Les partis politiques demeurent une composante importante de tout système politique démocratique dans un État du 21ème siècle.
Malheureusement, la contribution que les partis politiques peuvent faire à la formation électorale – et qu’ils devraient faire en général à l’éducation à la citoyenneté – a eu tendance à être ignorée. L’inertie des électeurs est directement tributaire de l’efficacité des partis politiques à mettre sur pied et à communiquer les positions de principe qui stimulent l’intérêt des citoyens envers les affaires publiques et le gouvernement. Or, ces positions se voulant une réponse aux besoins des gens et de la société, si les choix proposés sont suffisamment convaincants, les citoyens seront portés à aller voter.
La tendance à ignorer les partis repose sur une croyance voulant qu’en matière d’information à transmettre aux électeurs au sujet de leurs droits et des choix qu’ils doivent faire, on ne peut faire confiance à ceux qui ont des intérêts particuliers dans ces choix. De manière générale, on croit plutôt qu’ils seront portés à entreprendre une opération séduction et à induire les gens en erreur avec une information favorable à une partie ou en fournissant carrément des renseignements erronés. Il est étonnant que l’on puisse faire confiance à ces partis pour gouverner alors qu’à certains moments, on estime que l’intérêt des citoyens ne les préoccupe pas.
Ceci dit, même si chaque parti politique se comportait de cette façon, la libre circulation de l’information et les normes sur la façon de nos jours dont les élections sont et devraient être menées favorisent la transmission de messages et de renseignements divers qui finissent par rejoindre les électeurs. Ainsi, dans certains systèmes et peu importe l’élection, on estime que l’effort conjoint des partis battant campagne et d’un organisme de gestion électorale efficace et décentralisé offre assez de formation et d’information aux électeurs.
Dans la foulée, certains soulèveront la pauvreté apparente de la formation électorale dans les démocraties établies depuis longtemps, et l’accent qu’on met sur le sujet uniquement lors de situations de transition. Voilà évidemment une approche à courte vue, qui ne tient pas compte des multiples institutions présentes dans ces démocraties, lesquelles mènent des programmes de formation électorale lors des élections sans pour autant nommer ces actions de manière aussi explicite.
Les formateurs en charge des programmes d’éducation à la citoyenneté ou de formation électorale devraient donc réfléchir attentivement à la meilleure façon de faire participer les partis politiques à l’élaboration des programmes. Ceci pourrait s’exprimer de différentes façons : dispenser ensemble le programme de formation dont on aura déterminé le contenu conjointement; inciter les partisans des partis à prendre part aux programmes; inciter les partis à créer et à mener leurs propres programmes comme le font plusieurs fondations politiques; ou s’attaquer avec sérieux, entre les élections et au moment où celles-ci ont lieu, au besoin de communiquer avec le public de manière apte et dynamique au sujet des programmes et du contexte constitutionnel qui les lie à des types d’organisation et de comportement particuliers et qui leur donne la possibilité d’exister en toute liberté et de concourir aux élections.
Dans les pays où les partis politiques sont très pauvres, les formateurs pourront même envisager des moyens apolitiques destinés à renforcer les campagnes électorales. Parmi ceux ci :
- offrir une formation commune pour les candidats et les partis sur la gestion et la conduite d’une campagne;
- publier et distribuer de manière indépendante les manifestes politiques;
- faire pression afin que les partis aient un accès gratuit aux médias contrôlés par l’État;
- fournir aux partis des pamphlets contenant une information aux électeurs qui soit non partisane et où ils pourront ajouter quelques renseignements, réduisant ainsi leurs coûts d’impression;
- organiser des activités publiques de formation au cours desquelles les candidats et les partis pourront se présenter au public.
Une évaluation du rôle que pourrait jouer les formateurs des partis politiques devra tenir compte si les partis actuellement représentés dans les différentes assemblées législatives représentent l’ensemble des citoyens, et s’il faut intégrer au processus de formation des partis formellement constitués, enregistrés ou non, ou des alliances et des groupements politiques informels, qui ne s’y trouvent pas actuellement, et ce, en raison d’anomalies imputables au système électoral ou dont l’absence découle de différences ou d’exclusions fondées sur des considérations socioéconomiques. La relation avec ces partis sera tributaire de la place qu’occupent les formateurs dans l’ensemble institutionnel. S’ils travaillent pour une autorité compétente, il ne pourront établir de liens qu’avec les partis enregistrés, Si tel est le cas, il faudra envisager d’autres moyens pour s’assurer que le programme de formation n’exclut pas systématiquement des gens qui, en raison de leur allégeance politique, ne sont pas rejoints; ceci pourrait vouloir dire de créer d’autres programmes de formation officiels et apolitiques.