Le système de représentation
proportionnelle à scrutin de liste (RP) se fonde sur le principe que les partis
ou les groupements politiques présentent des candidats; mais il est possible aussi
de donner aux électeurs un certain choix, au sein de la RPSL, entre les
candidats et entre les partis. Il y a essentiellement trois possibilités :
les listes ouvertes, les listes fermées et le panachage.
La majorité des systèmes avec la RPSL
dans le monde fonctionnent avec des listes fermées : l’ordre des candidats
élus par cette liste est fixé par le parti lui-même et les électeurs ne peuvent
exprimer une préférence pour un candidat en particulier. Le système de RPSL
utilisé en Afrique du Sud est un bon exemple d’une liste fermée. Le bulletin de
vote contient les noms et les symboles du parti et une photographie de son chef,
mais le nom des différents candidats n’apparaît pas. Les électeurs choisissent
simplement le parti qu’ils préfèrent et celui-ci détermine lui-même à l’avance
les différents candidats qui seront élus. Ceci signifie que les partis peuvent
inclure certains candidats (pouvant appartenir à des minorités ethniques ou
linguistiques, ou des femmes) qui, autrement, auraient de la difficulté à se
faire élire. L’aspect négatif des listes fermées réside dans le fait que les électeurs
n’ont aucun pouvoir pour déterminer la personne qui sera leur représentant au
sein du parti. De même, les listes fermées sont insensibles aux changements
rapides du contexte. En 1990, lors des élections en Allemagne de l’Est qui ont
précédé la réunification, on a découvert quatre jours avant le vote que le tout
premier candidat d’un parti était un informateur de la police secrète; le parti
l’a expulsé sur-le-champ. Mais comme l’élection se tenait avec des listes fermées,
les électeurs qui voulaient voter pour ce parti n’ont eu d’autre choix que de
voter pour lui.
Plusieurs systèmes de RP à scrutin
de liste en Europe de l’Ouest
utilisent des listes ouvertes qui permettent aux électeurs d’indiquer le parti de
leur choix et leur candidat préféré au sein de ce parti. Dans la plupart de ces
systèmes, le vote en faveur d’un candidat aussi bien que d’un parti est
facultatif et puisque la plupart des électeurs inscrivent leurs votes en faveur
des partis plutôt que des candidats, la possibilité qu’offre le bulletin de
vote de choisir un candidat a souvent un effet limité. En Suède, de
manière régulière, plus de 25 % des électeurs choisissent un candidat et un
parti, et plusieurs personnes élues ne le seraient pas si les listes étaient
fermées.
Au Brésil et en Finlande, les
électeurs doivent voter pour les candidats : le nombre de sièges attribué
à chaque parti est déterminé par le nombre total de votes obtenu par ses candidats et l’ordre d’élection
des candidats du parti est déterminé par le nombre de votes qu’ils ont chacun
reçu. Toutefois, tout en procurant aux électeurs une plus grande liberté quant
au choix de leur candidat, ceci produit quelques effets secondaires moins désirables.
Puisque les candidats sont en concurrence les uns avec les autres au sein du
même parti, cette forme de liste ouverte peut mener à des luttes intestines et
à la fragmentation du parti. Cela signifie également que les bénéfices que le
parti peut tirer de listes comportant une diversité de candidats peuvent être
perdus. Par exemple, lors d’élections avec la RP à scrutin de liste ouverte au
Sri Lanka, les tentatives des principaux partis sri-lankais d’inclure au sein
de leurs listes des candidats de la minorité tamoule dans des positions
gagnables se sont avérées inefficaces parce que nombre d’électeurs, en lieu et
place, ont voté de façon délibérée en faveur des personnes d’origine
singhalaise qui occupaient une position inférieure sur la liste. Au Kosovo, le
passage des listes fermées aux listes ouvertes a dans les faits accru la
présence de candidats plus extrémistes. Parallèlement, il est arrivé parfois
que les listes ouvertes aient démontré leur inefficacité pour la représentation
des femmes dans les sociétés très patriarcales; cependant, en Pologne, les
électeurs se sont montrés réceptifs à l’utilisation de listes ouvertes pour
élire davantage de femmes, une procédure qui a accru leur nombre par rapport
aux nominations auxquelles auraient procédé les partis si les listes avaient
été fermées.
Certains pays utilisent d’autres instruments pour accroître la souplesse
des systèmes avec listes ouvertes. En Équateur, au Luxembourg et en Suisse, les
électeurs peuvent voter autant de fois qu’il y a de sièges à pourvoir et ils
peuvent répartir ceux-ci aux candidats d’une seule liste de parti ou entre
différentes listes de partis, comme ils le désirent. La possibilité de voter
pour plus d’un candidat sur différentes listes de partis – le panachage – ou de
voter plus d’une fois pour un seul candidat que l’on préfère tout
particulièrement – l’accumulation – offre un plus grand contrôle aux électeurs
et sont rangés ici dans la catégorie des systèmes ayant recours au panachage.

