Dans les lieux où elle est à la fois accessible et abordable, la télévision demeure le média le plus populaire. En 2009, selon l’Union internationale des télécommunications, le nombre de foyers possédant un téléviseur était très différent selon les régions. En Europe, sur le continent américain et dans la Communauté des États indépendants, 95 % des foyers ou plus en possédaient un. Les pourcentages étaient plus faibles au sein des États arabes et dans l’Asie et le Pacifique, avec 82 % et 75 % respectivement. Les estimations pour l’Afrique étaient bien inférieures à celles des autres régions, avec seulement 28 %[i].
Catégoriser la propriété d’un téléviseur par région peut toutefois porter à confusion, car les statistiques pour les pays au sein des régions peuvent considérablement varier. Une comparaison entre 2007 et 2008 des chiffres concernant la possession d’un poste de radio ou de télévision montre clairement qu’un nombre bien plus important de foyers possèdent un poste de radio dans la majorité des 50 « pays les moins développés » dans le monde. Pourtant, la plupart de ces pays font partie des régions générales énumérées ci-dessus qui affichent un nombre (consolidé) de propriétaires de téléviseurs élevé dans l’ensemble. Cette tendance ne s’est pas manifestée dans certains pays : au Bangladesh, au Cambodge, à Djibouti, au Laos et au Myanmar, le nombre de propriétaires de téléviseurs était presque équivalent à celui des propriétaires de postes de radio, voire supérieur. En outre, les statistiques de chaque pays montrent qu’une part importante de la population de ces pays ne possède ni un poste de radio, ni un téléviseur ; dans de nombreux cas, le nombre de propriétaires de téléviseurs était bien en dessous de 30 %[ii].
Néanmoins, la télévision demeure l’un des médias les plus dynamiques et en constante expansion. En plus des programmes de télévision hertzienne (par le biais de tours de transmission), les téléspectateurs disposent aujourd’hui de la programmation par satellite. La transmission par satellite a donné un caractère « mondial » à la télévision, car les satellites couvrent de vastes régions du monde. Cela a eu un impact majeur sur la manière dont les nouvelles internationales et les émissions générales sont considérées et consommées, et a également joué un rôle central pour faciliter l’accès à l’information dans des pays par ailleurs relativement fermés et dans lesquels la liberté des médias est limitée. En Égypte par exemple, le taux de pénétration de la télévision par satellite était de 43 % en 2009 (à titre de comparaison, la pénétration du haut débit était de 7,4 %)[iii], permettant ainsi aux résidants d’accéder à des médias privés ainsi qu’à des médias indépendants qui n’étaient pas contrôlés indirectement par l’autocensure et la peur. De même, 74 % de la population syrienne avait accès à la télévision par satellite en 2009 (contre 0,5 % seulement à l’Internet haut débit)[iv].
La télévision hertzienne est également diversifiée. La télévision analogique, transmise par des ondes électromagnétiques, cède progressivement sa place à la télévision numérique terrestre, un processus qui a commencé dans les années 1990. La programmation numérique permet de compresser le code transmis, ce qui permet la diffusion d’une plus grande quantité de chaînes dans une seule bande passante. Ce changement a été réalisé non seulement pour proposer aux téléspectateurs un nombre bien plus important de programmes, mais il a également permis de diversifier l’accès aux programmes télévisés : sur un ordinateur via Internet, sur un téléphone mobile ou à la maison sur une télévision ordinaire.
En raison des coûts extrêmement élevés qu’implique cette programmation, les pays ont organisé un passage progressif à la radiodiffusion numérique. Les Pays-Bas ont été l’un des premiers pays à abandonner entièrement à la radiodiffusion analogique, suivis peu après par la Finlande, l’Andorre, la Suède et la Suisse. Les États-Unis ont opéré un passage complet en 2009, après un processus de presque 10 ans. Lors de la conférence de l’Union internationale des télécommunications en 2006, les nations d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient ont accepté de passer progressivement à la radiodiffusion numérique. Une déclaration publiée à l’issue de la conférence soulignait ce qui suit :
... La généralisation de la radiodiffusion numérique en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en République islamique d’Iran d’ici à 2015 sera un progrès majeur dans l’édification d’une société de l’information plus équitable, plus juste et à dimension humaine. Le passage au numérique permettra de brûler les étapes technologiques pour connecter ceux qui ne le sont pas encore dans les communautés mal desservies ou isolées, et pour réduire la fracture numérique[v].
À la mi-2012, environ vingt-cinq pays européens, dont l’Estonie, la France, Malte, la Slovénie et l’Espagne, étaient passés au numérique. Certains pays européens, tels que la Grèce et l’Irlande, n’avaient pas encore effectué ce changement[vi]. Ces pages Wikipedia montrent la progression continue du passage au numérique à travers le monde : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Worldmap_digital_television_transition.svg[vii] et http://fr.wikipedia.org/wiki/Transition_vers_la_t%C3%A9l%C3%A9vision_num%C3%A9rique.
[i] « Cible 8: Donner à toute la population mondiale accès aux services de télévision et de radiodiffusion », tiré de Suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre de cibles du SMSI, Examen à mi-parcours, (Suisse : Union internationale des télécommunications, 2010), p. 159, http://www.itu.int/ITU-D/ict/publications/wtdr_10/material/WTDR2010_Target8_e.pdf
[ii] Tel que cité dans Ibid, p. 166
[iii] Jeffrey Ghannam, Social Media in the Arab World: Leading up to the Uprisings of 2011, A Report to the Center for International Media Assistance, (Washington DC : National Endowment for Democracy, 2011), p. 26
[iv] Ibid, p. 31
[v] « Cible 8: Donner à toute la population mondiale accès aux services de télévision et de radiodiffusion », tiré de Suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre de cibles du SMSI, Examen à mi-parcours, (Suisse : Union internationale des télécommunications, 2010), p. 160, http://www.itu.int/ITU-D/ict/publications/wtdr_10/material/WTDR2010_Target8_e.pdf
[vi] Petros Iosifidis, « Mapping Digital Media: Digital Television, the Public Interest, and European Regulation », Reference Series 17 (Londres : Open Society Media Program, 2012), p. 12 et 13
[vii] Les vignettes dans la moitié inférieure de la page Internet montrent la progression des cartes du monde en fonction des dernières données sur le passage au numérique.