Le Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression de l’ONU a déclaré clairement que les médias ne devraient pas être tenus légalement responsables de déclarations illicites auxquelles ils font écho au cours des campagnes électorales. Cette position n’est pas partagée, d’autres organismes internationaux tels que l’Autorité de transition au Cambodge de l’ONU ayant exprimé l’avis contraire. Le point de vue selon lequel les médias ne doivent pas être tenus légalement responsables des propos de politiciens qu’ils publient vient appuyer la tendance établie par la Cour constitutionnelle de l’Espagne, entre autres, selon laquelle le public a le droit d’être saisi des déclarations des politiciens, même si ces propos ne sont pas légitimes et s’ils peuvent inciter à la violence. Il ne faut pas confondre un tel point de vue avec une situation où les médias eux-mêmes inciteraient volontairement à la violence.
Cette exonération des médias a des retombées sur les émissions d’information ainsi que sur les émissions d’accès direct. Elle signifie, par exemple, qu’un journal ou un radiodiffuseur ne peut pas refuser une annonce publicitaire ou un message en accès direct d’un parti politique pour la seule raison que cela risque d’exposer le média à des poursuites. La Cour constitutionnelle de l’Allemagne, par exemple, a décidé qu’une telle décision relevait de la cour et non des médias. Toutefois, il semble raisonnable de laisser cette décision aux médias seulement s’ils sont clairement exonérés de toute responsabilité. Par ailleurs, si un organisme médiatique peut être tenu responsable du contenu d’une publicité politique, il doit avoir le droit de le refuser. Cette dernière approche n’étant toutefois pas satisfaisante parce que clairement sujette à l’abus, la décision du Rapporteur spécial de l’ONU est manifestement la plus juste.