Différents types de systèmes
électoraux auront tendance à favoriser différents types d’organisation de partis
et de systèmes de partis. Certes, il est important que les systèmes de partis
soient aussi représentatifs que possible; mais la plupart des experts s’accordent
pour privilégier des systèmes qui encouragent le développement de partis fondés
sur des valeurs et des idéologies politiques larges et sur des programmes
politiques spécifiques, plutôt que sur des enjeux de portée plus limitée d’ordre
ethnique, racial ou régional. Les partis qui prennent appui sur ces grands
éléments de différence au sein d’une société sont plus susceptibles de réduire
la menace de conflits sociaux et de refléter l’opinion nationale que les partis
qui se fondent principalement sur des préoccupations sectaires ou régionales.
Les systèmes politiques fortement centralisés,
utilisant la représentation proportionnelle à scrutin de liste fermée, sont les
plus susceptibles d’encourager le développement de solides organisations de
partis; à l’inverse, les systèmes fondés sur les circonscriptions décentralisées, comme le système
majoritaire uninominal, peuvent avoir l’effet opposé. Mais il y a
beaucoup d’autres variables électorales qui peuvent être utilisées pour influencer le
développement des systèmes de partis.
Par exemple, de nouvelles
démocraties comme la Russie
et l’Indonésie ont tenté d’orienter le développement de leurs systèmes
naissants de partis en mettant en place des incitatifs institutionnels
pour favoriser la formation de partis politiques nationaux en lieu et place de
partis régionaux.
D’autres pays tels que l’Équateur et
la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont eu recours à l’inscription des partis et à
des exigences en matière de financement en vue d’atteindre des objectifs
semblables. L’accès
au financement public ou privé est un enjeu clé pour l’ensemble de la
conception du système électoral; de fait, il s’agit souvent du plus grand frein
à l’émergence de nouveaux partis viables.
Tout comme le choix du système
électoral a des incidences sur le développement du système de partis politiques,
le
système de partis politiques existant influence le choix du système électoral.
À moins que ce soit impératif sur le plan politique, les partis existants sont
peu susceptibles de soutenir les changements qui ont des chances de les
désavantager grandement ou encore, les changements qui ouvrent la voie à l’entrée
en scène de nouveaux partis
rivaux au sein du système politique. Dans les faits, la gamme d’options pour changer
le système électoral peut ainsi s’avérer restreinte.
Les
différents types de systèmes électoraux créent des rapports différents entre les
candidats et leurs partisans. En général, on considère
que les systèmes ayant recours aux circonscriptions électorales uninominales,
telles que la plupart des systèmes à majorité simple, encouragent les candidats
à se voir comme les délégués de secteurs géographiques particuliers et prisonniers
des intérêts de leur électorat local. En revanche, les systèmes qui utilisent
des grandes circonscriptions plurinominales, tels que la plupart des systèmes
de représentation proportionnelle, sont ceux qui sont le plus susceptibles de
mener à l’élection de représentants qui sont avant tout loyaux à leur parti en ce
qui concerne les enjeux d’ordre national. Les deux approches ont leurs qualités,
ce qui explique la popularité croissante des systèmes mixtes combinant des
représentants locaux et nationaux.
La question de la responsabilité est
souvent soulevée au cours des débats sur les partis politiques et les systèmes
électoraux, particulièrement par rapport aux représentants élus. Les liens entre
les électeurs, les représentants élus et les partis politiques sont influencés par le système électoral et
par d’autres dispositions du cadre législatif et politique, notamment la durée du
mandat, les dispositions régissant le lien entre les partis et leurs membres
qui sont des représentants élus, ou les dispositions interdisant aux représentants
élus de changer de parti à moins de démissionner au préalable de l’assemblée
législative.
La liberté accordée aux électeurs de choisir entre les candidats, par
opposition aux partis, est un autre aspect de la responsabilité. Ces dernières
années, plusieurs pays ont renforcé la dimension du vote axé sur le candidat au
sein de leurs systèmes électoraux en intégrant, par exemple, des listes ouvertes
lors d’élections avec représentation proportionnelle.

