Depuis longtemps, on est d’avis que les
systèmes électoraux ont des conséquences précises pour la gouvernance, l’élaboration
des politiques et la stabilité politique. Les différents systèmes électoraux
ont des incidences importantes sur la gouvernance dans les systèmes
parlementaires. En particulier, il y a une tension inhérente entre les systèmes
électoraux qui optimisent la possibilité d’avoir un gouvernement dirigé par un
parti (par exemple les systèmes à majorité simple) et ceux qui sont
susceptibles de favoriser l’émergence de coalitions multipartites (comme c’est
le cas des systèmes proportionnels). Les deux avenues ont des conséquences
stratégiques évidentes : il est plus facile pour un gouvernement dirigé
par un parti de prendre des décisions politiques fermes et les responsabilités
sont plus clairement établies, alors que les coalitions sont plus susceptibles
de mener à des politiques plus
représentatives et à un processus décisionnel plus inclusif. De même, il est
plus facile d’apporter des changements importants aux orientations gouvernementales
avec un gouvernement dirigé par un seul parti; dans le cas des coalitions, il y
a une plus forte tendance à discuter et à débattre des enjeux avant que des
changements puissent être apportés.
Presque tous les pays dotés d’un régime présidentiel ou semi-présidentiel
élisent directement leurs présidents. En outre, certaines républiques dotées
d’un régime parlementaire élisent aussi leurs chefs d’État directement. Dans
les régimes présidentiels, l’importance du mandat populaire et la légitimité
dont peut se réclamer un président élu reposent grandement sur les mécanismes
employés pour son élection. Les présidents
bénéficiant d’une nette majorité d’appuis sont susceptibles de disposer d’une
légitimité accrue et d’être bien placés pour faire progresser leur propre
programme politique que ceux élus avec une faible pluralité des votes. Ceci influence
énormément les rapports entre le président et l’assemblée législative. Lorsqu’un
président est élu avec l’appui d’une nette majorité de la population, il dispose
d’une solide légitimité au moment d’affronter l’assemblée législative. L’inverse
peut mener à des situations autrement différentes : en 1970, l’élection de
Salvador Allende au Chili avec 36 % des votes, et l’opposition du Congrès
mené par la droite ont jeté les bases du coup d’État militaire de 1973.
Le rapport entre le législatif et l’exécutif
diffère selon qu’il s’agisse d’un système parlementaire, semi-présidentiel ou présidentiel.
Dans un système présidentiel ou semi-présidentiel, la position du président n’est pas tributaire
du fait qu’il conserve la confiance de l’assemblée législative : il ne
peut être relevé de ses fonctions uniquement pour des questions d’orientations politiques.
Cependant, l’expérience de l’Amérique latine, en particulier, révèle qu’un
président élu directement sans bénéficier d’un appui important à l’assemblée
législative pourra difficilement réussir à gouverner. En conséquence, dans les
démocraties présidentielles et semi-présidentielles, les systèmes électoraux
pour la présidence et l’assemblée législative doivent être abordés conjointement,
même si les rôles différents du président et de l’assemblée font intervenir
différents facteurs en vue de choisir les deux types de système. Parallèlement,
il faut se pencher sur la question de la simultanéité des élections
présidentielles et législatives, ou son absence le cas échéant, les
dispositions qui peuvent favoriser
ou décourager la fragmentation des partis ainsi que le rapport entre les partis
et les représentants élus.
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