Dans de nombreuses régions du monde, les médias communautaires connaissent une croissance rapide. L’expression « médias communautaires » fait généralement référence, au minimum, aux caractéristiques suivantes :
1. Propriété et contrôle communautaires
2. Service communautaire
3. Participation des communautés
4. Un modèle d’entreprise à but non lucratif[i]
Les médias communautaires peuvent appartenir à la presse écrite, à la radiodiffusion ou aux médias en ligne et ils peuvent être diffusés dans des langues locales. Les journaux communautaires sont présents depuis longtemps dans certains contextes, avec des tirages réduits et des rédacteurs et directeurs bénévoles, permettant ainsi une publication à un prix abordable. Stimulées par la libéralisation des régimes d’octroi de licences et le coût de plus en plus abordable de la technologie, les stations de radio communautaires se multiplient et constituent désormais un modèle pour la promotion du développement au niveau local et de l’éducation civique. Le nombre des télévisions communautaires augmente également. Dans certains pays, les radiodiffuseurs publics nationaux joueront également un rôle communautaire en diffusant des sujets produits par (ou pour) des communautés locales particulières ou des communautés d’intérêts.
Lorsqu’il est question de médias communautaires, on s’interroge souvent sur la définition de « communauté ». Mais qu’est-ce exactement qu’une communauté ? Traditionnellement, ce terme désignait une communauté géographique. Mais en Afrique du Sud par exemple, pays qui possède un des plus grands réseaux de radios communautaires au monde, le terme est également utilisé pour désigner une communauté d’intérêts, spécialement dans les secteurs les plus défavorisés de la société. Ainsi, on peut parler d’une « communauté de femmes », d’une « communauté gay » ou d’une « communauté de personnes handicapées ». Il peut également exister des médias communautaires visant les personnes d’une certaine croyance religieuse.[ii] Dans les îles Salomon, Vois Blong Mere (« Women’s Voices ») est une radio communautaire à but non lucratif qui, depuis dix ans, met l’accent sur la voix des femmes dans tous les aspects de la vie. Les communautés virtuelles remettent également en cause la définition de « communauté ». Elles sont basées sur les médias sociaux et transcendent les frontières géographiques, et pourtant elles sont une sorte de communauté. Étant donné qu’elles respectent souvent les quatre grands principes des médias communautaires mentionnés ci-dessus, certains usages des médias sociaux peuvent également être considérés comme relevant d’un média communautaire.
Leur importance pour les élections est par conséquent évidente. Ils ont, presque par définition, un public restreint mais très loyal. Pour ce qui est de l’éducation des électeurs, les médias communautaires sont d’une grande importance parce qu’ils peuvent atteindre des segments de la population souvent délaissés par les médias plus traditionnels.
Les termes des licences octroyées aux médias communautaires interdisent souvent toute activité explicite de campagne politique. Il est donc particulièrement important qu’une autorité réglementaire vérifie la conformité aux termes d’une licence en périodes électorales.
[i] Jean Fairbain, « Community Media Sustainability Guide: the Business of Changing Lives », (Arcata California : Internews, 2009), p. 7 http://www.internews.org/sites/default/files/resources/InternewsCommunityMediaGuide2009.pdf
[ii] Richard Carver and Ann Naughton (dir.), Who Rules the Airwaves? Broadcasting in Africa, (Londres : ARTICLE 19 and Index on Censorship 1995), p. 93. Voir aussi http://www.amarc.org (Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires).