Il est évident que la technologie avancée peut s'avérer très utile à l'administration d'un système électoral complexe qui comporte une grande quantité de sujets et requiert la collecte et la saisie d'un volume énorme de données en peu de temps. Elle soulève cependant deux problèmes : l'évaluation de l'efficacité d'un organisme électoral et la sécurité au sens large.
Il n'est évidemment pas judicieux d'introduire des éléments de technologie qui pourraient nuire aux opérations électorales soit à cause d'un manque de connaissances des utilisateurs parce que les autres ressources administratives ou matérielles du pays sont insuffisantes. Comme illustration des problèmes qui peuvent survenir, citons les dernières élections présidentielles de la Guinée, pour lesquelles on a eu recours à une technologie trop poussée et trop dispendieuse (voir Échec de la haute techonologie en Guinée).
Il faut surtout évaluer la rentabilité des moyens technologiques envisagés et éviter de développer des procédures qui pourraient s'avérer onéreuses tout en offrant des résultats qui pourraient être obtenus par des moyens plus modestes. On devrait plutôt adopter l'approche inverse visant avant tout à réaliser ses objectifs au coût le moins élevé possible. Il ne s'avère pas rentable de mettre sur pied un réseau de télécommunications avancé pour la transmission des résultats du vote quand elle peut être effectuée en utilisant des téléphones.
Une expérience comme celle du Costa Rica où le réseau des machines pour transactions bancaires a été utilisé peut s'avérer intéressante, mais il ne serait pas judicieux de mettre un tel réseau sur pied uniquement pour le processus électoral. Bref, chaque pays doit disposer d'un processus électoral et d'un soutien matériel à la mesure de ses conditions sociales et économiques. Des élections libres et équitables ne sous-entendent pas qu'elles doivent être coûteuses à administrer au point où un pays en développement ne puisse se le permettre sans aide extérieure.
Quant à la deuxième question, celle de la sécurité, il ne faut pas substituer, pour la transmission des résultats du vote, un système n'offrant pas de garantie suffisante de sécurité aux systèmes de communications écrites.
D'autre part, il faut se rappeler que la technologie ne peut pas toujours remplacer des procédures établies et traditionnelles sans occasionner des problèmes plus sérieux. Par exemple, bien qu'il soit nécessaire de maintenir un système de documentation officielle comme source de déclaration des candidats élus, la transmission écrite des résultats n'est pas suffisante en soi. Elle risquerait de soulever des doutes quant à la transparence des résultats durant les jours ou les semaines où la population reste dans l'attente de ces résultats. Des moyens technologiques aussi modestes que le téléphone permettent de transmettre des résultats préliminaires et d'établir des prévisions fiables.