toute son existence. Elles le font encore bien qu'elles soient devenues un peu moins dominantes au cours des quelques dernières années.
Justifications pour le financement par les syndicats
La principale justification pour le financement par les syndicats dans les démocraties établies est que cela a été essentiel étant donné les fonds d'habitude beaucoup plus vastes mis à la disposition de leurs adversaires politiques par les compagnies et les riches donateurs individuels.
D'ailleurs, l'argent récolté par les syndicats auprès de leurs membres a été d'habitude plus étroitement réglementé que les contributions parallèles par les riches et les compagnies.
Une troisième justification est que le financement par les syndicats a été l'expression d'une unité organique entre différentes organisations au sein de ce qui peut être appelé en gros le mouvement ouvrier dans chaque pays. Ce n'a donc pas été une question des syndicats cherchant à obtenir des privilèges spéciaux en échange de leurs paiements (ce qui est souvent le cas des contributions du monde des affaires aux politiciens et aux partis). Les contributions politiques ont été une activité fraternelle de la part d'un groupe d' organisations de travailleurs envers leurs alliés politiques naturels.
Il y a un argument supplémentaire pour l'implication des syndicats dans la politique des pays où il n'existe pas de tradition d'élections compétitives. Dans certains de ces pays, les syndicats peuvent être parmi les seules organisations indépendantes ou relativement indépendantes et la seule force capable de s'opposer au régime existant. Les rôles de certaines organisations syndicales africaines (par exemple en Zambie) et du syndicat polonais Solidarité, dans les années 1980, en sont des exemples.
Critiques du financement par les syndicats
Une source primordiale de préoccupations concerne les droits des membres individuels du syndicat qui ne sont pas nécessairement des adeptes du parti ou des partis auxquels les dirigeants syndicaux décident de contribuer. Même si les règlements (comme c'est le cas en Grande-Bretagne) permettent aux membres individuels des syndicats de signer un formulaire de non-participation à cette partie de leur cotisation syndicale qui est destinée à des fins politiques, le système sera sans doute inique malgré tout. Ceux qui ne se prévalent pas de la clause de non-participation par négligence continueront à payer la redevance politique même s'ils s'opposent aux buts auxquels celle-ci est destinée. Dans certains cas, les membres peuvent craindre qu'en se désistant de la redevance politique ils deviendront la cible des dirigeants syndicaux locaux.
Un souci additionnel est que les décisions au sujet de l'usage des fonds de redevance politique seront prises par un groupe restreint de dirigeants syndicaux qui sont, en pratique, insuffisamment obligés de rendre des comptes aux membres ordinaires. En outre, les dirigeants peuvent se voir attribuer des sièges dans le conseil de direction du parti auquel les contributions sont faites (c'est le cas dans le Parti travailliste britannique) ou avoir pour d'autres raisons une influence excessive sur la politique du parti.