Les besoins en formation varient selon les personnes. Même si tous les électeurs éventuels ont des besoins qui peuvent se ressembler, il est probable que ceux-ci s’exprimeront différemment selon les personnes ou les groupes en présence.
Qui bénéficiera du programme de formation?
L’évaluation des besoins doit prendre en compte les bénéficiaires de la formation. Il existe diverses façons de nommer ces personnes. Or, chacun de ces mots ayant ses avantages et ses inconvénients, les différentes terminologies pourraient créer inutilement de la confusion parmi les formateurs qui travaillent ensemble.
Les communicateurs parleront souvent « du public » ou « des publics » en référence à un segment de la population ayant des caractéristiques communes particulières. Les annonceurs pourront évoquer un « auditoire », par exemple les jeunes. Les personnes qui mènent des campagnes ou qui ont un message d’information particulier à l’intention du public pourront vouloir rejoindre des « groupes cibles » ou des « auditoires cibles », telles les femmes en milieu rural. Et les militants ou quelques formateurs pourront parler des « groupes » auprès desquels ils œuvrent.
Chacun de ces mots est utilisé pour démontrer l’importance de définir et de circonscrire aussi correctement que possible un groupe particulier de personnes avec lequel le formateur projette de travailler. Même si le mandat de formation électorale est universel et que les formateurs ont pour mission d’informer l’ensemble de l’électorat (voir Les groupes très influents), un programme devra comprendre différents messages et différentes méthodes pour rejoindre différents segments de la population. Ainsi, certains groupes peuvent être marginalisés, alors que d’autres ont des besoins spéciaux par rapport au processus électoral (voir Les électeurs et les groupes marginalisés ayant des besoins spéciaux). Au-delà des besoins d’information de chaque groupe cible, il appert aussi que la nature de la formation pourra varier d’un groupe à un autre.
Les contraintes entourant la segmentation
Il existe des contraintes quant aux choix qui s’offrent les formateurs. Certaines sont liées à l’information et aux ressources. Il n’est pas toujours possible de tout savoir sur les personnes ou sur des groupes de personnes, ou de tout prévoir à leur sujet; de même, lorsque l’on regroupe des gens, il y a toujours une tendance à la simplification.
D’autres contraintes découlent de considérations politiques, constitutionnelles et législatives. La formation électorale peut être obligatoire en vertu de la loi ou en raison d’un impératif politique visant à faire attention à des auditoires ou à des groupes précis. De même, il peut y avoir des considérations financières et logistiques. Par exemple, les ressources nécessaires pour atteindre un petit groupe des nomades ou d’exilés peuvent ne pas être disponibles, peu importe l’importance que ce groupe s’attribue ou comment il est considéré par les autres. Par ailleurs, il se peut que le programme de formation électorale doive prendre une forme plus générale – par le choix de la langue, du médium ou de la méthodologie – ce qui pourrait exclure certains segments de la société.
De plus, les formateurs électoraux doivent posséder certaines « valeurs » qui doivent être connues au moment d’évaluer les groupes qui seront ciblés et jusqu’à quel point ceux-ci seront ciblés. Ainsi, toutes choses étant égales, les formateurs pourraient avoir le sentiment qu’il faut accorder davantage d’attention aux pauvres qu’aux riches, quoique la formation soit nécessaire pour les deux; ou ils pourraient être d’avis que la participation des femmes a plus d’importance que celle des hommes.
Pour plusieurs de ces choix, il peut être possible d’établir un programme de formation qui ne fasse pas de discrimination, mais fait fond sur les points forts de certains formateurs dans le travail qu’il réalise avec certains groupes. Il y aussi des « groupes très influents » que les formateurs voudront rejoindre à cause de l’effet d’entraînement que ceux-ci peuvent provoquer. Les formateurs, qui œuvrent à l’élargissement et à consolidation de la démocratie, peuvent choisir aussi de se tourner vers les groupes marginalisés mentionnés ci-dessus, pour qui des programmes spécialisés (et souvent plus coûteux) doivent être mis sur pied.
L’électeur
Ces termes – cible, auditoire, groupe – sont tous des termes inclusifs. Ils regroupent des gens au sein de catégories qu’il est possible de gérer. Or, en général les formateurs préfèrent ne pas regrouper les gens mais plutôt les considérer comme des étudiants, des élèves ou des participants. Les formateurs électoraux auront à établir des plans et des programmes, et ils auront à aborder leur tâche en termes de campagnes, de renseignements au public ou d’activités de formation. Parfois, ils devront recourir à une terminologie inclusive. Mais les bons formateurs se rappelleront toujours que chaque participant est la source même de la planification.