La participation des médias et autres parties prenantes à la planification de la stratégie médiatique contribue grandement à l’amélioration de son efficacité. Les médias peuvent effectivement être consultés dans le cadre des activités habituelles du service des relations avec les médias (comme les conférences de presse ou les réunions en tête-à-tête), mais il convient également de ne pas écarter d’autres parties prenantes auxquelles on ne pense pas immédiatement et dont la contribution peut être utile :
- Les partis politiques et les candidats ;
- Les organisations non gouvernementales, notamment celles qui œuvrent à la défense de la liberté des médias ou à la surveillance de l’activité des médias ou celles qui seront directement impliquées dans les processus administratifs électoraux ou de soutien électoral ;
- Les donateurs ;
- Les représentants des électeurs eux-mêmes, tels que les associations.
Dans le cadre des relations de l’OGE avec les médias, il peut être utile de mettre en place un processus de consultation avant l’élaboration de la stratégie médiatique. Cependant, pour garantir leur pleine efficacité, l’OGE peut envisager de poursuivre ces consultations tout au long du processus du cycle électoral.
Les consultations peuvent être utiles à plusieurs égards, qu’elles se déroulent avant ou pendant la phase opérationnelle :
- Élaborer des réglementations relatives aux médias.
Les consultations offrent aux OGE l’opportunité de s’asseoir à la même table avec les médias et les parties prenantes pour élaborer des codes de conduite et des réglementations relatifs aux médias. Ces cadres législatifs ne pourront être efficaces qu’à condition où les parties concernées, notamment les médias et les partis politiques dans ce cas, participent au processus de planification.
Il est important à la fois pour les médias et pour l’OGE de comprendre quelles sont les différentes priorités et échéances de chacune des parties.
- Instaurer des relations d’ouverture et de confiance.
On ne saurait trop insister sur l’importance du temps consacré tout particulièrement à l’instauration de relations ouvertes et sincères entre l’OGE et les médias (et les parties prenantes) avant la phase opérationnelle. Les consultations peuvent contribuer à dissiper la méfiance et à instaurer ces relations, qui en retour peuvent être cruciales pour résoudre les problèmes et ouvrir la voie à des relations sereines lorsque la couverture médiatique des élections bat son plein et le calendrier électoral devient chargé.
- Connaître les personnalités et les profils médiatiques.
Cette étape constitue une excellente opportunité de connaître ses interlocuteurs, les organes d’information qui montrent la volonté de participer à la couverture médiatique des élections et les personnalités médiatiques, et pour en savoir plus sur les relations entre les organes d’information.
- Appréhender les situations de façon plus avisée.
Les médias peuvent fournir des conseils précieux aux OGE à propos des techniques les plus adaptées selon les circonstances et les organes d’information concernés, notamment en ce qui concerne les usages linguistiques, le profil du public ainsi que le format (par exemple s’il faut privilégier l’organisation de conférences de presse ou la diffusion de messages préenregistrés, etc.).
- Évaluer le niveau de connaissances électorales des médias.
Grâce aux consultations, l’OGE bénéficiera d’une vue d’ensemble du niveau de connaissances électorales de base des médias et des parties prenantes (c’est-à-dire de leur niveau de compréhension des processus et des règles). Ces données peuvent avoir une incidence sur le plan de formation en matière de couverture électorale de l’OGE ou sur d’autres domaines similaires.
- Connaître les protagonistes et leurs responsabilités.
Les consultations permettront aux participants de comprendre qui sont les différents protagonistes et quelles sont leurs responsabilités respectives, telles que les personnes chargées de la formation en matière de couverture électorale, de la formation en matière de journalisme d’investigation, de la programmation exceptionnelle des médias, etc.
- Créer un plan de monitorage des médias.
Les consultations offrent une bonne occasion de créer un plan de monitorage des médias et débattre de l’accès aux médias des candidats ou des partis politiques, si cette mission relève du mandat du service des relations avec les médias.
Le nombre de consultations et leur fréquence dépendront des circonstances. Il sera peut-être préférable de mettre en œuvre une série de consultations ouvertes à tous ou de regrouper les médias et les parties prenantes par catégories et d’organiser des réunions distinctes si l’organisation en est ainsi simplifiée et si ce mode de fonctionnement s’avère plus adapté à la situation. De la même façon, il peut être préférable de planifier le calendrier de cette série de consultations tout au long du processus électoral (par exemple à un rythme mensuel) ou de les organiser de manière ponctuelle en fonction de l’évolution des événements. Toutefois, la planification des consultations sera sous doute un gage de plus grande participation puisque les médias et les parties prenantes y seront mieux préparés. Prenons les deux exemples suivants pour illustrer les modalités pratiques éventuelles d’organisation de consultations avec les parties prenantes. Le premier exemple met en évidence les avantages liés à l’adoption d’une démarche active de la part de l’OGE et le second exemple souligne les écueils liés à l’absence de consultation et de coordination de l’OGE.
Exemple de processus de consultation : avant les élections législatives tanzaniennes en 2000, le Conseil des médias[i] a organisé une rencontre avec des médias, des journalistes, des organisations non gouvernementales qui défendent la liberté des médias et la Commission électorale nationale. Cette rencontre a donné lieu à l’élaboration d’un code de conduite relatif à la couverture médiatique des élections. Le Conseil des médias et les autres ONG ont ensuite mis au point un projet de monitorage des médias ayant pour but d’examiner dans quelle mesure les médias respectaient ce code de conduite. Des comptes-rendus ont été régulièrement communiqués pendant la campagne et un rapport final a été publié après les élections.
Ce rapport final n’a été publié qu’à la suite d’une consultation supplémentaire réunissant les mêmes parties prenantes ainsi que les candidats et les partis politiques. Celles-ci ont amplement débattu des conclusions issues de ce projet, ont évalué le code de conduite et ont tiré des enseignements pour les prochaines élections[ii].
[i] D’après les informations recueillies sur son site Internet, le Conseil des médias de Tanzanie « est un organisme non officiel indépendant à caractère bénévole dont le mandat consiste à apporter un soutien en faveur de la liberté des médias et à la garantir au sein de la République-Unie de Tanzanie » (voir : http://mct.or.tz/mediacouncil/).
[ii] Site web du Conseil des médias de Tanzanie, dernière visite le 29 août 2012, http://mct.or.tz/mediacouncil/