Les pays n’ont pas tous les mêmes capacités sur le plan de la communication interne ou pour communiquer entre eux. Au 20e siècle, les avancées dans les technologies des communications sont venues par vagues; or, si toutes les avancées successives demeurent en place, il n’en reste pas moins que les pays ne leur font pas confiance de la même façon et ne présentent pas les mêmes besoins ni les mêmes limites.
Il est important que les formateurs comprennent la logistique des communications dans un pays donné et qu’ils ne tentent pas d’établir des programmes reposant sur des systèmes de haute technologie, lesquels ne pourraient être mis à jour ni même mis en œuvre. Ceci dit, la technologie ayant tendance à déborder des frontières, elle peut engendrer des conséquences pour le moins étonnantes. Par exemple, les pays en développement peuvent dépasser les pays développés, tel que certains l’ont fait ces dernières années eu égard à l’emploi des téléphones mobiles, des cellulaires ou des télécopieurs. Qui plus est, le courriel peut s’avérer plus fiable et plus accessible que les services postaux traditionnels.
En plus des messages de communication, les formateurs auront également à déplacer les gens et le matériel. Malheureusement, ceux-ci ne voyagent pas encore le long d’une ligne de téléphone, bien que même ceci soit en train de changer [1]. Les formateurs doivent donc aussi comprendre les infrastructures de transport.
Le déplacement des gens
Quelles sont les installations existantes et permettant d’amener les gens dans le pays? Dans la plupart des endroits, ceci comprendra des aéroports internationaux. Dans certains cas, comme à Sainte Hélène, un port peut être l’unique porte d’entrée. Et ce qui est encore plus important, quelles sont les infrastructures qui existent pour déplacer les gens à l’intérieur même du pays? Y a-t-il des compagnies aériennes locales? Celles-ci fonctionnement-elles en relation avec les autres formes de transport? S’il n’y a pas de compagnies aériennes, existe-t-il un réseau ferroviaire? Y a-t-il un service de bus nationaux reliant les villes? Au sein d’une ville ou d’une région, y a-t-il un service de transport public comme les bus, les métros ou les tramways? Les taxis sont ils une option? Et dans quel état se trouvent tous ces systèmes? Dans certains pays, il peut y avoir deux systèmes de transport distincts, un privé et l’autre public (y compris gérés par les forces militaires). Les formateurs devront savoir lequel de ces systèmes ils auront à utiliser ou s’ils peuvent recourir aux deux. Et qu’en est-il des régions éloignées? Par exemple aura-t-on besoin d’hélicoptères pour amener les gens dans les villages situés dans les montagnes?
Si l’on est tributaire essentiellement de la route pour se déplacer, quel est l’état du système routier du pays et comment ceci affectera-t-il le temps requis pour aller d’un lieu à un autre? Dans certains pays, parcourir 240 km (200 miles) peut prendre deux heures si on emprunte une autoroute. Dans d’autres par contre, cela peut prendre toute une journée. Et combien de kilomètres d’autoroute y a t-il? Dans quelle mesure les déplacements devront-t-il se faire sur des routes étroites ou mal asphaltées? Certaines routes sont-elles impraticables lorsqu’il y a du mauvais temps, et quel sera le temps prévu lors de l’opération entourant le programme de formation? Y a-t-il des véhicules adéquats qui sont disponibles et que l’on pourra acheter ou louer? Dans quel état sont-ils? Comment la disponibilité et le prix du carburant affecteront-il le transport?
Le déplacement des biens
Le déplacement des biens peut être aussi facile ou aussi problématique que le déplacement des gens. À peu près tous les éléments indiqués ci-dessus devront également être pris en compte au chapitre du matériel de gros. Dans plusieurs cas, les formateurs pourront transporter eux-mêmes de petites quantités de matériel. Mais les quantités les plus importantes de matériel exigeront des services de fret; les exigences relatives au poids et à l’espace devront alors être prises en compte. Les services de fret peuvent être offerts par voie maritime, fluviale, routière, ferroviaire et aérienne. Chacune présente ses avantages et ses inconvénients; et l’on devra évaluer les coûts en tenant compte de la rapidité et de la fiabilité.
La transmission des messages
Les formateurs pourront prendre en compte les possibilités ci-dessous en vue de transmettre les messages qui contribuent à la gestion des programmes.
La communication verbale
Les messages peuvent tout simplement être communiqués d’une personne à une autre. De fait, dans certaines circonstances, ceci peut s’avérer essentiel; il faudra alors se doter des aptitudes nécessaires pour concevoir des messages mémorables et faire des rappels. Dans les sociétés qui ont abandonné ces traditions orales, on pourrait devoir compter largement sur les personnes liées aux sociétés traditionnelles. Si l’on peut considérer l’alphabétisation comme un acquis, les messages écrits pourraient être transmis en mains propres.
Les services postaux
Les services postaux ne fonctionnent pas tous de la même façon. Pour les formateurs, ces services doivent être fiables. Plusieurs pays disposent d’un service postal unique appartenant à l’État ou qui est contrôlé par celui-ci. De manière générale, le service comprend la réception, la transmission et la livraison des lettres, des envois en nombre et des colis postaux. La fiabilité, le coût et la présence du service lui-même peuvent varier d’un pays à un autre. Ils peuvent aussi varier dans la mesure où ils font partie d’un service contrôlé par un monopole.
Les formateurs devront prendre en compte la fiabilité du service de livraison lorsqu’ils font des envois. Plusieurs collectivités rurales ne disposent pas d’un service de livraison postale et doivent recueillir le courrier à partir de points de dépôt. Souvent, ceci peut vouloir dire qu’un message distinct doit être envoyé pour aviser le destinataire que l’item qui lui a été expédié par la poste est arrivé.
Si les services postaux ont subi une dégradation, s’ils ont fait l’objet de vols ou de pertes, ou encore s’ils accusent des retards, cela peut affecter sérieusement les programmes de premier plan comme la formation électorale.
Ceci dit, de façon générale, le service postal reste un des systèmes les plus rentables auxquels l’on peut avoir accès.
La radio
Les réseaux radiophoniques peuvent varier, comprenant à la fois les systèmes d’émetteur/récepteur qu’utilisent généralement la police, l’armée, les collectivités rurales et les transporteurs routiers, et les stations de radiodiffusion commerciale capables de transmettre des messages à de multiples personnes disposant de radios commerciales facilement accessibles. La radio est capable d’établir une communication bidirectionnelle sur de grandes distances. Compte tenu de l’importance de ce mode de communication dans des situations où d’autres systèmes ne seraient pas disponibles, il devrait être considéré comme un élément essentiel de toute stratégie de gestion électorale des formateurs. Dans certains pays, ces derniers voudront aussi examiner les façons d’utiliser les studios et les installations radiophoniques et télévisuelles permettant la tenue de conférences.
Le téléphone
Le téléphone est probablement l’outil le plus important dans la gestion des programmes de formation électorale. Il peut lui-même constituer un outil pédagogique potentiel. Il est donc essentiel de comprendre les possibilités et les limites du système de téléphone existant.
En particulier, les formateurs devront en apprendre davantage sur la disponibilité des appareils traditionnels à fil, des instruments tels que les postes téléphoniques à combiné et les autocommutateurs privés, les codes régionaux, et les alternatives aux appareils traditionnels tels que les systèmes cellulaires ou même les instruments satellitaires. Pour ce qui est des systèmes cellulaires, le terrain peut aussi être un élément important qui affecte la portée.
Dans certains pays, il peut s’avérer difficile d’installer le système de câbles en cuivre qui est requis. Dans d’autres, on peut être à mettre en place des lignes à fibre optique. Dans d’autres encore, il n’existe que des centrales téléphoniques manuelles et des téléphones à cadran rotatif. D’autres pays combinent tout ceci avec des systèmes plus avancés qui peuvent ou ne pas être compatibles avec les plus vieux systèmes. On peut retrouver des lignes distinctes pour les télécopieurs, ou ceux-ci peuvent utiliser les lignes existantes.
L’ordinateur
Avec l’avènement d’Internet et des fournisseurs de services accompagnant celui-ci, le courrier électronique (courriel) et d’autres services sont devenus disponibles pour ceux qui ont au moins accès à un ordinateur, à un téléphone ou à un modem. Par contre, l’omniprésence d’Internet a masqué le fait que des systèmes téléphoniques et informatiques beaucoup plus petits et beaucoup plus lents peuvent permettre les échanges de courriels et l’utilisation de programmes de transfert de dossiers. Le courriel n’est pas synonyme de la toile mondiale (World WideWeb) [2]. Ainsi, il est tout à fait possible de configurer un système de courriel utilisant des modems qui fonctionnent lentement, des téléphones à transmission pulsée et des ordinateurs fonctionnant sur DOS. Évidemment, ceux ayant accès à des ordinateurs, à des modems et à des lignes téléphoniques qui sont rapides auront accès au Web et aux possibilités qui y sont offertes.
La technologie basée sur l’ordinateur
La technologie entourant les communications devenant plus intégrée, les systèmes de téléphone et d’ordinateur offrent aux gestionnaires un éventail de nouvelles possibilités pour accroître la productivité et – dans la mesure où l’infrastructure de base et les aptitudes de maintenance existent – pour réduire les coûts. Parmi ces possibilités figurent la capacité de télécopier directement d’un ordinateur à un autre, diffuser à un groupe de personnes, utiliser Internet pour des sessions de clavardage ou pour des services téléphoniques, ou encore recourir à la vidéoconférence au profit d’un petit groupe de gens situés dans des lieux différents.
Du côté de la téléphonie, les systèmes d’appels automatisés et de messagerie vocale qui offrent aux appelants des options de dispositifs à clavier leur permettant d’obtenir des messages ou de télécopier des documents sont en voie de transformer le téléphone et lui donner des airs s’apparentant à la toile mondiale. Fondamentalement, le Web offre la possibilité de déposer une information que l’utilisateur pourra recueillir chaque fois qu’il en sentira le besoin, plutôt qu’être obligé d’avoir une communication en temps réel.
Toutes ces options s’offrent aux formateurs qui se trouvent dans les sociétés ayant des systèmes de communication avancés. Selon le pays, il faudra chercher à déterminer ce qui est disponible au moment d’amorcer la planification du programme.
La technologie et la tradition
Les télécommunications modernes et les technologies informatiques élargissent les options qui s’offrent aux formateurs en matière de communications; néanmoins, il faut tenir compte d’éléments d’ordre culturel avant d’y recourir. Certaines technologies modernes peuvent susciter de la méfiance au sein de la population ou chez certains groupes, ou les rendre mal à l’aise. À leur avis, et quelle qu’en soit la raison, certaines de ces technologies ne conviennent pas aux fins de la formation ou des élections.
Notes :
[1] Les pays dotés de bons systèmes de télécommunication et dont le service d’électricité est fiable peuvent recourir aux installations de vidéoconférence en vue de mettre les gens en relation les uns avec les autres sans avoir à les déplacer. Antérieurement, il fallait accéder à un studio de télévision et à un système de radiodiffusion; mais de plus en plus, Internet crée des possibilités qui sont moins onéreuses et qui sont liées à l’ordinateur de bureau. En ce qui concerne les documents, le courriel et la publication assistée par ordinateur permettent d’envoyer les documents par voie électronique puis de les reproduire, plutôt que d’avoir à les transporter.
[2] La toile mondiale, avec ses graphiques haute résolution et ses pages d’accueil, est ce qui vient en tête le plus souvent lorsque l’on parle d’Internet – mais partout dans le Net, d’autres progiciels plus petits et plus vieux sont également disponibles et permettent de communiquer par voie électronique.