Les nouveaux médias et les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important en tant qu’outils de campagne, d’éducation des électeurs, de débat politique, de sondage d’opinion et de vérification des élections. En d’autres termes, il s’agit de l’ensemble des rôles traditionnels des médias, mais leur utilisation est plus décentralisée, plus interactive et davantage axée sur les utilisateurs. Vous trouverez une description des rôles des nouveaux médias dans la section Nouveaux médias.
Il convient de se demander si les nouveaux médias devraient être intégrés aux opérations de monitorage des médias pendant les élections. Compte tenu de leur importance et du leur impact croissant vis-à-vis des processus électoraux dans de nombreux contextes, il serait logique d’en assurer l’observation. Cependant, les outils adéquats n’en sont qu’à leurs balbutiements et les défis relatifs à l’observation des réseaux sociaux sont à la fois liés au volume de données et aux aspects logistiques. La perspective d’un monitorage des nouveaux médias soulève plusieurs questions majeures. Compte tenu de la convergence des nouveaux médias et des médias traditionnels plus officiels, à quel moment commence la réglementation liée aux élections (certains systèmes de réglementation y ont actuellement répondu, ce qui facilite la mission de monitorage) ? Comment peut-on déterminer si un nouveau média est suffisamment important pour qu’on estime qu’il est nécessaire de l’observer, et à quel moment cela devient-il nécessaire ? Faut-il observer à la fois les nouveaux médias officiels (tels que les versions en ligne des journaux) et les nouveaux médias non officiels (tels que les blogs personnels), même si ceux-ci ne sont pas régis par les lois liées aux élections ? Il est également nécessaire de traiter les questions logistiques, à savoir : quels réseaux sociaux devrait-on observer ? Ces opérations de monitorage seront-elles rentables ?
Quelques missions internationales récentes d’observation des élections ont reconnu les rôles joués par les nouveaux médias et ont fourni des observations à leur sujet. Toutefois, elles ne les ont pas inclus dans le cadre du monitorage officiel des médias. Par exemple, la mission du SEAE au Nigeria en 2011 a reconnu que
[l]es éditions en ligne des sept plus grands quotidiens, ainsi que les articles en ligne des journalistes citoyens, sont devenus des sources d’information précieuses pendant les élections. Différents types de réseaux sociaux (comme Twitter et Facebook) ont été largement utilisés à la fois par les électeurs et les responsables politiques puisque plus de 40 millions de Nigérians ont accès à Internet [i].
Selon la mission de l’OSCE et du BIDDH en Russie en 2012 :
[l]e taux de pénétration d’Internet ne cesse de croître et ce média devient de plus en plus une source d’informations non traditionnelles (ce taux est de 50 % parmi les adultes russes). Les réseaux sociaux deviennent notamment des forums politiques et leurs utilisateurs s’en servent comme nouveaux outils de mobilisation et d’organisation [ii].
Cependant, ces deux missions ont uniquement mené un monitorage officiel des médias traditionnels.
Il existe désormais de nombreux outils de monitorage des réseaux sociaux qui extraient les mots clés des blogs et des réseaux sociaux. Ils sont principalement utilisés par le secteur privé qui souhaite connaître le « buzz » relatif aux marques. À l’heure actuelle, les outils de monitorage des réseaux sociaux sont majoritairement utilisés dans le cadre des élections pour effectuer un suivi des intentions de vote des électeurs et des questions relatives à la campagne électorale, comme cela a été le cas à l’approche des élections présidentielles aux États-Unis en 2012[iii]. Les réseaux sociaux sont également surveillés par les organisations qui s’intéressent à la prévention de la violence électorale en temps réel en effectuant un suivi de mots clés apparaissant dans les réseaux sociaux, par exemple au Nigeria en 2011[iv]. Pendant les périodes électorales, les observateurs des médias peuvent utiliser ces outils pour déterminer, par exemple, si les règles relatives à la campagne et à l’accès direct sont respectées, si les campagnes politiques et d’éducation des électeurs sur les réseaux sociaux touchent un large public, si la liberté d’expression est de manière générale en pleine expansion ou s’il existe une censure ou une autocensure sur les réseaux sociaux.
[i] « Nigeria: Final Report, General Elections April 2011 », rapport d’observation de la mission d’observation électorale de l’Union européenne, 2011, p. 30 http://eeas.europa.eu/eueom/pdf/missions/final-report-nigeria2011_en.pdf
[ii] « Russian Federation Presidential Election, 4 March 2012 », rapport final de la mission d’observation électorale, OSCE/BIDDH, 2012, p. 12
[iii] On peut citer à titre d’exemple l’outil de suivi Meltwater Buzz. Voir : http://election2012.meltwater.com/index.php/wordcloud/index/all/2012-05-11#
[iv] Michael Terrazas, « Crowdsourcing Democracy through Social Media », Georgia Tech College of Computing (blog), 11 octobre 2011, http://www.scs.gatech.edu/news/crowdsourcing-democracy-through-social-media