Certaines sociétés, qui ne pas homogènes sur le plan ethnique, ont donné
une suite logique au concept des sièges réservés. Les sièges ne sont pas uniquement
divisés sur une base communale, mais l’ensemble du système de représentation à
l’assemblée législative se fonde sur des préoccupations communales.
Il existe un fichier électoral distinct pour chaque communauté particulière,
laquelle est la seule à élire des représentants issus de son « propre
groupe » à l’assemblée législative.
Au Liban, on définit les circonscriptions plurinominales et, pour chacune, on
fixe le nombre de sièges à attribuer à chaque groupe confessionnel. Les
représentants de chaque groupe sont élus avec le scrutin
majoritaire plurinominal à partir d’une liste communale et en fonction
du nombre de sièges attribués à chacun. Aux Fidji, les électeurs peuvent voter
pour leurs propres candidats communaux et pour des candidats dans des circonscriptions
« ouvertes ».
Dans la majorité des cas, on a laissé tomber les arrangements entourant les
listes communales après qu’on s’est rendu compte que, tout en garantissant la
représentation collective, les électorats communaux ont souvent eu l’effet
pervers de miner la voie de la cohabitation entre les différents groupes puisque
rien n’incitait les communautés à se mêler entre elles sur le plan électoral. Les
tâches de nommer un représentant d’un groupe particulier et de distribuer les
sièges de manière équitable comportaient aussi une série d’embûches. Par
exemple, en Inde, les circonscriptions distinctes ayant existé à l’ère
coloniale pour les musulmans, les chrétiens, les sikhs et d’autres ont été supprimées
à l’indépendance, bien que des sièges réservés soient demeurés afin de
représenter les tribus et les castes reconnues. De même, des systèmes semblables
de listes communales utilisés à divers moments au Pakistan, à Chypre et au
Zimbabwe ont été abandonnés. En dépit d’une utilisation controversée au fil du
temps, les Fidji continuent d’élire une partie de l’assemblée législative à
partir de listes communales séparées pour les électeurs indigènes fidjiens, indiens,
rotumans et les électeurs « généraux ».
En vertu d’arrangements entourant les listes communales, à certains
endroits, un organisme d’inscription est chargé de déterminer les gens qui
feront partie de telle ou telle liste; dans d’autres cas, ce choix est laissé à l’individu. L’exemple
prédominant d’un système de liste communale encore en place parmi les
démocraties contemporaines est la liste facultative séparée des électeurs maoris
en Nouvelle-Zélande. Ces électeurs ont le choix de figurer sur la liste
électorale nationale ou sur une liste maorie particulière; dans ce dernier cas,
les électeurs inscrits élisent sept représentants maoris à l’assemblée législative.
Cependant, on pourrait dire que les résultats des premières élections en
Nouvelle-Zélande à se tenir avec la représentation proportionnelle depuis 1996 ont
affaibli le justificatif du système communal : deux fois plus de
représentants maoris ont été élus à partir de la liste générale que de la liste
maorie.

