Contrairement aux médias publics, les médias privés sont incontestablement à but lucratif. Les médias privés subsistent grâce aux recettes commerciales. Les sociétés de médias sont simplement des médias privés sous le contrôle d’une société, plutôt que de particuliers. Par exemple, alors qu’environ 50 sociétés différentes avaient le contrôle de la grande majorité des médias privés aux États-Unis dans les années 1980, elles s’étaient regroupées en six conglomérats en 2012. Time Warner, Walt Disney, NBC Universal, CBS Corporation, Viacom et News Corp. de Rupert Murdoch. Une autre société, Clear Channel, possédait plus de 1 000 stations de radio.
Les médias privés et les sociétés de médias couvrent l’éventail complet des types de médias :
Les radiodiffuseurs privés sont aussi bien de grandes multinationales dirigées par certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes politiquement au monde que de petites stations FM locales. Dans la plupart des cas, la radiodiffusion sera possible en vertu d’une licence renouvelable accordée par une autorité publique. En outre, les termes de cette licence sont plus ou moins normatifs ou contraignants et fixent généralement certaines conditions de diffusion des actualités et affaires courantes. Ils comportent parfois les directives sur le type de couverture électorale pouvant être réalisée. Ils peuvent également inclure une composante explicite de service public, en obligeant par exemple le titulaire de la licence à proposer des programmes d’éducation des électeurs.
La presse écrite privée est également extrêmement diverse, allant des quotidiens, journaux hebdomadaires et magazines aux revues spécialisées, dépendant des recettes de la publicité des ventes. Même lorsque l’État conserve une participation importante dans la radiodiffusion, la presse écrite reste le plus souvent privée. Même dans des contextes autoritaires, certains journaux peuvent mener des enquêtes sérieuses et faire des observations relativement pointues sur l’évolution de la situation politique.
Mais souvent, les journaux privés ont leurs propres agendas politiques, qui ne sont pas nécessairement démocratiques. Un exemple tristement célèbre illustre ce point : le journal chilien El Mercurio, avec l’aide de la CIA, a fait campagne contre le gouvernement élu en 1973 et en faveur d’un coup d’État militaire. Dans ce cas, il est évident que la presse a lamentablement échoué à promouvoir le pluralisme politique.
Même dans les démocraties parvenues à maturité, les journaux sont sans doute plus susceptibles de soutenir explicitement un candidat ou un parti politique que des stations de radio, même si la culture politique varie d’un pays à l’autre. Dans de nombreux pays, il est inconcevable que la presse adhère explicitement à une position politique, alors que cela est jugé normal dans d’autres. L’éthique journalistique continuera d’exiger que les informations d’actualité soient rigoureusement séparées des commentaires éditoriaux. Le choix d’un agenda politique aura néanmoins presque inévitablement des répercussions sur la sélection des actualités couvertes. Cependant, l’argument habituellement avancé est que l’existence d’une variété de journaux reflétant différents points de vue permettra d’assurer une meilleure information du public et le libre jeu des idées politiques.
La convergence des médias signifie que les concepts de la séparation de la presse écrite, de la radiodiffusion et des médias en ligne commencent à devenir obsolètes. De nombreux médias qui appartenaient traditionnellement à un type particulier de média utilisent désormais une très large gamme de supports.
Les sociétés de médias sont une affaire de gros sous. Les 50 dernières années ont été marquées par l’expansion de grands groupes de médias possédant un large éventail de moyens de communication, ainsi que d’autres intérêts commerciaux (et de groupes hors médias réalisant des acquisitions dans l’industrie des médias). Ces changements ont abouti à un paysage médiatique maintenant très éloigné de l’idéal de neutralité du « quatrième pouvoir », incarné par une presse indépendante et détachée du processus politique. Les propriétaires de médias ont des intérêts partisans dans le processus politique, comme tout autre chef d’entreprise. D’une certaine manière, la frontière entre médias privés, ou médias (prétendument) indépendants, et médias appartenant à l’État est floue.
Les médias privés jouent toutefois un rôle crucial dans l’ensemble des aspects de la contribution des médias au processus démocratique, y compris les élections. Les médias privés ne sont pas tous la propriété de grands groupes, en particulier dans le monde en développement. Et ceux qui le sont font également preuve d’indépendance et d’objectivité, au moins de temps en temps.