Le système électoral ne détermine pas à lui seul la perspective d’un gouvernement stable et efficace. Mais les résultats qui découlent d’un système peuvent contribuer à la stabilité de manière importante, et ce, de plusieurs
façons.
Les questions principales sont de savoir si :
- les électeurs perçoivent
le système comme étant juste;
-
le gouvernement peut adopter
des lois et gouverner de manière efficace;
-
le système évite la discrimination
contre certains partis ou groupes d’intérêts particuliers.
La perception sur la justesse des résultats varie considérablement d’un
pays à l’autre. Deux fois au Royaume-Uni (en 1951 et en 1974), le parti ayant obtenu
le plus grand nombre de voix dans le pays a obtenu moins de sièges que ses adversaires; mais ceci a été
vu davantage comme un caprice d’un système fondamentalement sain qu’une pure injustice
à laquelle il fallait remédier. À l’inverse, en Nouvelle-Zélande, on impute à
des résultats semblables, en 1978 et en 1981 – alors que le Parti national
conserva le pouvoir en dépit du fait qu’il avait obtenu moins de voix que le Parti
travailliste alors dans l’opposition –, d’initier le mouvement de réforme qui a
abouti au changement de système électoral.
À la question de savoir si le
gouvernement du moment peut adopter des lois de manière efficace, la réponse
est en partie liée à celle de savoir s’il peut rassembler une majorité à l’assemblée
législative, laquelle est liée au système électoral. Règle générale, les systèmes électoraux à majorité simple sont susceptibles
de produire des assemblées législatives où un parti peut avoir plus de votes
que ceux de tous les partis de l’opposition mis ensemble, alors que les
systèmes de représentation proportionnelle (RP) sont plus susceptibles de créer
des gouvernements de coalition. Néanmoins, il faut se rappeler que les systèmes
de RP peuvent également produire des majorités avec un seul parti, tout comme
les systèmes à majorité simple ne garantissent pas qu’un parti gouvernerait avec
une majorité. Cela est tributaire de la structure du système de partis et de la
nature de la société elle-même.
Enfin, dans la mesure du possible, sur le plan électoral le système devrait
fonctionner de façon neutre à l’égard de tous les partis et de tous les
candidats; il ne devrait pas faire de discrimination envers un quelconque groupe
politique. La perception que tous ne sont pas sur un pied d’égalité lors des élections
dans une démocratie est un signe de la faiblesse de l’ordre politique et que l’instabilité
pointe à l’horizon. On peut trouver un exemple dramatique de ceci à l’élection
de 1998 au Lesotho, où le Congrès pour la démocratie du Lesotho a gagné chaque
siège à l’assemblée législative avec seulement 60 % des voix sous un système
de scrutin majoritaire uninominal. Le chaos
qui a suivi au sein de la population, culminant avec une demande d’intervention
militaire dans le pays par la
Communauté de développement de l’Afrique australe, a démontré
qu’un tel résultat n’était pas simplement injuste mais également dangereux; en conséquence, le système
électoral a été modifié en vue des élections à venir.

