L'aide internationale durant le processus électoral de 1993 au Mozambique a été remarquable, surtout à cause de l'effort fourni financièrement et techniquement ainsi qu'en termes de médiation et d'appui moral durant tout le processus. Après une guerre civile de 17 ans entre le gouvernement et Renamo, la rédaction d'une loi électorale et la tenue d'élections libres et équitables ont créé le climat institutionnel et technique favorable aux ententes de paix. Cependant, le processus électoral ne devait pas seulement fournir des résultats électoraux qui seraient reconnus comme légitimes, mais aussi produire un système électoral qui puisse perdurer. Tout ce processus aurait été impossible sans la contribution particulièrement efficace de la communauté internationale et des Nations Unies, particulièrement la mission de paix ONUMOZ.
Le point de départ était particulièrement complexe : des lacunes logistiques, une méfiance marquée entre ceux qui jusqu'alors avaient été les prétendants et une administration extrêmement faible. Non seulement les déficiences administratives étaient-elles énormes, mais on manquait de renseignements sur la situation dans plusieurs parties du pays. Le processus électoral devint donc un effort continu pour développer le système électoral et la planification, confiés à un organisme électoral indépendant doué de pouvoirs exécutifs et appuyé d'aide internationale sur le plan technique et financier. Par conséquent, en plus d'avoir à faire face à des problèmes matériaux, techniques et politiques, ils devaient aussi surmonter la méfiance réciproque entre les groupes d'anciens opposants signataires de l'entente de paix ainsi qu'entre eux et les autres organisations du pays, en s'accrochant à des critères aussi pragmatiques que possible.
Parmi les difficultés à surmonter, il faut compter la sécurité des groupes et des individus tout au cours du processus. Ajoutées à ceci, il y avait toutes les autres composantes des ententes; la démobilisation des troupes, l'instauration d'une seule armée nationale, le retrait des mines, le retour des réfugiés et l'intégration à l'administration des territoires précédemment sous le contrôle de Renamo.
L'élaboration du processus de paix exigeait aussi un énorme effort organisationnel, matériel et financier de la part de la communauté internationale. Cependant, plusieurs des solutions organisationnelles et techniques (de la phase préparatoire à la création du registre et au vote) étaient tempérées par l'inquiétude constante en termes de crédibilité et de consensus, ce qui créa plusieurs problèmes pour ce qui est des échéanciers et des limites budgétaires. D'abord prévues pour octobre 1993, les élections ont finalement été tenues un an plus tard, entre le 27 et le 29 octobre 1994, à cause d'un délai dans la rédaction de la loi électorale, la création de l'organisme électoral et les travaux préparatoires à l'élection. C'était inévitable dans les circonstances.
Durant tout ce temps, on ne lésina pas d'efforts pour protéger la règle du consensus dans les travaux de l'organisme électoral national et la création des organisations électorales; dans les mesures de sécurité pour l'inscription et le vote; dans le transport, l'entreposage et la distribution des documents électoraux, allant jusqu'à utiliser des hélicoptères pour atteindre les régions difficiles d'accès. Ce travail a beaucoup souffert de la rigidité de la loi électorale qui régissait tous les détails sans laisser la moindre flexibilité.
Malgré tous ces efforts organisationnels, techniques et financiers, il y a quand même eu des accusations de fraudes, habituellement sans fondement, de la part de Renamo et d'autres partis. Mais il fallait créer les conditions matérielles pour le processus électoral, puis assurer sa stabilité et l'acceptation des résultats par la majorité de la population et par la communauté internationale. Malheureusement, l'organisme électoral qui a été établi était d'une faiblesse remarquable. Son processus de prise de décisions était lent et très compliqué; son efficacité limitée tant dans ses composantes opérationnelles que dans sa hiérarchie. De plus, ses coûts exorbitants l'ont rendu dépendant de dons pour survivre.
Tous ces problèmes, cependant, pâlissent devant les résultats positifs du processus. Leur solution suivra dans une phase subséquente, quand on aura en place un système électoral solide.
Source : Rapport de ONUMOZ sur le processus électoral de 1993/1994.