Tout comme pour les élections législatives, une façon d’éviter l’élection
de candidats avec un faible pourcentage des suffrages est la tenue d’un second
tour, si aucun candidat n’arrive à obtenir une majorité absolue au premier
tour. Ce second tour peut réunir uniquement les deux candidats ayant le plus
des votes (système majoritaire à deux tours) ou plus de deux candidats (système
à majorité simple). La France, la plupart des pays latino-américains, les cinq
républiques d’Asie centrale de l’ex-Union soviétique et plusieurs pays en
Afrique francophone utilisent le système à deux tours (SDT) pour l’élection de
leurs présidents. Ailleurs en Afrique, le système est utilisé en Angola, au Cap-Vert,
en Gambie, au Ghana, en Guinée-Bissau, au Kenya, au Libéria, au Mozambique, en
Namibie, au Nigeria, en Ouganda, à Sao Tomé-et-Principe, aux Seychelles, en
Sierra Leone, au Soudan, en Tanzanie et au Zimbabwe; en Europe, outre la France, on le retrouve en
Arménie, en Azerbaïdjan, en Autriche, au Bélarus, en Bulgarie, en Croatie, à
Chypre, en Finlande, en Géorgie, en Lituanie, en Macédoine, en Pologne, au
Portugal, en Roumanie, en Russie, en Slovaquie, en Slovénie et en Ukraine; on
le trouve également en Afghanistan, à Haïti, en Indonésie, en Iran, au
Timor-Oriental et au Yémen.
Certaines règles pures du système à deux tours
et du système à majorité simple peuvent être adaptées. Au Costa Rica, un
candidat peut gagner au premier tour avec seulement 40 % des suffrages; en
Sierra Leone en revanche, un second tour aura lieu si aucun candidat n’obtient
55 % des votes au premier tour. En Argentine, un candidat gagnant doit
obtenir 45 % des votes ou 40 % avec une avance de plus de 10 % sur
le candidat qui le suit. Un seuil semblable de 40 % avec une marge de 10 % est également requis en
Équateur.
Certains pays établissent un taux minimal de participation – généralement
50 % – pour leurs élections présidentielles, comme c’est le cas en Russie
et dans plusieurs des anciennes républiques soviétiques. Ce mécanisme
additionnel, qui vise à assurer la légitimité du résultat, a néanmoins des
conséquences sérieuses sur le plan des coûts et de la logistique si le seuil de
participation n’est pas atteint et s’il faut reprendre l’élection.
Outre les pays où les partis peuvent créer des alliances préélectorales
pour procurer la victoire à leur candidat dès le premier tour (tels les cas du
Brésil en 1994 et du Chili en 1989 et en 1994), l’expérience du système à deux tours semble avoir été problématique
en Amérique latine. À titre d’exemple, lors des élections de 1990 au Pérou, Alberto Fujimori a obtenu
56 % des votes au second tour, mais son parti n’a remporté que 14 des 60
sièges au Sénat et 33 des 180 sièges à la Chambre des députés. Au Brésil en
1989, Fernando Collor de
Mello a été élu au second tour juste avec un peu moins de 50 % des votes,
mais lors des élections législatives qui se sont tenues à un autre moment, son
parti n’a remporté que 3 des 75 sièges du Sénat et 40 de 503 sièges de la Chambre des députés.
Les problèmes de gouvernance qui ont
suivi démontrent l’importance de prendre en compte la relation entre les
dispositions de nature institutionnelle. Bien que le SDT ait permis l’élection
de présidents ayant le soutien d’une majorité de l’électorat au second tour, parallèlement
l’utilisation de systèmes électoraux différents pour l’Assemblée législative n’a
pu assurer à ces présidents un soutien législatif important.
Alors que les candidats élus
recueillaient l’appui d’autres partis entre le premier et le second tour, il
leur a été difficile de conserver ce même soutien après les élections.

