Il existe une grande variété de radiodiffuseurs privés, allant des grandes multinationales dirigées par certains des hommes d’affaires les plus riches et les plus puissants du monde jusqu’aux petites stations de radio locales. Cette catégorisation est artificielle, car ce qui sépare les éléments est aussi grand que ce qui les unit.
Ce que ces médias ont en commun, c’est qu’ils appartiennent à des intérêts privés – souvent une compagnie à but lucratif, mais parfois aussi une fiducie à but lucratif. Dans la plupart des cas, la radiodiffusion est soumise aux termes d’une licence périodique délivrée par une autorité publique. Les prescriptions ou restrictions de la licence varient selon les cas. Ainsi, une licence de radiodiffusion peut expressément interdire la diffusion de nouvelles. C’est le cas de la licence octroyée à la multinationale sud-africaine M-Net, par exemple. M-Net se contente de fournir des canaux de pur divertissement, sans faire écho aux débats et à l’agitation des élections[1].
Souvent, une licence de radiodiffusion spécifie les modalités selon lesquelles les nouvelles ou les émissions relatives à l’actualité peuvent être diffusées. Parfois ces modalités comprennent des indications sur le type de couverture électorale à fournir. La licence peut également comprendre un volet explicite de service public qui, par exemple, peut obliger le radiodiffuseur à présenter des émissions d’éducation publique.
La question de savoir dans quelle mesure les stations de radiodiffusion privée sont une source d’information importante pour l’électeur ne saurait trouver une réponse si on ne l’envisage pas parallèlement au rôle du radiodiffuseur public. Aux États-Unis, la radiodiffusion publique joue un rôle minimal, de sorte que les électeurs obtiennent la majeure partie de leurs informations des radiodiffuseurs privés. Paradoxalement, dans un pays comme la Tanzanie où la télévision n’a été introduite que tout récemment, la télévision commerciale privée a beaucoup plus de poids que le radiodiffuseur public. (Par contre, le radiodiffuseur public domine encore dans la majeure partie des pays africains – et même à Zanzibar, la seule partie de la Tanzanie où la télévision existe depuis longtemps[2].)
La télévision privée est le secteur médiatique qui connaît la plus forte croissance dans plusieurs régions du monde – pas seulement en Europe de l’Ouest, où elle est apparue de façon relativement tardive, mais aussi en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Europe de l’Est. Dans bien des cas, les propriétaires de stations privées affichent ouvertement des ambitions politiques et électorales. L’exemple le plus évident est celui de l’Italien Silvio Berlusconi, propriétaire de stations de radio et de télévision qui l’ont aidé à réaliser son projet de devenir premier ministre de son pays. Des situations semblables existent en Amérique latine, de même qu’en Europe centrale et en Europe de l’Est.
[1] Richard Carver, « South Africa », dans Richard Carver et Ann Naughton (dir.), Who Rules the Airwaves? Broadcasting in Africa, ARTICLE 19 et index sur la censure, Londres 1995, p. 91.
[2] Richard Carver, « Trends and Themes in African Broadcasting », dans Richard Carver et Ann Naughton (dir.) Who Rules the Airwaves? Broadcasting in Africa, ARTICLE 19 et index sur la censure, Londres 1995, p. 5.