La formation est une tâche qui carbure à l’innovation et au changement. Or, comme les participants et le contexte varient d’un scrutin à l’autre et que, par définition, la formation vise à ce que des changements s’opèrent chez le participant, les formateurs ont tendance à sous-estimer le besoin d’assurer la continuité d’un programme à un autre.
 
La pénurie constante de ressources 
Parmi les problèmes que ceci a pu causer, soulignons la pénurie de formateurs compétents qui œuvrent auprès des adultes au chapitre de l’éducation à la citoyenneté et de la formation électorale. De plus, très peu d’information sur les pratiques exemplaires et sur les leçons apprises et très peu de documents font leur chemin d’une élection à l’autre. D’ailleurs, il est étonnant de constater la façon dont un outil peut arriver à faire son chemin d’un programme à un autre un peu partout dans le monde. Bien que ceci puisse en dire long sur l’efficacité de l’outil en question, il semble plutôt que ce soit le résultat de la pénurie de renseignements et des documents en circulation.
Les organismes électoraux qui réussissent à assurer une continuité sont en mesure d’offrir des programmes qui traversent tout le cycle (évaluation des besoins, choix des objectifs et de la stratégie de formation, mise en œuvre et évaluation) nécessaire à un programme de formation continu. D’autres organismes sont plutôt forcés de s’en remettre coup après coup à un soutien technique et à une expertise provenant de l’extérieur.
 
À tout le moins, il faut documenter les choses
La continuité est obtenue, en partie, par une bonne documentation et, en partie, par l’accès aux personnes d’expérience. Ceci dit, pour que la continuité puisse se concrétiser, d’un programme à un autre il faut une structure organisationnelle qui soit en mesure d’intégrer les différentes leçons apprises et d’en faire bénéficier les programmes éventuels.
 
Mettre sur pied une organisation responsable 
Pour que ceci soit possible, un pays doit confier à l’organisme électoral ou à une autre entité la responsabilité de mener des programmes d’éducation à la citoyenneté et de formation électorale; la Russie, l’Ukraine et le Mexique constituent des exemples où l’organisme électoral, qui est une entité permanente, a reçu le mandat légal de mener des activités continues d’éducation à la citoyenneté et de formation électorale. Un tel organisme n’aura peut-être que peu de personnel, mais son existence permettra de lui confier la tenue des dossiers et les questions de procédures mentionnées dans cette section, sans craindre que les connaissances spécialisées du programme soient perdues. Si les formateurs peuvent s’éloigner du travail quotidien, ils devraient porter leur attention vers la création de tels organismes, appuyés par l’État, et ce, sans tenir compte de la vigueur des organisations de la société civile – à moins qu’on puisse croire sans doute aucun que celles-ci pourront s’en charger. [1]
Note :
[1] Certains pays pourraient choisir de mettre sur pied des mécanismes de financement destinés aux organisations de la société civile vouées à la promotion de la démocratie afin qu’elles puissent obtenir des fonds sans faire l’objet d’une surveillance indue de l’État. D’autres pourraient choisir de créer des organismes publics ou de confier ce mandat à l’organisme électoral ou à un ministère existant. Quoi qu’il en soit, il faudra prendre soin de bien séparer la promotion de la démocratie et d’un État démocratique de la promotion du gouvernement.