Certains pays combinent leurs élections présidentielles avec ce que l’on
pourrait appeler une exigence
de distribution qui impose aux candidats d’obtenir une majorité absolue des votes et une répartition
régionale des suffrages afin de pouvoir être déclarés élus. En
Indonésie, qui a tenu ses premières élections présidentielles au suffrage
direct en 2004, un candidat présidentiel et un candidat vice-présidentiel devaient
obtenir une majorité absolue des suffrages à l’échelle nationale et au moins 20 %
des suffrages dans plus de la moitié de toutes les provinces pour éviter un
second tour et ainsi être proclamés gagnants. Le Nigeria est à la source de cette
exigence : dans cet autre grand pays, diversifié sur le plan régional, les
candidats présidentiels doivent obtenir une majorité absolue des votes au
niveau national ainsi qu’au moins un tiers des votes dans au moins deux tiers
des provinces du pays.
Les exigences de distribution ont l’avantage d’encourager les candidats
présidentiels à rechercher le soutien de gens qui se situent à l’extérieur de
leur base régionale ou ethnique; et si les modalités sont mises œuvre correctement,
le tout peut très bien fonctionner. Cependant, en précisant que deux conditions
sont nécessaires pour obtenir la victoire, ceci entraîne le risque qu’aucun
candidat ne sera à même d’accomplir les deux. Il importe que les concepteurs soient
conscients de cette possibilité et incluent des dispositions pour résoudre
l’impasse, le cas échéant, parce qu’un système qui ne produit aucun gagnant et ne
prévoit aucune méthode pour le déterminer pourrait créer un vide au niveau du pouvoir
avec les dangers d’instabilité que cela comporte. En Indonésie, un candidat est
déclaré élu au second tour avec une majorité simple des votes; de son côté, le
Nigeria maintient l’exigence de distribution au second tour, entraînant la
possibilité de tenir un troisième tour. Si cela devait se matérialiser, il y
aurait des conséquences pour la durée de la période électorale ainsi que pour les
ressources financières et administratives requises. Les exigences de
distribution introduisent des impératifs stratégiques pour les candidats. Au
Kenya, pour être déclaré élu président, un candidat doit obtenir une pluralité des
votes dans l’ensemble du pays et au moins 25 % des suffrages dans au moins
cinq des huit provinces. Néanmoins, tout au long des années 1990, une
opposition divisée a permis à Daniel Arap Moi de rester président sans avoir
obtenu une majorité absolue des suffrages. Les exigences de distribution
peuvent également être insérées dans les modalités de nomination.

