Les dix critères qui sont décrits entrent
parfois en contradiction les uns par rapport aux autres et peuvent même être mutuellement
exclusifs. En conséquence, les concepteurs d’un système électoral doivent mener
avec soin le processus visant à déterminer, dans l’ordre, les critères qui sont
les plus importants compte tenu du contexte politique, avant de déterminer le
système le plus apte à répondre aux besoins.
En premier lieu, un élément utile
est d’établir la liste des choses à
éviter à tout prix, telles que les catastrophes politiques qui
pourraient provoquer l’effondrement de la démocratie. Par exemple, un pays qui
est divisé sur le plan ethnique peut vouloir surtout éviter que les minorités ethniques
soient exclues de la représentation, et ce, afin de promouvoir la légitimité du
processus électoral et d’évacuer la perception que le système électoral est
injuste.
En revanche, même si ces questions peuvent
être importantes, ailleurs les priorités d’une démocratie dont l’état est
précaire pourraient être d’un autre ordre – p. ex. s’assurer qu’un gouvernement
peut adopter les lois de manière efficace, sans crainte d’impasse, ou que les
électeurs, s’ils le désirent, sont en mesure d’écarter les dirigeants auxquels
ils ne font plus confiance.
L’établissement des priorités parmi
de tels critères en concurrence ne peut être que l’affaire des acteurs locaux participant
au processus institutionnel de conception.

