La manière la plus simple d’élire un
président est de déclarer gagnant le candidat ayant obtenu le plus de voix,
même s’il n’a pas obtenu une majorité absolue. C’est le cas des élections
présidentielles en Bosnie, au Cameroun, aux Comores, en Guinée équatoriale, au
Guyana, au Honduras, en Islande, à Kiribati, en Corée du Sud, au Malawi, au
Mexique, en Palestine, au Panama, au Paraguay, aux Philippines, au Rwanda, au
Singapour, à Taïwan, en Tunisie, au Venezuela et en Zambie. À l’évidence, ce
système est simple, peu couteux et efficace; mais dans un contexte fortement
concurrentiel où l’on retrouve plusieurs candidats, il est possible qu’un
président soit élu avec un nombre si peu élevé de votes qu’il sera perçu comme
n’ayant pas réuni une majorité substantielle des votes de l’électorat et, en
conséquence, il aura à faire face à l’opposition d’une grande part de la majorité :
celle ayant voté contre lui. Parmi les exemples, on peut citer le cas du Venezuela
en 1993, alors que Rafael Caldera a remporté la présidence avec 30,5 % des
suffrages exprimés, de même que l’élection de mai 1992 aux Philippines où Fidel
Ramos a été choisi parmi sept candidats et élu avec 24 % des suffrages. Taïwan
a vécu un changement politique important en 2000 avec la victoire de Chen
Shuibian, un candidat qui n’était pas en poste à ce moment et qui a obtenu tout
juste 39 % des votes, soit un peu moins de 3 % de plus que le candidat qui
est arrivé deuxième.
Les États-Unis, qui tiennent leurs
élections présidentielles nationales avec le système majoritaire uninominal (SMU)
aux niveaux fédéral et des États, représentent un cas unique à cet égard. Le
gagnant, en vertu du SMU utilisé dans chaque État, obtient tous les votes de
cet État au collège électoral, sauf pour le Maine et le Nebraska où l’attribution
des votes de l’État se fait comme suit : deux votes (correspondant aux
deux sièges de l’État au Sénat) vont au gagnant en vertu du SMU à la grandeur
de l’État et un vote va au gagnant, en vertu du SMU, des circonscriptions de
l’État à la Chambre des représentants. Puis, le collège électoral procède à l’élection
du président avec une majorité absolue. Ceci peut produire une situation où le
candidat déclaré élu est celui qui a eu moins de votes que le perdant, comme cela
a été le cas en 2000 lorsque le candidat républicain George W. Bush a été déclaré
élu avec environ 500 000 votes de moins que le candidat démocrate Al Gore.

