L’une des tâches les plus difficiles que doivent accomplir les formateurs consiste à préciser des objectifs. Il en va de même pour ceux qui font des interventions sociales et qui veulent faire des propositions pour le programme.
Selon certains, il serait prétentieux de la part des formateurs de vouloir fixer des objectifs et il vaudrait mieux laisser cette tâche aux participants. Or, les adultes qui désirent suivre des cours avec un formateur doivent connaître ses intentions et ce à quoi ils peuvent s’attendre. Pour ce faire, des objectifs précis seront nécessaires. [1]
D’autre part, il se pourrait que le formateur et les participants, s’ils forment un petit groupe de personnes, puissent établir ces objectifs ensemble, ce qui ne sera toutefois pas possible pour les programmes nationaux de formation où les formateurs devront établir eux-mêmes les objectifs à partir de leur compréhension des besoins du public cible.
Préciser l’énoncé des objectifs
Lorsque les formateurs fixent les objectifs, il y a plusieurs façons pour eux de se rappeler des critères qui feront en sorte que lesdits objectifs seront utiles pour la planification du programme de formation et pour le programme lui-même. Pour reprendre les propos de Marie-Louise Strom de l’organisation sud-africaine IDASA, les objectifs doivent être utiles, pratiques, réalistes et mesurables. Ils devraient refléter la passion associée à la formation des adultes dont le but principal après tout est de renforcer les capacités des gens et de les rendre autonomes.
Utiles
Les objectifs de la formation doivent être pertinents pour les participants. Ils devraient s’appuyer sur de véritables besoins en matière de formation et sur les grandes possibilités que la vie peut offrir. Les personnes qui doivent fixer les objectifs doivent se rappeler que leur pertinence est tributaire de l’importance que le participant, et non le formateur, pourra y accorder. Lorsqu’il est possible de faire participer le public visé, ou une partie de celui-ci, les échanges pourront permettent de déterminer ce qui est pertinent.
Il faut que dès le départ, tous puissent voir et comprendre l’utilité de l’objectif.
Pratiques
Les objectifs devraient énoncer les changements visés sur le plan du comportement, des connaissances et des attitudes. Les objectifs de nature cognitive devraient porter sur l’action recherchée au terme de l’activité de formation et non pas sur le processus lui-même. Que les objectifs aient une dimension formatrice ou non, ils doivent exposer un ensemble de résultats prévus à la suite des actions posées dans le cadre des activités de formation.
De même, ces processus et ces actions, malgré toute la précision que l’on peut y apporter, ne constituent pas des objectifs à proprement parler.
Réalistes
Les objectifs doivent refléter les limites imposées à la formation au chapitre du temps, de la méthodologie et des ressources. La formulation d’objectifs réalistes exige de répéter certains éléments. Souvent, les formateurs établiront des objectifs utiles et pratiques pour ensuite se rendre compte qu’ils ne peuvent être réalisés selon le temps imparti, ou encore que les stratégies d’apprentissage ne s’harmonisent pas aux objectifs.
Le réalisme permet aux formateurs d’être honnêtes avec eux-mêmes et avec les autres par rapport à ce qui peut être fait. Il ne suffit pas que des objectifs soient établis pour ensuite prétendre qu’ils auraient pu être atteints si l’on avait eu plus de temps à notre disposition, si les autres formateurs avaient été plus compétents ou si les participants avaient fait preuve d’une plus grande ouverture. En général, on ne peut rien faire contre ces contraintes et l’équipe de planification devra accepter cet état des choses et l’intégrer dans son travail.
Mesurables
Il faut pouvoir mesurer l’atteinte des objectifs. Parallèlement à leur définition, il faudra travailler sur des indicateurs de mesure des résultats. Car si l’atteinte des objectifs ne peut être mesurée, il sera impossible d’évaluer l’apprentissage et l’impact de l’activité de formation.
En général, les planificateurs des programmes se préoccupent tout particulièrement de l’évaluation de l’impact général du programme. Pour leur part, les participants ont des besoins différents : ils veulent s’assurer qu’ils pourront se fier à ce qu’ils ont appris et s’en servir au quotidien, ou que cela permettra de suivre d’autres activités de formation.
Par conséquent, l’établissement d’objectifs est une première étape essentielle pour l’élaboration d’un programme de formation. Il est probable que cette étape sera la plus exigeante, et si elle est se fait en équipe, elle pourrait aussi être source de frustrations. Mais si on fait bien le travail, cela permettra de mettre le programme de formation sur des rails solides. Si le travail est mal fait ou si on l’ignore dans l’espoir que l’évolution du processus permettra de faire la lumière sur les résultats à atteindre, cela ne fera que créer de la confusion et on aura fait perdre beaucoup de temps au programme.
Note :
[1] Puisqu’il faut expliquer la manière dont les objectifs sont classés – chaque ensemble menant à un autre et chacun nécessitant une définition particulière – les formateurs et les planificateurs, à différents moments et à différents endroits, ont mis au point leur propres définitions des mots qu’offrent la langue anglaise. Au fil du temps, on a élaboré des éléments communs au chapitre de l’approche à privilégier, mais des différences persistent. Il importe que les planificateurs prennent conscience qu’ils établissent ces classements pour leurs besoins propres. Dans les pays où le français n’est pas la langue maternelle, la formation des formateurs pourrait souffrir de la confusion, voire même de conflits, entourant l’utilisation de mots comme objet, but, objectif ou résultat. Qu’un mot ou un autre ait une portée plus grande ou plus étroite découle strictement des choix ou des habitudes d’une collectivité.